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Et s'il y avait débat pour le poste de numéro 9 chez les Bleus ?
La performance d'Anthony Martial au Portugal, marquée par un clair déficit d'efficacité mais porteuse de promesses dans le jeu, peut relancer la discussion autour du poste d'avant-centre pour l'Euro.
Ce sont deux scènes espacées de quatre ans et qui disent à peu près tout de l'évolution du statut d'Anthony Martial en bleu. En octobre 2016, lors d'une séance de veille d'un match aux Pays-Bas (1-0), Didier Deschamps avait pris vingt minutes, grands gestes à l'appui, pour expliquer au Mancunien ce qu'il attendait de lui. Plus d'efforts, plus d'intensité, plus d'appels, plus de tout, en fait. Le sélectionneur de l'équipe de France mesurait alors le potentiel de cet attaquant recruté pour 50 M€ (plus 30 M€ de bonus) quelques mois plus tôt tout en regrettant cette nonchalance, ce déficit d'impact.
Le statut de Giroud interroge
Quatre ans après, alors que son chemin en bleu a été heurté - pas de Mondial russe, 10 sélections depuis 2016 - Martial (24 ans) est sorti de la soirée lisboète samedi avec une accolade de « DD ». Un geste accompagné de commentaires chaleureux : « Je suis malheureux que Martial n'ait pas été récompensé par un but. Il a cette capacité à prendre la profondeur et à enchaîner dans la zone de vérité. Il est revenu à son meilleur niveau. »
Des propos suffisamment forts pour nourrir le débat autour de l'identité du numéro 9 à l'Euro ? Prématuré de l'avancer aujourd'hui. D'abord parce qu'au-delà du débat autour de Giroud, absolument rien ne dit que si Kylian Mbappé avait été en état de jouer au Portugal, Martial aurait été lancé d'entrée. Le Parisien, à l'aise aussi côté gauche, peut offrir dans l'axe de ce schéma en 4-4-2 un profil comparable à Martial. Avec ce sens de la profondeur, cette capacité, par ses appels, à étirer le bloc adverse.
Ces deux-là ne sont pas pour autant des sosies. Martial, 9 plus complet (il peut jouer seul en pointe), a montré samedi qu'il pouvait être, par séquences, intéressant dans son jeu en remises. Ce qui est moins le cas pour la star parisienne, plus clinique que le Mancunien dans le un contre un.
Mais outre le cas Mbappé, c'est le statut d'Olivier Giroud qui interroge donc aujourd'hui. Le 2e meilleur buteur de l'histoire des Bleus (42 réalisations), fantomatique face à la Finlande (0-2, mercredi dernier), voit son statut s'effriter. Les propos de Deschamps samedi sonnent comme une mise en garde : « Si sa situation s'éternise, il sait très bien ce que j'en pense... » L'ex-Montpelliérain mesure, lui-même, qu'il ne pourra pas éternellement rester sur le banc de Chelsea. Son passé en bleu parle pour lui, son profil aussi.
Deschamps n'oubliera pas Ben Yedder
Les profils de Giroud et Martial sont incomparables. Ce sont clairement deux identités différentes données à l'équipe. Giroud a pour lui son efficacité devant le but, sa capacité dans le domaine aérien (dans les deux surfaces) et celle de « fixer » les centraux (et donc de laisser de la liberté aux autres). Un attaquant comme Martial (1 but en 25 sélections), qui reste sur une série de 23 tirs sans but en bleu et se crée au niveau international 4 grosses occasions sans les convertir, ne peut revendiquer, en l'état, une place de numéro 1.
Mais l'ex-Lyonnais, par sa finesse technique, la justesse de ses déplacements et son sens de la profondeur, apporte au jeu français de la vitesse, de la créativité. Avec des éléments aussi joueurs et fins techniquement que Pogba, Griezmann, Rabiot and Co, le mariage est naturel. Cela peut-il se traduire par un succès en compétition ? Tout l'enjeu est là.
L'empreinte du match de Martial au Portugal restera durable chez Deschamps. Si Giroud voit sa situation en club se prolonger, et en fonction du choix de positionnement de Mbappé, la question pourra peut-être se poser. Mais le sélectionneur n'a jamais la mémoire courte. Et dans l'équation de sa liste, au-delà de Giroud, qui devrait être titulaire ce mardi soir face à la Suède et serait bien inspiré de briller une dernière fois avant le rassemblement de mars, « DD » n'oubliera pas Wissam Ben Yedder (2 buts, 2 passes décisives en 11 sélections). Avec des éléments qui plaisent au patron des Bleus : la capacité du Monégasque à entrer vite dans ses matches, son profil de remplaçant potentiel à Griezmann en deuxième attaquant, la justesse de ses relais et son efficacité dans les 30 derniers mètres, comme lors de la rencontre contre la Croatie (4-2, le 8 septembre). Deschamps le sait. D'ici au mois de mai, l'équation aura moins d'inconnues...