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2021-05-05T09:45:32+02:00
Dan Perez
Le débrief tactique de Manchester City-PSG : pourquoi Paris a été si peu dangereux
Paris a réussi à contester la possession à City
Après la deuxième période du match aller (1-2) passée à courir derrière le ballon, le premier objectif du PSG semblait clair dès l'entame de match : contester la possession à son adversaire. La première manche avait montré à quel point Manchester City gérait bien ses transitions défensives, même en la présence de Mbappé (certes diminué), mais n'aimait pas être privé de sa matière première : le ballon (lire le débrief tactique de l'aller). Sans sa flèche française, l'approche parisienne du retour se justifiait donc encore plus. Et l'équipe de Pochettino y est parvenue (55 % de possession à la pause). Les raisons sont multiples, et tiennent à quelques ajustements par rapport à la semaine dernière :
1- Ne pas se laisser enfermer du côté de Marquinhos
Le PSG avait souffert du pressing de City orienté dans cette partie du terrain, loin de Paredes, Verratti et Neymar, et avait rendu la plupart de ses ballons. Cette fois, les Parisiens ont vite basculé sur la moitié gauche du terrain. Kimpembe est d'ailleurs le premier destinataire des passes de Marquinhos sans que l'inverse soit vrai, Verratti étant le receveur principal du défenseur français.
2- Verratti beaucoup plus sollicité à la relance
Le faible total de 16 ballons touchés par l'Italien sur la seconde période de l'aller illustrait la façon dont, positionné à gauche du 4-4-2, il était déchargé de la première relance. Cette fois, il a évolué plus bas (loin d'une position de 10 qui trouvait toujours ses limites face à un pressing) et fait parler l'une de ses plus fortes qualités, sa résistance sous pression, pendant que le troisième milieu Ander Herrera occupait une fonction plus avancée sur le terrain. Le PSG a pu concentrer ses premières relances autour de Verratti, Kimpembe et Paredes, fiables et créatifs dans l'exercice.
La plupart des relances du PSG s'élaboraient autour du trio Kimpembe-Paredes-Verratti. L'Italien est beaucoup plus sollicité sur ces actions qu'à l'aller.
La plupart des relances du PSG s'élaboraient autour du trio Kimpembe-Paredes-Verratti. L'Italien est beaucoup plus sollicité sur ces actions qu'à l'aller.
3- Des joueurs trouvés dans le dos des milieux de City
« Ils ont mis beaucoup de joueurs entre les lignes, constatait Guardiola après le match. Avec Paredes et Verratti ils nous ont attirés pour jouer dans notre dos. » Là, derrière Fernandinho et Gündogan, se trouvaient effectivement Neymar, Di Maria et même Herrera. L'Argentin a constamment délaissé son aile droite théorique pour se déporter vers l'axe, voire plus loin encore, dans la partie gauche du terrain. Une fois servis par Paredes ou Verratti dans le dos du double pivot citizen, Neymar et Di Maria pouvaient alors s'associer pour avancer et installer le PSG dans le camp adverse.
Devant Kimpembe, Paredes et Verratti tentent d'attirer le milieu de City pour jouer dans son dos, où Neymar et Di Maria (voire Herrera) demanderont le ballon.
Devant Kimpembe, Paredes et Verratti tentent d'attirer le milieu de City pour jouer dans son dos, où Neymar et Di Maria (voire Herrera) demanderont le ballon.
Même type d'action ici. Après l'échange avec Verratti et Kimpembe, Paredes a deux options de passes dans le dos de Gündogan : Di Maria et Herrera (dans les cercles).
Même type d'action ici. Après l'échange avec Verratti et Kimpembe, Paredes a deux options de passes dans le dos de Gündogan : Di Maria et Herrera (dans les cercles).
lire aussi City, tout pour l'entrejeu
Neymar et Di Maria trop seuls, City trop fort
Mais si Paris a bien manoeuvré dans les deux premiers tiers, il a coincé dans le dernier. On pourra s'attarder sur une pelouse enneigée qui a forcément compliqué certains gestes techniques, sur quelques coups mal joués ou bien sur les ratés d'un Neymar loin d'être indigne malgré tout ; mais plusieurs soucis structurels expliquent surtout les difficultés du PSG à être tranchant dans les 30 derniers mètres.
1- Le manque de profondeur, Icardi à côté du sujet On joue la 44e minute, le PSG vient de récupérer le ballon et Neymar remonte le terrain sur une vingtaine de mètres pendant que la défense de City recule. Sa seule solution pour enchaîner vers l'avant et attaquer l'espace est un improbable appel en profondeur de Verratti, pas loin d'être le joueur de champ de cette demi-finale le moins outillé pour ce type d'action. Le Brésilien est obligé de ralentir, City va parfaitement se replier. L'action symbolise le manque de solution verticale du PSG sur ce match. Sur attaque placée, même constat. Une fois que le duo Neymar-Di Maria était trouvé dans le dos des milieux adverses, l'enchaînement vers l'avant était presque impossible. « On a eu de la chance que Mbappé ne joue pas », souriait Guardiola après le match. À la place, son équipe a affronté un Icardi très en difficulté, au profil inopportun pour les besoins de son équipe, jamais en mesure d'attaquer la profondeur ou de s'associer avec ses milieux, à de rares exceptions. L'attaquant argentin a touché 16 ballons en une heure de jeu, dont deux sur un coup d'envoi, un sur un dégagement et aucun dans les vingt derniers mètres. La présence d'un quatrième joueur offensif à la place de Herrera aurait-elle pu aider ? Il faudra se demander si Mauricio Pochettino disposait d'alternatives fiables et au point physiquement. Kean, dont le profil aurait pu correspondre aux besoins parisiens, a montré après son entrée qu'il n'en faisait pas partie.
