Information
OM : les minots sont prévenus; Libres dans un an, les internationaux français U17, Darryl Bakola, Enzo Sternal et Yanis Sellami, ont été convoqués par les dirigeants la semaine dernière. S'ils ne prolongent pas d'ici début août, ils quitteront le groupe de Roberto De Zerbi.
Au pied de la Bonne Mère, dans la famille des joueurs libres l'an prochain, l'on s'assoit à deux tables. D'un côté, celle des adultes, où Chancel Mbemba, Samuel Gigot, Jordan Vérétout, Jonathan Clauss, voire les déclassés Jordan Amavi et Konrad de La Fuente, sont sommés de déguerpir cet été, dès qu'ils auront fini leur café. De l'autre, celle des minots, partagée par Darryl Bakola (16 ans), Enzo Sternal (17 ans) et Yanis Sellami (17 ans). Trois internationaux U17 français, les fleurons de sa formation, à qui l'OM désire servir, encore longtemps, le pain, le sel et un peu d'ivresse. En ce sens, l'Olympique a réservé une petite surprise à ses jeunes pensionnaires... histoire de les placer devant leurs responsabilités, ou de faire pression (au choix, selon votre sensibilité). Une petite réunion informelle, en milieu de semaine dernière, à l'écart d'un groupe qui sue à grosses gouttes et remue ses méninges, sous les ordres de Roberto De Zerbi.
"On en prend plein les yeux"
Jusqu'ici, et encore aujourd'hui, les trois adolescents, accompagnés d'autres vainqueurs de la coupe Gambardella (Gaël Lafont et Keyliane Abdallah), se contentaient d'enregistrer les consignes du chef d'orchestre italien. Au programme de ce stage intensif, où ils ont été convoqués auprès de leurs aînés, deux séances quotidiennes mêlant travail physique, technique et (surtout) tactique. Un apprentissage accéléré pour ces gamins, épatés par la science de "RDZ". "On en prend plein les yeux et les oreilles", savoure l'un d'eux. À l'instar des autres coaches étrangers qui ont posé leur baluchon en Provence, De Zerbi compose avec deux groupes. Un noyau articulé autour d'une vingtaine de professionnels, auquel se greffent, lors des mises en place tactiques, quelques pensionnaires du centre ou membres de l'équipe réserve (Raimane Daou, Roggerio Nyakossi, Alexi Koum). Les autres poursuivent alors les exercices à part, en compagnie des éléments sur lesquels l'OM ne mise plus (Vérétout, Mbemba...). D'un jour à l'autre, une rotation s'opère, même si certains, à l'image de Darryl Bakola, sont souvent désignés. "Ce n'est pas encore comme sous Jean-Louis Gasset qui connaissait sur le bout des doigts les petits, et les intégrait tous à chaque exercice. Mais c'est formateur, et ça reste une jolie chance à saisir", glisse un proche du vestiaire.
Lorsqu'ils ne sont pas cramponnés, Lilian Brassier et les minots se détendent (ou font passer le temps) en salle de projection. Au lieu de rembobiner les filmographies de Fincher ou Scorsese, les joueurs ingurgitent les séances programmées par le staff. Des dizaines de minutes de bandes défilent sous leurs yeux, avec comme thème principal, les circuits de passes. Et ainsi de suite depuis le lundi 8 juillet jusqu'au premier match amical de l'intersaison, prévu dimanche contre Nîmes.
Une routine perturbée lorsque le trio Bakola-Sternal-Sellami a été convié par deux dirigeants à une entrevue, mercredi, entre dix yeux. Le message fut bref, mais clair. En substance, s'ils ne signent pas le contrat pro (ou la prolongation) proposé par le club avant début août, ces espoirs retourneront aussitôt, et jusqu'à nouvel ordre, en U19 avec Christian Bracconi. Fini les entraînements avec les grands. "Ce n'est pas un ultimatum, se défend-on sur les hauteurs de La Commanderie. On leur a rappelé que c'était une grande marque de confiance d'avoir été retenu dans le groupe pro pour la reprise. Ils sont à l'OM, sous les ordres de Roberto De Zerbi, c'est un privilège... Après on ne peut pas fermer les yeux sur leur situation contractuelle. C'est problématique de se retrouver en fin de bail dans un an. On veut être fixé sur ceux qui désirent se projeter à Marseille, et les autres."
Sellami, dossier le moins épineux
Depuis le conciliabule, rien de neuf à l'horizon. Les positions sont les mêmes qu'au printemps. Plus qu'accélérer les négociations, l'OM attendait une prise de conscience de ses garçons, en agitant le projet sportif, sans passer par la case agents. De là à imaginer qu'ils feront fléchir leur entourage, pointilleux sur les futures rémunérations, il n'y a qu'un pas... "C'est aussi là qu'on voit si un joueur a de la personnalité", souffle un proche du dossier.
Ce matin, deux cas se révèlent plus épineux. D'abord, celui de Darryl Bakola (aspirant). Le contact a été noué dès l'automne 2023, mais depuis... toutes les parties pédalent dans la semoule. L'OM avait proposé un contrat pro de trois ans, pour ce relayeur ultra-polyvalent, qui aurait tapé dans l'oeil de moult écuries européennes. À cette heure, l'écart entre cette offre et les prétentions du clan Bakola est conséquent. Trop pour espérer trouver un terrain d'entente. Malgré une franche volonté de miser sur lui, l'OM se trouve dans une impasse.
Idem, à un moindre degré, pour Enzo Sternal, qui lui, profite du statut pro depuis ses 16 ans. L'institution marseillaise souhaite le prolonger d'un an. Les discussions coincent toujours. Côté olympien, l'on invoque comme point de désaccord les prétentions salariales de l'ailier de poche. Chez le Nancéen, l'on avance plutôt un flou autour des garanties sportives. Comprenez sa future utilisation, ou son temps de jeu en Ligue 1. Chose que l'OM estime lui avoir déjà servie en l'intégrant, notamment, à la préparation estivale de Roberto De Zerbi.
Les échanges s'avèrent plus apaisés avec Yanis Sellami (aspirant). Même si la poignée de main n'est pas prévue demain, une issue positive est attendue au centre Robert-Louis-Dreyfus. Les décideurs, sensibles à son attachement au club, devraient formuler prochainement une offre à leur milieu de terrain, incontournable en équipe de France U17.
À noter que la mise à l'écart du groupe pro, prononcée à l'encontre de ceux qui n'auront pas gribouillé le fameux papier avant la date butoir, ne fera pas tomber le rideau, définitivement, sur les négociations. Au moins, les minots sont prévenus.
La Provence