OM. Milan Leccese, la nouvelle pépite made in MarseillePassé par Gémenos et Air Bel, l'élégant milieu de terrain, né en 2008, incarne l'un des plus sûrs espoirs du centre de formation de l'OM où il gravit les échelons petit à petit et se taille une jolie réputation. 1899 le Mag dresse son portrait.Enfant, il se rêvait scientifique pour "explorer l’univers". Avant de s'imaginer criminologue. S’il fréquente avec bonheur et assiduité les bancs du lycée en 1re générale (spécialité mathématiques), ce qui n’est pas une option dans l’esprit de ses parents et surtout de Patricia, sa maman, Milan Leccese fait valoir d’autres atouts et d’autres qualités qui le placent sous le feu des projecteurs et lui octroient une notoriété coquette. Balle au pied, il se montre intrépide, s’imposant comme l’un des maillons forts des U17 Nationaux de l’OM et l’un des plus sûrs espoirs de sa formation. "Il est déjà prêt. À lui de suivre le bon chemin", indique Jérémy Donsimoni qui l’a entraîné au sein de la pouponnière olympienne en U12 et U13.
À cette époque-là, malgré des limites physiques qui ont fait craindre le pire à certains, sa vista éclaire les rencontres et les fait basculer, souvent. Une habitude prise très tôt, à Gémenos et à Air Bel, pour ce pur Marseillais issu d’une famille de sportifs, avec l'OM tatoué dans la peau. Son arrière-grand-père, Pierre Lacaze, a été international de rugby dans les années 50-60. Son oncle Julien a été footballeur pro, son père Ludovic "un très bon joueur de CFA", selon un proche de la famille. Et sa mère a été danseuse au Ballet national de Marseille, sous la férule de Marie-Claude Pietragalla. "Il a hérité de sa grâce", image un intime.
"Il est élégant sur un terrain, confirme Donsimoni. Il était petitou, avait un profil atypique comme il y en a peu dans la région. Techniquement, il était au-dessus. Il marquait des buts importants et, à l’OM, pouvait nous faire gagner des matches, alors qu’on affrontait des adversaires plus âgés d’un an. Je me souviens d’un doublé contre Lyon (3-2) : coup franc et volée en pleine lucarne à chaque fois." À Air Bel, pourtant, tout le monde ne l’imagine pas aussi haut, aussi vite. Certains estiment son entourage trop envahissant, trop pressé d’aller taper à l’étage supérieur. "Trop de barouf", résume-t-on au club de La Pomme.
"Carré et à l'écoute"Cela n’empêche pas Milan de s’épanouir. Si ce n’est pas à Air Bel (qui ne transmet pas à la famille les invitations pour des essais à cause de son jeune âge), ce sera à l’OM séduit par son profil. Pour parvenir à ses fins, le club olympien met en place une navette depuis Gémenos, où il réside, pour rallier les entraînements. "À l’époque, on ne prenait pas les plus rapides ni les plus costauds, resitue le directeur d’alors du centre, Jean-Luc Cassini. On regardait aussi le milieu social et la capacité d’apprentissage. Milan vient d’une famille qui a les pieds sur terre, même si son père en faisait trop par moments. Mais il l’a toujours encouragé positivement. Au départ, Milan n’avait pas des capacités transcendantes. Mais en préformation, il était au-dessus techniquement, dans la prise d’information et de décision. Il était carré, à l’écoute, questionnait ses entraîneurs et reproduisait ce qu’on lui demandait."
Les débuts n’ont rien d’idyllique, pourtant. Milan joue peu et le vent d’un départ commence à souffler. Déterminé à réussir à l’OM, le milieu à la technique veloutée repousse cette éventualité. "Il était en pleine croissance, rappelle Nasser Larguet, successeur de Cassini. On a essayé de lui faire comprendre et à sa famille qu’il fallait prendre son temps. Je croyais en lui, techniquement il voyait les choses avant les autres, en étant dans le collectif. Après, il y a toujours la dimension mentale et celle de son entourage. Le sien est sain. Le danger, c’est que tout le monde lui disait qu’il était très bon. Le talent n’empêche pas le travail. Milan a cette aptitude-là, il est travailleur."
"À lui d'être patient"Résultat ? "Mimi", qui va fêter ses 16 ans le 30 novembre, s'impose naturellement, d'autant qu'il abandonne son physique chétif pour se glisser dans un corps d'adulte. Il remporte le tournoi de Sens, en 2022, référence chez les U14, et est élu meilleur joueur. "Le maître à jouer de l’OM ; quand il avait le ballon, il se passait quelque chose, témoigne un organisateur. Il a fait forte impression dès le premier match contre le PSG malgré la défaite. Il s’imposait par sa vista, son intelligence de jeu, un volume impressionnant. Il est là où il doit être." Un an et demi plus tard, il signe, le jour de ses 15 ans, un accord de non-sollicitation. Larguet n'aime pas trop ça, pourtant. "Ça a donné lieu à des accrochages", avoue le Franco-Marocain.
Sous contrat aspirant jusqu’en 2026, devenu international français U16 et U17 malgré des approches de la Fédération italienne, il garde la tête sur les épaules et fait preuve d'une étonnante maturité, dribblant les obstacles placés sur son chemin. "Il se nourrit de l'adversité", pose un proche. Les agents se battent pour le compter dans leur écurie, alors que plusieurs clubs européens le suivent déjà de près. "Il est gentil, simple, humble et travailleur", détaille Donsimoni. "À force de travail, il peut devenir un bon footballeur. À lui d’être patient. Il faut y aller piano", conseille Cassini. Avec l'objectif d'avoir la tête dans les étoiles. Et pas en devenant astronaute.
La Provence
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