Neymar remonte le terrain sur 20 mètres, mais les solutions devant lui manquent. Seul Verratti tente un improbable appel dans la profondeur face à Walker. Le Brésilien va devoir temporiser, Paris ne déstabilisera pas la défense anglaise.
Neymar remonte le terrain sur 20 mètres, mais les solutions devant lui manquent. Seul Verratti tente un improbable appel dans la profondeur face à Walker. Le Brésilien va devoir temporiser, Paris ne déstabilisera pas la défense anglaise.
2- L'apport très faible des latéraux
On l'a dit, le PSG a accumulé beaucoup de joueurs à l'intérieur en phase de possession et même réussi à dominer l'entrejeu de City sur plusieurs séquences, en prenant à revers son double pivot Fernandinho-Gündogan. Moins sollicités dans l'élaboration, les latéraux parisiens auraient pu servir de menace dans la profondeur ou au moins dans une position haute qui auraient donné une option supplémentaire (ou une option tout court) à Neymar et Di Maria pour enchaîner. Mais ni Diallo ni Florenzi n'ont apporté ces solutions sur la durée. Pour des raisons différentes : le Sénégalais, malgré sa relative sûreté technique, n'est pas un latéral de débordement tandis que l'Italien ne semble pas disposer de la condition physique pour faire des allers-retours sur son côté. Florenzi n'a même pas compensé sa mauvaise prestation défensive par un quelconque apport offensif. Dès lors, sans attaque de la profondeur ni sur la largeur, le PSG avait beau réussir à progresser habilement à l'intérieur du jeu, Neymar et Di Maria étaient condamnés à ralentir l'action et laisser le bloc de City se reformer.
Alors que City s'est déjà refermé dans l'axe, Paris manque de solutions au large. Les latéraux seront peu impliqués offensivement tout au long du match. Ici Neymar va forcer sa passe vers Florenzi, qui arrive à retardement.
Alors que City s'est déjà refermé dans l'axe, Paris manque de solutions au large. Les latéraux seront peu impliqués offensivement tout au long du match. Ici Neymar va forcer sa passe vers Florenzi, qui arrive à retardement.
(1/2) Di Maria est trouvé dans le dos des milieux, mais City est en surnombre. Les deux latéraux vont bien fermer l'espace avec leurs centraux et rendre impossible la passe. Di Maria va devoir temporiser.
(1/2) Di Maria est trouvé dans le dos des milieux, mais City est en surnombre. Les deux latéraux vont bien fermer l'espace avec leurs centraux et rendre impossible la passe. Di Maria va devoir temporiser.
(2/2) Di Maria vient de servir Neymar, 8 joueurs de City sont repliés, la transition offensive est terminée. Paris n'a pas pu enchaîner.
(2/2) Di Maria vient de servir Neymar, 8 joueurs de City sont repliés, la transition offensive est terminée. Paris n'a pas pu enchaîner.
3- La performance défensive de City
Les transitions défensives de Manchester City n'avaient pas besoin de ça. Très au point cette saison, la gestion des Citizens à la perte de balle a tutoyé l'excellence sur la double confrontation. On notera notamment les réflexes de fermeture des latéraux vers l'intérieur du jeu comme le reste de l'équipe, les nombreuses fautes ou freinages de Fernandinho et la répartition des rôles au sein de la charnière Stones-Dias entre la couverture de la profondeur et le jaillissement hors de la ligne pour serrer l'attaquant. Mais mardi soir, l'équipe de Pep Guardiola, qui s'est pourtant souvent targué de ne « pas avoir fait un seul exercice défensif en six ans avec Johan Cruyff », a été impressionnante dans son repli. Avec le ballon, elle se risque peu au déséquilibre ; sans, elle implique ses dix joueurs de champ. City, guidé par un Ruben Dias monstrueux, n'a pas été mis en danger par Paris sur les côtés et disposait d'un large surnombre dans l'axe pour défendre les combinaisons intérieures, qui dépendaient trop de Neymar et Di Maria. Sur les 7 tirs tentés par le PSG depuis l'intérieur de la surface, 5 ont été contrés par un joueur anglais. Les deux autres sont la tête de Marquinhos sur la barre sur le deuxième temps d'un corner et la frappe du gauche de Herrera au-dessus, déclenchée depuis une position excentrée.
Des transitions offensives compliquées pour le PSG. Neymar vient de recevoir le ballon. Il est cerné. City gère parfaitement ces situations : les latéraux ferment, un central sort pendant que l'autre couvre et le reste de l'équipe se dirige vers le porteur pour au minimum freiner l'avancée du contre et au mieux récupérer le ballon.
Des transitions offensives compliquées pour le PSG. Neymar vient de recevoir le ballon. Il est cerné. City gère parfaitement ces situations : les latéraux ferment, un central sort pendant que l'autre couvre et le reste de l'équipe se dirige vers le porteur pour au minimum freiner l'avancée du contre et au mieux récupérer le ballon.
Tous les joueurs de City sont repliés dans leurs 20 mètres. Neymar vient de recevoir la balle, sa mission est impossible.
Tous les joueurs de City sont repliés dans leurs 20 mètres. Neymar vient de recevoir la balle, sa mission est impossible.
Face à City, le PSG a passé deux heures et demie sans cadrer une frappe (le gardien Ederson n'a plus été sollicité depuis la 28e minute du match aller) et le manque d'efficacité n'en est pas la première cause tant les occasions franches ont été rares pour les Parisiens. Ils pourront aussi se dire qu'ils n'en ont pas concédé des dizaines non plus. La Ligue des champions est une compétition de moments, City a bien mieux géré les siens. Sa qualification semble logique.