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https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/09/13/pour-le-president-de-l-olympique-de-marseille-ia-ligue-de-football-professionnel-a-besoin-de-changements_6315633_3242.html
Pour le président de l’Olympique de Marseille, « Ia Ligue de football professionnel a besoin de changements »
Réélu au conseil d’administration de la Ligue de football professionnel, Pablo Longoria considère que le football français est à « un tournant » et qu’il faut « établir une stratégie » pour défendre le produit Ligue 1 et mieux le valoriser.
Propos recueillis par Denis Ménétrier
Publié aujourd’hui à 07h01, modifié à 09h15
Le président de l’Olympique de Marseille (OM), Pablo Longoria, va continuer de siéger au sein du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP), où il a été le dirigeant de club le mieux élu (à 99 %), le 10 septembre. Alors que le football français de club est marqué par le fiasco des négociations sur les droits télévisuels, l’Espagnol de 38 ans affiche sa volonté de « coopérer avec d’autres présidents pour travailler à une nouvelle stratégie » et « améliorer le produit Ligue 1 ».
Etes-vous satisfait de la réélection de Vincent Labrune à la tête de la Ligue ?
Tout d’abord, il y a une situation très claire : la LFP a besoin de changements dans ses modes de fonctionnement. C’est ce dont j’ai longuement discuté avec Vincent Labrune et je considère qu’il était, à ce titre, le meilleur candidat. Le suivre, c’était aller dans une direction où il était possible de changer les choses plus rapidement. Il faut désormais se mettre au travail pour réaliser ces évolutions et améliorer la situation par rapport à celle que nous vivons aujourd’hui.
Le bilan de Vincent Labrune a pourtant été très critiqué…
On évoque le passé récent, avec la négociation pour les droits audiovisuels qui a mis en difficulté la LFP. Mais il y a un passé plus ancien et des réussites, comme le passage du championnat à 18 équipes, le coup de pouce donné aux clubs qui disputent les Coupes d’Europe pour renforcer leur présence dans les compétitions continentales, ou l’accord avec le fonds d’investissement CVC, qui a permis d’obtenir de l’argent nécessaire aux clubs. En revanche, ce que je regrette dans cet accord, c’est qu’il y aurait dû y avoir un plan stratégique avec CVC pour améliorer le produit Ligue 1, moderniser les clubs, les stades, les infrastructures…
Le candidat perdant, Cyril Linette, avait laissé entendre que vous pourriez voter pour lui, parce que vous étiez d’accord sur la manière de valoriser la Ligue 1. Etait-ce le cas ?
Il est toujours positif que des gens viennent élever le débat et apporter des pistes de réflexion, mais je n’aime pas parler des choses que je dis en privé. Certaines personnes m’ont prêté des mots que je n’ai pas prononcés. Le plus important, dans cette élection, n’était pas le « qui », mais le « comment ». Pour que le championnat développe sa compétitivité. Pour que la gouvernance soit meilleure. Pour que les clubs travaillent tous ensemble, d’une même voix. Pour améliorer l’expérience des supporteurs. Nous vivons un tournant dans l’histoire du football français et nous devons établir une stratégie.
Les clubs de Ligue 1 ont connu une baisse drastique dans le versement des droits télévisuels cette année (190 millions d’euros contre 495 millions la saison dernière). Quel impact cela a-t-il sur votre club ?
Je ne peux pas encore vous donner de chiffres exacts, car cela dépendra des économies faites au niveau de la ligue et de la finalisation de tous les contrats de diffusion pour les droits internationaux. L’OM est le deuxième club qui en dépend le plus. Evidemment, cette baisse a un impact important. Nous avons cherché à réduire l’âge moyen de l’effectif cet été et nous allons maintenant avoir un plan encore plus ambitieux au niveau commercial. Cela nous pousse à être innovant, à aller chercher des sources de revenus externes importantes. Cela passe par l’organisation de matchs amicaux pendant la saison, par une tournée à l’issue de celle-ci… Nous devons adapter notre stratégie, avec une marge de manœuvre considérablement réduite.
Certains clubs risquent de pâtir plus que d’autres de cette baisse des droits télévisuels. N’y a-t-il pas un risque de voir émerger un championnat à deux vitesses, entre certaines écuries européennes, qui touchent des droits internationaux, et d’autres plus modestes ?
