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Que vaut Gebreyesus, le nouveau talent suisse de l’OM ? [Le Matin]
Marseille a mis le grappin sur un jeune attaquant zurichois de 17 ans, issu de la formation de Grasshopper. Ses entraîneurs dépeignent son profil.
À 17 ans, Esey Gebreyesus quitte le centre de formation de Grasshopper pour rejoindre l’Olympique de Marseille. (Instagram Esey Gebreyesus)
L’Olympique de Marseille a-t-il trouvé le successeur de Fabio Celestini? L’actuel entraîneur de Lucerne est le dernier joueur suisse en date à avoir porté les couleurs de l’OM. C’était entre 2002 et 2004 et l’ancien milieu de terrain avait même eu l’honneur d’endosser le rôle de capitaine.
Esey Gebreyesus rêve de suivre le même chemin. Ce dimanche, l’attaquant zurichois de 17 ans a annoncé sur Instagram quitter la formation de Grasshopper pour rejoindre le club phocéen, photo à l’appui. «Heureux d’avoir signé mon premier contrat professionnel avec l’OM. [...] Commençons un nouveau chapitre», a-t-il écrit.
Si la nature exacte de son bail reste floue (s’agit-il réellement d’un contrat professionnel ou intègre-t-il le centre de formation?), une chose est certaine: Gebreyesus passe du Bleu et Blanc de GC à celui de l’OM.
Un artiste mais peu efficace
Aux yeux du grand public, il est un parfait inconnu. Évoluant chez les M18 de Grasshopper cette saison, il n’est jamais apparu avec l’équipe première. Et en était même loin, à en croire Roman Hangarter, le responsable du centre de formation: «Il possède un vrai potentiel mais ce n’est pas un joueur fini. Il lui manque pas mal de choses.»
Marseille ne s’est pas laissé séduire par hasard. Esey Gebreyesus constitue un talent offensif rare. «On n’a pas beaucoup de joueurs en Suisse capables de faire ce qu’il fait devant, affirme Hangarter. Il est extraordinaire sur cet aspect.»
Aligné dans une position d’ailier à GC, il correspond davantage à un attaquant libre selon son sélectionneur en M17, Yves Débonnaire. «Il a une capacité intéressante à jouer dans les espaces, décrit-il. Il a cette qualité de liberté, d’oser. Il doit progresser dans le jeu mais il ne doit pas perdre son grain de folie.» Particulièrement séduit par les profils virevoltants, le Vaudois est un fan déclaré: «Tactiquement, il va un peu dans tous les sens mais c’est le genre de joueur dont on a besoin dans le foot, quitte à ce qu’il y ait du déchet.»
Roman Hangarter, adepte d’un football plus efficace, tempère: «Il est beau à voir jouer, c’est un artiste, mais pour l’instant peu efficace. Il ne marquait pas assez chez nous, alors qu’il en est capable. Il lui manque la mentalité du finisseur.»
«Tactiquement, il va un peu dans tous les sens mais c’est le genre de joueur dont on a besoin dans le foot, quitte à ce qu’il y ait du déchet»
Autre thème qui divise les deux hommes au sujet de leur protégé, le repli défensif. «Cela peut être un problème pour lui, grince Roman Hangarter. Il n’a pas toujours travaillé en ce sens et il a souvent été remplacé parce qu’il ne faisait pas les efforts.»
Yves Débonnaire, de son côté, n’a jamais eu à se plaindre de quelconques largesses en sélection. C’est même tout le contraire. «Esey a une mentalité que j’aime bien: il aide volontiers son latéral, on ne voit pas cela souvent à ce poste», loue-t-il. Simple question de motivation due au prestige du maillot national? «C’est possible», concède Hangarter.
En revanche, ils se rejoignent sur l’état d’esprit positif du garçon au sein d’un collectif. «Il a toujours le sourire, c’est important dans le foot, salue Yves Débonnaire. Il apporte beaucoup à l’équipe, que ce soit dans la vie du groupe et quand il faut aider les autres sur le terrain.» «Il veut apprendre, il est à l’écoute. C’est un type positif», enchérit le responsable de la formation de GC.
L’OM, un choix risqué
Les qualités sont là, reste désormais à les polir et gommer certains défauts. Notamment sa justesse technique et tactique. «Il doit être plus juste techniquement et dans ses appels, livre Débonnaire. Ils sont merveilleux car il en fait énormément mais ils ne correspondent pas toujours à ce que le jeu demande. Il a encore besoin d’être formé, il lui reste pas mal de chemin à parcourir.»
Sous-entendu: quitter le cocon zurichois pour la marmite marseillaise ne représente pas forcément l’option la plus sûre. Le Veveysan ne cache pas sa circonspection. «Au vu des expériences passées de jeunes Suisses partis à l’étranger avant la fin de leur formation, on constate qu’il y a beaucoup de conditions à remplir pour réussir, plus qu’en passant par le parcours classique. Personnellement, je ne suis pas toujours convaincu. Mieux vaut entrer par la grande porte que par la petite.»
«Mieux vaut entrer par la grande porte que par la petite»
Roman Hangarter, lui, se veut moins pessimiste: «C’était peut-être mieux qu’Esey reste un an de plus chez nous mais je pense que son jeu correspond bien au football français, basé sur les qualités techniques, la vitesse, la percussion. Plus qu’au football suisse, en tout cas.»
L’avenir dira si Gebreyesus appartient à la caste des promesses sans lendemain ou s’il surmontera les obstacles pour devenir le successeur de Fabio Celestini à l’OM.
Vézirian inversé !