Diego Armando Maradona, El Pibe de Oro [1960/2020]

A une époque ou on ne voyait pas dix matchs par jour en payant, on regardait chaque match de Maradona en attendant le geste magique ou le but venu d’ailleurs

Bel hommage de Boca hier soir ( seule la loge de Maradona brille dans la bombonera).

Fichiers joints

Quelques Unes dans le monde

Fichiers joints

https://twitter.com/i/broadcasts/1ynJOBgwWknGR

Fidel. Je l'ai vécu hein... Mais Maradona c'était les années 70/80. Je n'avais pas 10 ans...
Et comme beaucoup, je n'y vois pas un dieu. Juste un top joueur comme beaucoup d'autres et avec on ne peut pas comparer car pas forcément au même poste, mais décennies, conditions de jeu etc.
Quant à l'homme et ses "excès" ça par contre aucune considération de ma part.
On perd une légende du foot, c'est vrai. Il est décédé à 60 ans (il a eu la chance de tenir autant). Maintenant des Pelés et autres sont tout aussi des légendes de ce sport.

La Une du Daily Star

"Où était la VAR quand on en avait le plus besoin ?"

Fidel Cienaga, merci

Quoi de mieux qu'une bonne spéléo pour ressusciter un message mythique de Fidel ? Je me souvenais du message, qui date d'il y a treize ans.

Fidel Cienaga, pourrais tu expliquer la différence de philosophie dans le jeu entre, par exemple, boca et river? ( mis à part que boca est plus populaire que river)

Car ma relation avec le football argentin est pour le moment, complexe, j'adore des joueurs comme Zanetti, Mascherano,Heinze,Aimar et par le passé, Redondo. Quand on retrouve parfois la grinta et une organisation tactique parfaite.
Mais je déteste Maradona, et apprécie très moderemment Messi.

J'ai besoin d'être éclairé la dessus.

On va commencer avec Maradona. Tu es un peu jeune pour détester Maradona, tu ne peux en détester que le souvenir, l'image, la légende. Le joueur Maradona, le regarder jouer en son temps, c'était laisser entrer la magie, la frivolité, la légèreté dans un stade ou sur un écran. Maradona a donné ce qu'il y a de plus beau dans le football, soit le jeu et rien qu'un jeu. C'est à dire une technicité surnaturelle et un amour tactique hors norme. Les grands entraineurs qui l'ont dirigé te disent que c'était le seul à parfaitement intégrer le déroulement tactique d'un match et à continuer de réfléchir sur un terrain.

C'est aussi le gamin qui menant 8-0 à la mi-temps (quadruplé de Diego) vise systématiquement les arbres au dessus des cages en 2e mi-temps pour décrocher un nid d'oiseau.

Maradona c'était la conscience absolue du génie footbalistique assumé : au gardien de Boca "tu es un con et un prétentieux, aujourd'hui je t'en mets 3, non et puis 4, je t'en mets 4" et à 19 ans il lui colle un quadruplé. Le but du milieu du terrain pour son premier match à Naples.

Et Maradona, pour finir, c'est le tragique argentin, le tragique du tiers monde, icône des quartiers pourris de Buenos Aires à Jakarta en passant par Naples. Quelqu'un qui n'a jamais eu peur de personne, surtout pas du public qu'il a laissé le dévorer nu. Il faut avoir vu la finale de coupe entre le Barç et Bilbao pour comprendre ça.

Avec une dimension bien trop grande pour un seul être humain sorti du ruisseau. Un désir bien trop intense qui l'a consumé. Pour reprendre un écrivain argentin, c'est finalement un mort vivant, un héros argentin ne peut qu'être mort et le problème de Maradona c'est qu'il est toujours vivant.

Alors je comprends que ses incohérences politiques t'agacent, mais dans un sport aseptisé ce fut un des rares joueurs debout.


Pour en revenir à River/Boca. L'histoire de River Plate est la suivante : River incarne dans son jeu et dans son histoire le mépris des élites argentines pour le peuple initiant dès les années 30 le pouvoir de l'argent dans le football achetant des joueurs en lingots d'or et s'installant dans le quartier bourgeois de Palermo. Alors oui sont sortis de River des Sivori, des di Stefano, des Ortega et Crespo (seuls joueurs véritablement formés par le club) mais sinon c'est un peu le Real Madrid argentin avec un jeu tourné vers l'attaque payé à prix d'or avec la spécificité de contester systématiquement les résultats et de truander quand la qualité de l'équipe ne suffit pas.

