Si la popularité se mesure au nombre de fois où un joueur est apostrophé, son nom braillé par une foule en délire, Pierre-Emerick Aubameyang trône au sommet de la pyramide olympienne. Loin devant un certain Leonardo Balerdi, autre chouchou d'un Vel' aux airs enfantin, vendredi midi, jour de reprise en public. Sur la troisième marche du podium... l'inattendu Enzo Sternal. Seize printemps au compteur, aucune apparition sur le banc de Gennaro Gattuso, ni même en réserve. Un plébiscite démesuré. Sorte d'écho aux appels à sa promotion, qui ont fleuri sur les réseaux sociaux, excités par l'idée de la voir prendre le relais de ses aînés partis disputer la coupe d'Afrique des nations. Douce lubie.
Il n'empêche, le Lorrain, arraché à l'ASNL contre un chèque d'un demi-million d'euros en 2022, est la figure de proue d'une "génération dorée", qui fait saliver les supporters marseillais. Ces minots nés en 2006 et 2007, sacrés champions de France (U17) en juin dernier. Cette bande de potes qui rafle tout sur son passage, des tournois internationaux (notamment face au Real Madrid cet été) aux honneurs nationaux (leader de sa poule U19 Nationaux). Ces espoirs qui pointent doucement le bout de leur nez, récemment convoqués aux séances orchestrées par "Rino". Vendredi, trois d'entre eux ont eu la chance de fouler la pelouse du Vélodrome : Gaël Lafont (17 ans), Darryl Bakola (16 ans) et, donc, Enzo Sternal. Si les Yanis Sellami (milieu, 16 ans), et autres Keyliane Abdallah (attaquant, 17 ans) figurent dans les petits papiers, l'OM mise gros sur ce trio... tout en sachant que la route est encore longue et semée d'embûches.
Un contrat pro pour Lafont ?
Sur le chemin menant à la cour des grands, Gaël Lafont, capitaine de l'escouade engagée en coupe Gambardella, a pris un peu d'avance. L'Aixois, ancien pensionnaire de l'équipe de France U16, a d'abord la force de l'âge. Plus mûr que ses partenaires, il s'est déjà forgé une petite expérience en Youth League la saison passée (3 matches, 1 but), avant de décrocher le Graal avec les U17. Sa progression linéaire l'amène aujourd'hui en réserve (National 3), où malgré son manque d'expérience, il a rapidement pris les rênes du milieu de terrain. Libre le 30 juin prochain, Marco Otero, le patron de la formation olympienne, négocie avec ses représentants les contours de son premier contrat professionnel.
Un statut dont bénéficie Enzo Sternal depuis le 28 mai, jour de ses 16 ans, selon une clause négociée lors de son arrivée. Si cet ailier aux crochets dévastateurs fait autant saliver les fidèles olympiens, il le doit en partie à ses coups d'éclat chez les Bleus de José Alcocer (14 sélections, 4 buts), encore en novembre lors des éliminatoires de l'Euro-U17, mais aussi à sa communication, déjà bien ficelée, via son compte Instagram. L'année écoulée a été celle d'un apprentissage parfois rude, mais accéléré, pour cet ailier de poche. Mis sous le feu des projecteurs, Sternal a dû digérer, non sans mal, sa nouvelle notoriété et le concert de louanges à son égard. À côté de ses crampons au printemps, il a progressivement relevé la tête avec en point d'orgue sa prestation déterminante en finale du championnat U17. Fer de lance de l'attaque marseillaise en U19 cette saison (13 apparitions, 7 buts), le Nancéen n'a néanmoins pas marqué le jeu de son empreinte. Histoire de poursuivre sa progression et se forger physiquement, point sur lequel ses détracteurs appuient, celui qui est lié à l'OM jusqu'en 2025 va (enfin, diront certains) intégrer les entraînements de la réserve ces prochains jours.
Il y retrouvera Darryl Bakola, de six mois son benjamin. L'ancienne promesse du Red Star a clairement le vent en poupe. Patron du milieu de terrain, irrésistible durant la campagne victorieuse des U17 Nationaux, il est aujourd'hui considéré comme le plus gros potentiel de la pouponnière. En avance physiquement et tactiquement, ce phénomène de précocité (il a soufflé sa 16e bougie le 30 novembre) marche sur le championnat U19... à un poste qui n'est pas le sien. Aligné en pointe, pour compenser l'absence d'un réel buteur, le natif de Clichy s'est parfaitement acclimaté (5 réalisations) à ce nouveau rôle... même si cette utilisation à "contre-emploi" pourrait, à la longue, faire grincer les dents du clan Bakola. À voir si cela fera pencher la balance du mauvais côté quand la question de son avenir sera sur la table. Les plus prestigieuses écuries européennes savent pertinemment que son contrat aspirant expire en juin 2025. Conscient de l'enjeu, l'OM ne souhaite pas entrer dans la surenchère. Affaires à suivre.
La Provence