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Salary cap, micros pour les arbitres : les autres chantiers de Vincent Labrune à la LFP
Après avoir réglé le dossier des droits télévisés de la L1, le président de la Ligue Vincent Labrune veut mener, au pas de charge, une série de réformes. Plusieurs sont en bonne voie, mais il reste quelques écueils.
Vincent Labrune, le président de la LFP. (A. Réau/L'Équipe)
L'interminable feuilleton des droits du Championnat a trouvé enfin son épilogue, en fin de semaine dernière, avec l'attribution à Amazon de 80 % de la L1 et de la L2 pour 259 millions d'euros annuels jusqu'en 2024. Vincent Labrune, le président de la LFP, va maintenant pouvoir « accélérer », comme il l'annonce dans l'entretien publié ce vendredi dans nos colonnes, « une réforme plus globale qui vise à améliorer notre produit ». Tout est censé évoluer, ou presque, que ce soit sur les retransmissions, l'arbitrage, la durée du premier contrat pour les jeunes joueurs ou le contrôle de la masse salariale des clubs.
Des micros pour les arbitres
Comme annoncé dans nos colonnes le 23 avril, la Ligue veut expérimenter les micros pour le corps arbitral, comme cela se fait dans le rugby. « Il faut une sonorisation des arbitres pour qu'il y ait moins d'ambiguïtés sur certaines décisions », estime Labrune. Mais la LFP ne peut pas décider seule. Pour effectuer le moindre test, elle doit d'abord avoir l'aval de la Fédération et obtenir une autorisation de la FIFA.
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Des demandes vont être adressées à la Fédération internationale en ce sens. Pour ses retransmissions, la LFP veut aussi innover un peu, avec l'ambition de « moderniser » la L1. « Cela passera par un effort tout particulier sur la réalisation des matches, avec aussi des contenus « inside » », détaille Labrune. Le démarrage du contrat avec Amazon, la saison prochaine, pour lequel Mathieu Ficot, en charge des droits télé à la LFP, a joué un rôle important, doit servir ce projet.
Le premier contrat professionnel de trois à cinq ans
Cette revendication ancienne des clubs est l'objectif numéro un de la LFP. « Il faut sacraliser la formation à la française, estime Labrune. Il n'est pas normal que nos meilleurs talents quittent le pays. » Sans que leurs clubs formateurs aient pu réellement en profiter. Du côté de la Ligue, on veut arriver à un accord avec l'UNFP, le syndicat des joueurs, à la rentrée.
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L'idée est que la L1, qui n'a plus les moyens - hormis le PSG - d'aller chercher des stars à l'étranger puisse utiliser l'énorme vivier de talents issu des centres de formation afin de maintenir une certaine valeur au Championnat de France. Et que l'on sorte d'un système où le trading de joueurs est le principal modèle économique. Mais, à l'UNFP, on prévient que « rien n'est fait ». « Il n'est pas question de remplacer le chiffre 3 par le chiffre 5 sans contreparties, assure Philippe Piat, le coprésident de l'UNFP. Ce sera un « package deal » avec des garde-fous sinon il n'y aura pas d'accord. »
La limitation du nombre de joueurs par club
« Il faut aussi une limitation du nombre de joueurs pros par effectif », estime Labrune. Cette réforme a plusieurs objectifs : ramener un peu de compétitivité entre « grands » et « petits » clubs, faire baisser les masses salariales et permettre aux jeunes d'avoir de meilleures chances de s'exprimer. La LFP est en ligne avec l'UEFA, qui milite pour que les ligues stoppent cette fuite en avant, avec des clubs qui ont parfois une centaine de joueurs sous contrat.
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« On le fait en Ligue des champions (une limitation à 25 joueurs inscrits), nous expliquait Aleksander Ceferin, le président de l'UEFA, fin mai. Les ligues nationales devraient le faire également. Les grands clubs qui ont énormément de moyens ne doivent pas pouvoir acheter des joueurs juste pour empêcher les autres de les avoir. » En France, la LFP vise un effectif pro autour de 23 joueurs, auquel on pourrait ajouter des jeunes issus de la formation.
Un ratio pour la masse salariale et la « luxury tax »
« Il faut réfléchir à la mise en place d'un salary cap global par rapport au budget des clubs », annonce Labrune. En fait, la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) travaille sur la création d'un ratio entre la masse salariale et les revenus des clubs afin d'éviter les gros dérapages. Là encore, l'UEFA est sur cette ligne. Et veut même aller plus loin. « Nous pensons très sérieusement à instaurer une luxury tax (ce système, en vogue dans les sports professionnels américains, force ceux qui dépassent par exemple un seuil de masse salariale à payer une pénalité financière ensuite redistribuée à l'ensemble des participants) », révélait Ceferin dans nos colonnes. La FFF y pense aussi.