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Quel avenir pour la post-formation ? Pour renforcer à court terme sa pouponnière dont le rendement est jugé très insuffisant, l'OM a recruté ces deux dernières saisons de nombreux joueurs censés flirter avec l'effectif pro. Le succès n'est pas encore au rendez-vous
Vingt mois, onze recrues*, trois heureux élus. Des larmes, un but et une apparition fugace dans le temps additionnel d'une nuit en enfer pour François-Régis Mughe. Huit petites minutes sur le champ de Francis-Turcan pour Bartug Elmaz. Un temps de jeu sensiblement supérieur (deux minutes contre Toulouse au Vélodrome, huit à Martigues), avant de filer à Valenciennes, en prêt, pour Salim Ben Seghir. Rares ont été les occasions, pour les fidèles olympiens, de prier les furtifs prophètes de la post-formation marseillaise. Des fruits cueillis presque à maturité dans les vergers extérieurs aux Bouches-du-Rhône, moyennant parfois quelques millions, sous l'impulsion du président Longoria. Des fruits qui peinent à retrouver leurs couleurs dans les paniers de la pouponnière, au lieu de prendre la lumière en équipe première.
"Une vraie volonté de changement"
À l'instar de leurs prédécesseurs Frank Anguissa et Bamba Dieng, respectivement frappés des sceaux Labrune et Eyraud, ces "forts potentiels", parachutés sur les bords de la Méditerranée entre 16 et 19 ans, ont, dès leur présentation, été affublés de l'étiquette centre de formation. Sas de décompression obligatoire, avant de plonger dans le grand bain. Question de semaines, voire de trimestres.
Concernant la récente cuvée, le gros quart d'heure sous le feu des projecteurs du trio Mughe-Elmaz-Ben Seghir est un bien maigre bilan. L'on comprend mieux l'impatience de ceux ayant succombé à ces promesses, ou des curieux s'interrogeant sur la pertinence d'épouser pareille stratégie. Une onéreuse politique souvent considérée comme une entrave au développement des minots, les "vrais", du terroir. "Il y a une vraie volonté de changement. On veut le meilleur. Mais on ne peut pas tout révolutionner du jour au lendemain", souffle-t-on à La Commanderie.
Le recrutement massif de ces pièces rapportées est supposé combler le fossé séparant la structure olympienne de ses concurrentes françaises. "Dans le foot, on doit toujours jongler entre l'exigence du quotidien, encore plus à l'OM où la pression est énorme, et la construction d'un projet pérenne, rappelle-t-on. Cette première vague de post-formation a répondu à des besoins sur le court-terme." Court-termiste et aléatoire. Histoire de figurer, au moins honorablement dans ses championnats et sur la scène européenne, l'Olympique a attiré dans ses filets des Bilal Nadir, Esey Gebreyesus, Jelle Van Neck ou Roggerio Nyakossi. Force est de constater leur manque d'efficience. Bon dernier de sa poule de Youth League (0 victoire, 2 nuls et 4 défaites) à l'automne, l'OM peine aussi en National 3 (6e, décroché par le leader cannois) quand il s'accroche au podium en U19 Nationaux, derrière les valeurs sûres Toulouse et Montpellier.
Pour retrouver le sourire, il faut plutôt se tourner vers les générations 2007 et 2008, dont la figure de proue est Enzo Sternal (lire ci-dessous), caracolant chez les U17 ainsi que dans les catégories inférieures. Mais là, le cru prime sur la post-formation. En attendant l'éclosion de ces adolescents (outre Sternal, les noms de Darryl Bakola et Yanis Sellami, autres Bleuets en puissance, reviennent avec insistance), Igor Tudor s'est fait une raison. À l'exception de Bartug Elmaz, qu'il convoque régulièrement chaque week-end, François-Régis Mughe et le milieu de terrain malien Soumaïla Traoré, malgré ses lacunes tactiques, le technicien olympien estime qu'ils n'ont pas encore le niveau.
Otero à la baguette
"Certains comme Salim Ben Seghir et Bilal Nadir, qui sont de bons joueurs, n'ont pas été lancés quand ils performaient en réserve. Résultat, ils s'enterrent en N3, perdent de la motivation et n'ont pas l'opportunité d'être prêté à un niveau supérieur, car, malgré leur contrat pro, ils sont considérés comme des amateurs (Ben Seghir a décroché une pige dans le Nord, concluante pour l'instant, après ses entrées contre Toulouse et Hyères en janvier, ndlr), glisse un témoin privilégié de la pouponnière olympienne. Il y a aussi eu beaucoup de déchet cet été."
Les recrutements du gardien belge Jelle Van Neck (qui a disparu des radars), du défenseur suisse Roggerio Nyakossi (acheté 2 millions au Servette FC), des milieux Anglais Emran Soglo (ex-Chelsea) ou franco-malgache Sayha Seha (ex-Troyen attiré contre 700 000 €) n'ont, pour l'instant, pas été couronnés de succès. "On a tendance à taper sur les entraîneurs des pros, parce qu'ils ne donnent jamais leur chance aux petits. Mais, pour ceux qui ont le talent, c'est aussi à eux de se mettre un coup de pied aux fesses, insiste un recruteur qui a ses habitudes à l'OM Campus. Elmaz, par exemple... Techniquement, c'est très fort. Aussi bien, voire mieux que certains milieux de Tudor. Il a une qualité de pied monstrueuse, mais joue sur le même rythme. Il va falloir le tester, voir ce qu'il donne au très haut niveau, s'il est capable de hausser son niveau dans l'implication."
Au vu de l'échec relatif de cette politique et, surtout, de sa volonté de façonner un centre de formation alliant "ambition et exigence", l'OM entend clairement réduire la voilure. "Ces opérations extérieures ne seront que des opérations ponctuelles, précise-t-on. Quand on analyse les structures de pointe, il apparaît évident que les éléments issus de la région ont un pourcentage de réussite beaucoup plus élevé." Intronisé directeur de l'académie cet été, Marco Otero a aujourd'hui la main sur l'organe décisionnel. Pour l'assister dans sa quête de diamants bruts piochés dans les mines étrangères, Ludovic Paradinas a récemment rejoint son équipe. L'ancien responsable du recrutement en France pour la société de conseils BM Foot orchestrera l'armée de scouts chargée de dessiner l'OM d'après-demain, ainsi que la post-formation. Avec parcimonie. Et davantage de succès ?
*Salim Ben Seghir, Bilal Nadir, François-Régis
Mughe, Soumaïla Traoré, Jelle Van Neck, Bartug Elmaz, Roggerio Nyakossi, Emran Soglo, Esey
Gebreyesus, Sayha Seha, Ange Lago.
