par Dragan » 25 Fév 2021, 10:12
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Me Brusa : "Ce qui se passe à l'OM ne m'étonne pas"; L'avocat de Bedimo stigmatise la manière de procéder du club olympien
Il défend les intérêts de Didier Deschamps, notamment lors de son départ de l'OM, Laurent Blanc, Zinedine Zidane, Franck Ribéry ou Jean-Pierre Bernès. Carlo Alberto Brusa est ramené vers l'OM à travers un autre de ses clients : Henri Bedimo qui réclame 3,8 millions d'euros à la suite de son licenciement pour faute grave, le 3 août 2018. Cet avocat médiatique, qui combat les mesures du gouvernement sur le Covid-19, explique la stratégie menée par les dirigeants olympiens sur le terrain judiciaire. Il en profite pour donner son avis sur la situation de crise que traverse le club. Et ça décape.
La requête d'Henri Bedimo a été rejetée par le conseil des prud'hommes de Marseille. Que s'est-il passé ?
Le conseil nous a renvoyés dos à dos, on a interjeté appel et l'affaire va se plaider devant la cour d'appel d'Aix. Le conseil des prud'hommes n'a pas eu le courage d'aller en voie de condamnation au vu des arguments qui touchaient à la discrimination. Les conseils des prud'hommes sont très conscients de la situation délicate de l'OM, sur les plans politique, économique et social. Celle-ci nécessite quasiment une forme d'abstention.
Quelles sont vos chances en appel, d'après vous ?
Je suis très confiant. L'OM a qualifié de faute grave quelque chose qui ne peut pas l'être. Quand on avance qu'une interview est une faute grave, c'est complètement absurde.
Ne lui est-il pas reproché d'avoir ouvert une académie au Cameroun en partenariat avec le club de Montpellier ?
Ils ont considéré que ce n'était pas une faute, au contraire de l'interview. C'est ahurissant. Au pénal, les juges s'en foutent que ce soit l'OM en face.
L'OM lance beaucoup de procédures de licenciement depuis plusieurs mois. Qu'en pensez-vous en tant qu'avocat ?
Cette démarche ne convient absolument pas au monde du football. Pour moi, les joueurs ne sont pas des salariés, ce sont des prestataires. C'est pour cette raison que je trouve qu'il est très difficile d'adapter la conception du droit du travail à un footballeur comme on l'applique au cadre d'une entreprise. Ça ne tient pas la route. Rompre le contrat d'un joueur que l'on considère comme un salarié n'a rien à voir avec le monde du travail, ce n'est pas la même logique. Quand quelque chose n'accroche plus, le droit social ne justifie pas la rupture. Il faut travailler sur d'autres moyens de cessation contractuelle par des voies de transaction, en gardant l'aspect judiciaire en dernier rempart.
Quelle est, d'après vous, la logique qui a conduit à mettre à pied André Villas-Boas alors que celui-ci avait démissionné ?
L'OM veut montrer qu'il y a eu des fautes, car la démission peut être requalifiée en disant qu'il a été contraint de démissionner. On appelle ça la démission forcée. On peut saisir le conseil des prud'hommes en requalifiant la démission en licenciement. Pour montrer, dès à présent, que lui a démissionné mais que l'OM voulait procéder au licenciement, ils l'ont mis à pied pour faire comprendre qu'ils allaient entreprendre le processus de licenciement.
Cela peut aboutir à un licenciement pour faute grave que Villas-Boas pourrait contester ?
Bien sûr. Mais ça change tout stratégiquement.
Quand quelqu'un dit avoir été contraint à la démission après avoir été menacé par exemple, l'employeur, s'il ne met pas l'ordre de procédure, sera défendeur dans le cadre de la problématique posée par la démission et la requalification de celle-ci.
C'est comme celui qui rompt le contrat, mais décide d'attaquer derrière en disant que l'autre partie a rompu le contrat. Quand une démission est contestée, les prud'hommes regardent toujours si l'employeur avait des éléments qui pouvaient être reprochés au salarié.
Vous avez été un acteur du départ de l'OM de Didier Deschamps en 2012. La négociation avait été serrée, mais une solution avait fini par être trouvée...
Ce départ négocié a permis à l'OM de s'y retrouver et de retrouver du calme. Tout ce qui se passe en ce moment n'est pas bon. Pour un footballeur ou un entraîneur, le licenciement est une humiliation. Tu le transfères, tu le prêtes, tu l'échanges, tu résilies son contrat, mais tu ne le licencies pas. Il faut utiliser tous les moyens de la négociation pour arriver à une solution ; celle-ci peut échouer, c'est autre chose. Dans un club, le calme est la clé de voûte. Aujourd'hui, les joueurs de l'OM ont la trouille d'être licenciés. McCourt et la direction n'ont pas pris la mesure de la situation, ou ne veulent pas la prendre. La poursuite d'une exploitation de l'OM par McCourt et Eyraud est quasiment finie.
Ni l'un ni l'autre ne le pensent...
Ils ne le pensent pas car l'égocentrisme d'Eyraud, qui se considère comme un génie en tout, l'en empêche. Aujourd'hui, je ne sais pas si même son chat a envie de recevoir un câlin de sa part. Ce qui se passe à l'OM ne m'étonne pas. Je trouve qu'il y a une forme de masochisme dans la manière de gérer cette équipe. Il faudrait un chamboulement assez important. La dégradation a commencé dès l'arrivée d'Eyraud à La Commanderie. Il vient d'un monde qui n'a aucun lien avec le monde du foot. Soit on en est issu, soit on l'aime passionnément et viscéralement.
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