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MINOTS; La fierté des Marseillais; H Au coeur d'une saison morose, où les pros ne cessent de décevoir, les supporters retrouvent le sourire grâce à une attachante équipe d'ados... à laquelle rien ne résiste.
Selon l'usage, Kelyann Bezahaf aurait dû se retrouver au coeur du moulon. Un honneur réservé au héros, qu'il soit buteur ou censeur. Plutôt que câliner l'ado de la qualif' voire Aboubaka Dosso, impérial dans les bois, les minots ont instinctivement bondi sur les grilles du Campus. Là, dans ce coin de tribune où s'entassaient leurs plus bruyants supporters. Une communion au parfum de fumi, à la gloire de l'Olympique, magnifique durant ce mini-Clasico. Un baptême à la ferveur marseillaise, dont ils se souviendront longtemps, comme le garde-corps déformé, martyrisé sous le poids de viriles accolades. Premier contact et sans doute pas le dernier entre ces épatants gamins et le peuple olympien, vexé, frustré, parfois humilié par leurs aînés. Ces amoureux de l'OM qui, quelques heures avant de renouer avec la honte à Lyon, ont assisté, là, au plus bel épisode d'une sordide saison. Ces fadas qui donnent tant, parfois trop, et attendent autant.
À défaut de s'attacher aux dirigeants, à leur entraîneur calabrais ou ces joueurs guère impliqués, les regards vont se tourner vers ceux qui hissent haut les couleurs. Ceux dont ils sont fiers. Une bande de potes aussi soudée que talentueuse. Des espoirs, issus du cru (Trigano, Lafont...) ou adoptés (Sternal, Bakola...), mais tous héritiers de l'identité marseillaise. Une génération irrésistible, sacrée championne de France U17, digne ambassadrice du club, entre succès en tournois internationaux et sélections chez les Bleuets. Un collectif qui ne laisse personne indifférent. Et force l'admiration de ses rivaux.
"J'ai vraiment de la sympathie pour cette équipe. Elle a des joueurs de grand talent, mais ce que je préfère, ce qui est frappant, c'est qu'ils s'effacent tous derrière l'objectif commun. C'est une équipe qui vit, dans laquelle personne ne triche ou roule des mécaniques. Elle est à l'image de son entraîneur, Christian Bracconi. La classe. J'ai souvenir du lendemain de notre victoire contre eux (2-1, début décembre), il m'a envoyé un texto pour me féliciter. Ça vous paraît anodin, mais venant d'un club professionnel, je ne connaissais pas. Et je pense que ça explique certains comportements, raconte Guillaume Miquel, coach de Rodez Aveyron FC, dauphin de... l'OM en U19 Nationaux. Normalement, à cet âge, on voit beaucoup de gamins déjà blasés par le foot. Eux ont cette fraîcheur qu'on ne retrouve pas dans les autres centres de formation. Je suis très attentif aux attitudes, car c'est notre seul levier pour concurrencer ces clubs. Et quand je vois ça, encore plus à l'OM où il y a une attente démesurée autour de ces petits, ça me marque forcément."
Le Mans en coupe Gambardella
Dans le paysage de la pouponnière olympienne, l'on a noté une autre anomalie. La reconnaissance de la patrie. Trois minots convoqués en équipe de France (U17). On n'avait plus vu ça depuis belle lurette. Dans les pas de Gaël Lafont (ex-international U16), Yanis Sellami et Darryl Bakola accompagneront le taulier de cette sélection, Enzo Sternal, jusqu'au tour Elite de l'Euro 2024. L'OM, un collectif sublimé par ses individualités ? "C'est pas compliqué, quand Sternal touche le ballon, le stade s'éclaire. Il ne faudrait pas que je le dise, mais je me suis régalé à le voir jouer, concède Guillaume Miquel. Par contre, si vous le mettez dans une autre équipe, vous ne le verrez pas autant. Ces garçons bénéficient d'un cadre super positif. Ils font corps, se défoncent pour le camarade. Et, in fine, ils sont dans les meilleures conditions pour exprimer leurs qualités. Sans trop en faire, sans être hautain, contrairement à ce qu'on peut voir ailleurs..."
Avec eux, tous les espoirs sont permis. Même le plus fou. Celui d'ajouter une seconde coupe Gambardella (après 1979) dans la poussiéreuse armoire à trophées. "Avec les éliminations qu'il y a eues aussi (Lyon, Paris, Nice, Monaco, Lens, Nantes, Saint-Étienne...), ça peut devenir un objectif, concède leur chef de file. Maintenant, on n'est uniquement en huitièmes de finale. En tout cas on est prêt, on est ambitieux, mais on doit rester très, très humble dans la victoire." Après le PSG, il en faudra de l'humilité pour se rendre en Sarthe défier Le Mans, "simple" pensionnaire de Régional 1. Cela tombe bien, ces minots sont sculptés dans ce bois. Celui, aussi, qui rend leur fierté aux Marseillais.
La Provence