Boca, c'est une équipe de tacherons, longtemps équipe de prolos issus du quartier autour avant qu'elle ne devienne la puissance qu'on connait aujourd'hui. Boca c'est l'histoire de la rigueur défensive argentine, de la hargne (la grinta est un concept italien, en Argentine c'est la garra, la rage), du mimétisme parfait entre des joueurs et les tribunes. Cette équipe ne peut exister ni évoluer sans ses supporters (ils ont d'ailleurs inventé le concept de 12e homme, la doce). Boca c'est surtout l'obligation de dignité, de mourir sur le terrain en cas de défaite. Ce qui fait qu'une équipe souvent médiocre, composée historiquement pour moitié de bouchers est aujourd'hui recordman planétaire du nombre de titres internationaux gagnés. (ce qui fait que j'ai vraiment du mal à digérer l'attitude des joueurs de l'OM mardi soir, pour moi ce n'est pas possible de baisser culotte de cette façon).

Et puis il y a les deux autres écoles du foot argentin que sont Argentinos Junior et Independiente. Tout aussi importantes. Argentinos c'est surtout Maradona et Redondo, mais aussi Riquelme et Sorin. Independiente ce sont Bertoni, Burruchaga, Bochini, Walter Jiménez, Cambiasso, les Milito, Agüero. Ces deux clubs sont dépositaires du toque argentin, soit un apprentissage basé sur la technique balle au pied, la passe à une ou deux touches de balle et le mouvement du bloc. C'est à dire que c'est le ballon qui voyage et les joueurs qui font la différence par la qualité de leurs appels : toujours offrir au minimum 2 à 3 solutions au porteur. Independiente a ce petit truc en plus qu'ils ont basé cela sur les milieux, le rôle de l'ombre accordé à un 5 qui joue 10 devant sa défense (le doble cinco 2X5=10) et joue verticalement vers l'avant, capable de lire le jeu offensif de l'adversaire pour couper les trajectoires et ensuite projeter immédiatement le ballon vers l'avant. Avec un gout pour la solidarité, l'abnégation au service de l'efficacité collective, une école du don de soi et du jouer ensemble. Mais ça fait quelques années qu'ils n'ont pas sorti un tel joueur.


Pour Messi, c'est un joueur fade avec un talent extraordinaire. On verra ce que l'avenir lui réserve.

Voila j'espère ne pas vous avoir ennuyé.

Quand on lui demande ce qu'il a à dire à Goikoetxea qui lui a volontairement bousillé la cheville : « Je ne lui en veux pas. Il souffre déjà assez d'être Goikoetxea. »


Diego avec toute la puissance et la précision d'un exocet façon Malouines...

fourcroy, j'avais du temps à perdre à l'époque, en vieillissant on compte ses mots...

Vraiment intéressant

Fidel Cienaga, autre temps, autres vies, vraiment.

Beau message.

En relisant il y a des bémols que je me permets d'ajouter, comme pour actualiser cette réflexion à l'aune du futur maintenant présent.
- Dans ces 17 ans de malheur avec l'OM, il y a eu deux parenthèses enchantées diamétralement opposées mais qui ont à voir avec l'idée du football défendue ici, DD et Bielsa. Cette idée appartient au passé, tout comme moi. Comme El Cholo Simeone et Guardiola, enfants de Bielsa et de Maradona.
- Ce football perdu, incarné par la mort de son plus digne représentant, me fait comprendre le peu d'intérêt que j'ai pour la nouvelle génération qui a la saveur du fake. Pas assez de poésie, ni de tragédie. Pas assez de transcendance.
- On aura donc vu Messi pendant 17 ans confirmer ces impressions : un magicien qui n'aura pas accédé à cette transcendance et qui n'est pas devenu le poète dépositaire de la légende. Diego était un Homère, à la fois Achille, Hector et Ulysse. La tragédie même dans laquelle les pauvres du monde entier s'incarnaient. Messi inaugurait la fadeur de l'époque à venir. Serait-il devenu Diego, qu'il aurait transcendé l'Albiceleste et marché sur la coupe du monde au Brésil. La remarque vaut pour Ronaldo. Messi n'est pas plus grand que la vie, il restera un cadre sup qui aura fait gagner des millions à ses sponsors.
- Maradona n'était pas le génie tactique que je décrivais il y a 17 ans, il était simplement le point de sublimation, de cristallisation, de ce qu'était le jeu. Son point de fusion le plus pur. Il était l'intuition, mais il n'était qu'un homme bien trop fragile.

