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Formation : l’OL et l’OM jamais à la même école
Entre l’OL, réputé pour la qualité de son centre de formation, qui peut aujourd’hui encore évoluer en Ligue 1 avec 7 ou 8 joueurs du cru, et l’OM, misant essentiellement sur les profils de joueurs confirmés, les stratégies de ces deux clubs en reconquête divergent.
Les deux Olympiques du football français ont peu de points communs, si ce n’est peut-être celui de leur palmarès vierge depuis 2012 et les victoires de l’OL en Coupe de France , et de l’OM en Coupe de la Ligue aux dépens… de l’OL .
À la recherche de leur lustre passé, les deux clubs avancent avec des stratégies correspondant aux caractéristiques des deux villes. Plus de couleur et d’exubérance à Marseille, plus de sobriété et de stabilité à Lyon, même si les temps changent aussi puisque, depuis quatre ans, l’OL a connu autant d’entraîneurs, 4 (Sylvinho, Garcia, Bosz, Blanc), que l’OM (Villas-Boas, Larguet, Sampaoli, Tudor).
Ce qui fait toujours la différence en revanche, c’est le rapport à la formation . Alors qu’en moyenne, six à sept à joueurs formés au club jouent régulièrement en équipe pro à Lyon, parmi les Lopes, Riou, Gusto, Lukeba, Caqueret, Tolisso, Aouar, Cherki, Barcola, Lacazette, aucun n’émerge dans l’équipe marseillaise.
Le départ de Kamara à Aston Villa l’été dernier, sans que son club formateur ne touche d’indemnité, ou celui de Lopez à Sassuolo en 2020 pour 2 millions, n’ont il est vrai, pas rapporté à l’OM les fruits escomptés.
Le credo de l’OL : stabilité, proximité, savoir-faire et patience
On ajoutera que la détection des futurs talents n’est pas le point fort de l’OM, malgré un large bassin de prospection, alors qu’elle est érigée en technique de pointe à l’OL. Dans le Rhône et en Rhône-Alpes, l’OL affiche son label et effectue l’essentiel de son recrutement (80 %). « L’axe Paris-Marseille et d’autres réseaux extérieurs » (partenariats étrangers notamment), constituent les 20 % restant, selon Jean-François Vulliez, directeur du centre de formation de l’OL. Les contextes de proximité familiale et de confiance dans la qualité de la formation, sont les marqueurs de la réussite du club.
« C’est notre identité, même le président parle de la formation comme d’un pilier . Or, à l’OM, si le nouveau président, Pablo Longoria en a parlé à son arrivée, il est plus tourné sur des joueurs confirmés et la post-formation », poursuit-il. À l’OL, on n’est pas en reste sur ce concept de post-formation non plus, qui permet parfois de belles plus-values en cas de revente, mais le credo reste toujours la formation, et l’acquisition de compétences par des jeunes arrivés à 14, 15 ou 16 ans.
« Le critère numéro 1, c’est la stabilité, au niveau de la gouvernance, de la direction technique, des entraîneurs, et il faut aussi beaucoup de patience. On a une image de compétence et de qualité avec des éducateurs qui font progresser nos jeunes au fil du temps à l’image d’un Castello Lukeba », appuie-t-il.
À Marseille, où la passion pousse plutôt à l’impatience, on avait bien entrepris de suivre le chemin de la formation ces dernières années. « Il faut croire en notre potentiel. Faisons en sorte que l’OM garde une grande stabilité, et que les autres clubs s’inspirent de l’OM, pas l’inverse », avait avancé Nasser Larguet, un formateur reconnu, nommé directeur du centre de formation du club phocéen à l’été 2019.
L’OM au nom de l’instabilité
Le Franco-Marocain, qui a dû assurer l’intérim en Ligue 1 entre le départ d’André Villas-Boas et l’arrivée de Jorge Sampaoli, aurait pu être le guide, mais il a démissionné en avril 2022, et occupe aujourd’hui les fonctions de directeur technique de l’Arabie saoudite.
« Sans stabilité, reprend Vulliez, c’est comme si on lançait pièce en l’air pour essayer de sortir de bons jeunes. Nasser Larguet avait commencé à créer les fondations, mais il est parti, et ça a recréé des perturbations, avec de nouveaux entraîneurs venus d’un peu partout. C’est difficile, dans ces conditions, de créer cette culture de formation. »
En 2019, l’OM de Nasser Larguet s’est du reste tourné vers un ex de l’OL, en faisant appel à Maxence Flachez, ex-entraîneur des U19 et de l’équipe N2 à Lyon, pour prendre en main la réserve. Il y est resté jusqu’en 2022. Aujourd’hui, le centre de formation de l’OM est dirigé par Yann Danielou, et il reste du chemin à faire pour se rapprocher du standing de l’OL.
Le Progrès