Je pense qu’il faut donner une continuité aux clubs européens. Un des problèmes, c’est que les mêmes clubs français, hormis le Paris Saint-Germain, ne disputent pas les Coupes d’Europe plusieurs années de suite. Ce manque de régularité dessert la Ligue 1 au niveau européen. Dans le cas de l’OM, c’est évidemment de notre faute, parce que nous aurions dû nous qualifier pour la Ligue des champions la saison dernière, ou pour une Coupe d’Europe cette année. La valorisation du championnat passe par cette régularité, c’est ce qui rend attractif au niveau international. Et le système de solidarité de la Ligue, qui permet aux plus petits clubs de toucher de l’argent grâce à une forme de ruissellement, fait que tout le monde est gagnant.
Ces derniers jours, DAZN a lancé une offre promotionnelle pour son abonnement à la Ligue 1. Comment l’interprétez-vous ?
La clé, aujourd’hui en France, c’est la distribution du produit. DAZN n’est pas une chaîne traditionnelle, c’est une plate-forme numérique qu’il faut intégrer à la consommation habituelle des spectateurs. Or, on se trompe en se disant que la Ligue 1 doit être consommée seule. Elle doit l’être avec les championnats étrangers et les compétitions européennes. C’est ce que veulent les téléspectateurs. DAZN a noué des accords de distribution, mais pas d’offre commerciale avec les diffuseurs ou d’autres plates-formes. Cela pénalise le consommateur qui veut regarder tout le football et qui doit pour cela multiplier les abonnements. Nous avons une obligation morale de faire en sorte que DAZN fonctionne. Je remercie DAZN, et BeIN Sports aussi, parce qu’ils ont acheté le produit. Maintenant, il faut valoriser l’investissement qu’ils ont fait, protéger ceux qui ramènent de l’argent.
La lutte contre les diffusions pirates, est-ce l’un des grands défis des prochains mois ?
C’est l’un des objectifs-clés que doivent avoir la LFP et les pouvoirs publics. Pour lutter contre le piratage, il faut se reposer sur tous les pouvoirs de sanction des pouvoirs publics. Mais pour cela, il faut une prise de conscience. Ce n’est pas le cas actuellement. On banalise trop le piratage en France, alors que c’est un vol des droits des clubs, de la valeur que créent les clubs. Je suis choqué en lisant des articles qui évoquent des « alternatives » pour évoquer des diffusions pirates, alors que c’est illégal. Ce piratage est une des conséquences du fait qu’il y a trop d’abonnements pour les consommateurs.
Les pouvoirs publics doivent-ils en faire plus ?
Oui. En Espagne, j’ai assisté à la même situation. Mais il y avait une vraie prise de conscience. Et la Ligue de football, en accord avec les pouvoirs publics, a réussi à remarquablement contrer les diffusions pirates.
« Convaincu » d’avoir pris « la bonne décision » en recrutant Mason Greenwood
Après trois journées de championnat, l’Olympique de Marseille (OM) occupe la 2e place derrière le Paris Saint-Germain. Ce début de saison satisfait le président marseillais, « content » d’avoir recruté, en juin, Roberto De Zerbi, entraîneur à la cote grandissante sur le marché européen depuis plusieurs années. « Il possède une identité de jeu très forte et il s’épanouit dans les clubs où la passion est importante », se félicite Pablo Longoria, qui dit souhaiter construire sur la durée avec l’Italien de 45 ans, engagé pour trois ans, alors que l’OM n’a plus conservé le même entraîneur plus d’une saison complète depuis André Villas-Boas (2019-2021).
Un autre recrutement suscite toutefois d’importantes critiques : celui du joueur anglais Mason Greenwood, cédé par Manchester United à la suite d’une affaire de violences conjugales – les poursuites ont été abandonnées. « Je suis très content que Greenwood soit à l’OM parce que c’est un joueur exceptionnel, avec un comportement exemplaire depuis son arrivée », déclare Pablo Longoria, qui dit s’être « assuré d’avoir toutes les informations avant de prendre une décision ». « Et je suis convaincu que nous avons pris la bonne. »