Je suis heureux de l'avoir vu jouer et vivre.

C'est beau ce que tu écris, Fidel, vraiment. Je partage avec toi cette émotion, car la nostalgie de cette époque révolue m'étreint également, et même si je n'ai jamais adulé Maradona pour les raisons qu'ont évoqué d'autres OMlivers, j'ai toujours été saisi par son personnge, christique, et son charisme.

Pour répondre à :

Ok c’était une légende
Mais quand je vois aux infos tout ce délire autour de son décès, je me dis qu’on en fait quand même un peu trop.

Ok c’était une légende
Mais quand je vois aux infos tout ce délire autour de son décès, je me dis qu’on en fait quand même un peu trop.

Pour notre société, je comprends parfaitement ce commentaire.
Mais il n'est pas applicable à Maradona.
Maradona c'est l'icône (au sens étymologiques du terme) d'un peuple pauvre. Quand on est pauvre, on se tourne vers la religion pour trouver de l'espoir. "L'opium du peuple".
Il a d'ailleurs réussi à Naples, Boca pour cette même raison. Le mépris réciproque des élites.
Il n'y a qu'à voir la ferveur des argentins au palais présidentiel, ou des italiens à Naples, dont la mairie vient de faire la proposition de renommer San Paolo, du nom de Maradona, pour comprendre.

Ce sont des notions qui nous dépassent, dans nos sociétés de riches. La religion est importante chez nous également, mais cela n'a rien à voir avec ce qui se passe dans des populations très pauvres, comme c'est le cas en Argentine ou à Naples, ou la religion fait partie intégrante de la vie de tous les jours.
Ca génère des excès, et en tant qu'athée, je ne peux pas m'y associer, mais je les comprends.

Les anglais l’ont encore mauvaise au vu de leur Unes

La Une du Daily Star

"Où était la VAR quand on en avait le plus besoin ?"

Je dois être fatigué, je viens seulement de comprendre
Bel hommage à l'esprit rebelle de Diego.
Ils se rassureront en disant qu'il était le George Best argentin.

gob, tes photos de la Bombonera sont très touchantes et le défilé populaire devant le cercueil à la Casa Rosada sont bouleversantes. Impressionnant l'amour de ce peuple pour son fils et père (saint esprit ? pour la trinité). Messi doit mesurer aujourd'hui ce qui lui aura manqué toute sa carrière. Menotti disait d'ailleurs hier que Maradona était le seul joueur à avoir incarné le maillot albiceleste à ce point, jusqu'à ce que les deux se confondent. Simeone dit qu'il a appris ça de lui aussi. Qu'est ce que ça manque aujourd'hui.

Dernière réflexion perso : en 1986 les trois derniers matchs jusqu'au sacre ont été un moment de réconciliation et de dignité rares dans l'histoire argentine. Maradona redonnait de la fierté à un peuple humilié par sa propre dictature, par l'Angleterre, par la pauvreté, seulement avec un ballon dans la paix et la joie. Ce n'était plus 78 et la sinistre cohorte de généraux assassins, mais le gamin des villa miseria qui se tenait debout devant un stade bleu et blanc.
C'était juste dingue et d'une beauté à couper le souffle. Irrésistible. Seuls les napolitains ont du approcher ce sentiment quand il leur a ramené leur premier scudetto.
Bien sûr qu'à Marseille on aime Maradonna, il y avait tellement ce potentiel là... Cette uchronie là, j'aurais bien aimé la voir.

https://twitter.com/i/broadcasts/1ynJOBgwWknGR

Niveau cluster covid, c'est aussi un potentiel de future légende : cette foule agglutinée sans masque!

Le mètre de barrière devant son cercueil est en passe de devenir le cluster Covid le plus pur de l'histoire

En relisant ce papier de So Foot, on mesure quand même ce qu'on a perdu à l'OM et dans le football en général avec l'avènement des chouineurs type Neymar : des hommes, esthètes, qui ne font pas le geste de trop, et vont droit au but.

Les anglais racontent le but du siècle vu depuis le milieu de terrain et la défense :

https://www.sofoot.com/argentine-angleterre-les-victimes-du-but-du-siecle-de-maradona-490406.html