Information
Football : recalé par l’OM au dernier moment, Maël, 14 ans, voit son rêve s’envoler
Il a fallu trouver les mots. Stéphanie, la maman de Maël, ne s’en sentait pas la force – « tellement j’avais du chagrin pour lui ». C’est son mari, Emmanuel, qui a annoncé la mauvaise nouvelle à leur fils. Maël, 14 ans, a évidemment fondu en larmes quand il a appris qu’il ne rejoindrait pas cet été le centre de formation de l’Olympique de Marseille à l’issue de sa dernière année à l’Institut national du football de Clairefontaine.
« Il a accusé le coup pendant quelques semaines, mais ça va mieux maintenant, il s’accroche, a toujours espoir d’intégrer un club professionnel, confie Stéphanie Quincé. En attendant, il a pris une licence à Montrouge pour la saison prochaine, et je l’ai scolarisé en seconde générale dans notre lycée de secteur, à Antony. Tout a été remis en question… »
Mi-avril de cette année, Ludovic Paradinas, nouveau responsable de la cellule de recrutement de l’OM, remet en doute l’engagement de Maël, défenseur d’Orly à l’époque, à travers un accord de non-sollicitation (ANS, premier contrat qui lie un jeune à un club) signé le 2 août 2021 dans la cité phocéenne, avec un contrat d’aspirant de trois ans à la clé. « Maël a été repéré par Nasser Larguet (ex-directeur du centre de formation de l’OM). Il n’avait pas encore 12 ans, et en a pris plein les yeux en visitant le centre, sans parler des photos avec le maillot », se souvient sa maman.
Jugé par l’OM « pas prêt à être surclassé en U17 Nationaux »
La raison de cette volte-face ? Le physique de l’arrière latéral licencié cette saison à Antony. Celui qui mesure 1,69m, est jugé « trop frêle », selon son entourage, rapportant les propos avancés, alors que la catégorie U16 venait d’être supprimée par Marseille.
Stéphanie Quincé poursuit : « Ils ont jugé que Maël n’était pas prêt dans l’immédiat à être surclassé en U17 Nationaux, ce qui peut paraître surprenant puisque la nouvelle direction ne l’a jamais vu jouer (ce que l’OM dément). Mon fils n’a pas non plus participé à un stage à l’OM depuis plus d’un an. C’était soit on annule l’ANS, soit Maël s’entraîne avec les U17, est scolarisé au sein de l’OM sans en avoir de garantie par écrit, tout en signant une licence dans un club partenaire pour disputer des matchs le week-end. Et évidemment, plus de rémunération, autour de 500 euros par mois. On nous a laissés un peu de temps pour réfléchir. Nous, on leur a demandé pourquoi ils avaient attendu autant de temps pour nous prévenir. Ludovic Paradinas nous a répondu qu’il aurait eu du mal à nous le dire avant, étant arrivé à son poste en mars. »
Du côté de l’OM, on explique ce choix par un changement d’orientations de manière globale, qui a incité le club à réévaluer l’ensemble des joueurs recrutés. Dur à accepter pour la famille qui s’était déjà projetée sur sa vie future, loin de la région parisienne.
« On avait mis notre maison en vente »
« On s’était aperçu que Maël avait énormément de difficulté à vivre la séparation quand il était à Clairefontaine, et là, il allait partir à Marseille, alors on a décidé de le suivre, explique sa maman. En décembre dernier, j’ai annoncé à l’OM que mon mari, fonctionnaire, avait été muté à Marseille. De mon côté, je travaille dans le secteur de la petite enfance et j’avais prévenu que je ne renouvellerai pas mon contrat en juillet. On avait mis notre maison en vente. Dans notre tête, on partait là-bas pour trois ans, en location, auprès de Maël, qui devait rentrer tous les soirs à la maison comme c’était prévu… »
Autant dire que les Quincé sont tombés de très haut. Le papa se trouve toujours à Marseille dans un studio qu’il loue, à plus de 700 km de sa femme et ses enfants. « Après, c’était notre choix de l’accompagner, on ne nous a pas forcé la main même si on dépense de l’argent aujourd’hui pour rien maintenant. J’ai pu rattraper le coup concernant mon travail. Notre maison n’a pas non plus été vendue. Maël a effectué des essais au Paris FC et à Nancy qui semblait intéressé, mais vu la situation du club… Il s’est dit à un moment : On ne croit pas en moi, on ne me fait pas confiance. Il a tellement envie de prouver qu’on s’est trompé sur lui… »
Le Parisien