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JEUNES DANS L'OMBRE DES PROFESSIONNELS, LES U19 DE L'OM PARTICIPENT À LEUR LIGUE DES CHAMPIONS. TOUR D'HORIZON DE CETTE ATYPIQUE COMPÉTITION; Youth League... quèsaco ?
La Provence
Tristan Rapaud
4 octobre 2022
L'automne balbutie, les feuilles flétrissent, les chaleurs se tarissent et... les catalogues de Noël, déjà, ressurgissent. L'occasion de constater qu'au fil des printemps la jeunesse conserve ses menus plaisirs. Décidément, les enfants aiment faire comme les grands. Pour assouvir leurs désirs, le dieu de la consommation n'a guère eu besoin de se creuser les méninges. Une dînette pour les mordus de cuisine, les amateurs de bricolages auront leurs outils en plastique, les âmes maternelles et paternelles choieront un poupon, tandis que les doux rêveurs de Ligue des champions, enfin les plus doués (ou chanceux) d'entre eux, disputeront la Youth League. Cette dernière invention est, elle, l'oeuvre de la divinité européenne du foot, nommée UEFA par ses fidèles.
Façonnée en 2013 sur l'autel de la NextGen Series, l'adolescente compétition mime les codes de la C1, à destination des plus petits. Une phase de poule suivie de rencontres à élimination directe, les mardis et mercredis comme théâtre des hostilités, sur le pré la fine fleur du Vieux continent et un panthéon n'ouvrant ses portes qu'aux habitués (Chelsea, Barcelone, Real Madrid, Porto, Benfica) tout en prenant soin de les fermer aux éternels recalés (Paris SG et Manchester City). Un incontournable auquel l'Olympique de Marseille a succombé, cette année. Deuxième apparition après l'édition inaugurale (la cuvée 2021-2022 a été annulée) ponctuée en queue de peloton, derrière Arsenal, Naples et Dortmund, mais avec 7 points de plus que les aînés.
Yakine MMadi et les siens feront-ils mieux que la bande d'Igor Tudor ? Réponse le mardi 1er novembre, à l'issue d'un OM-Tottenham classe biberon. D'ici là, peut-être, les supporters olympiens auront cerné toutes les subtilités de la Youth League. Épreuve prisée rivalisant, parfois, de complexité avec... les tirages au sort de cette fumeuse (fameuse, pardon) UEFA.
la c1 des enfants
et la voie des champions
Participer à la Youth League n'est pas qu'une question de talent, c'est aussi une histoire d'opportunité. Se calquant sur le format de la Ligue des champions, la "Ligue de la jeunesse", pour les réfractaires aux anglicismes, s'articule autour de 32 équipes, chacune issues des formations engagées en C1. Les juniors sont divisés en huit poules identiques à celles des professionnels, idem pour le calendrier. Les joutes se déroulent, elles, quelques heures avant le grand barnum. À l'issue des six journées, le leader est directement qualifié pour les 8es de finale, les deuxièmes devront, quant à eux, passer par la case barrages où l'attendent les huit vainqueurs de la "voie des champions". Ce tournoi parallèle regroupe les champions nationaux U19 des 32 associations détenant le meilleur indice UEFA. Un écrémage est organisé via deux tours préliminaires, en parallèle. Représentant français, cette saison, Nantes espère toujours rejoindre l'OM et/ou le PSG cet hiver. À noter que la phase à élimination directe n'adopte pas le format aller-retour.
avec quels joueurs ?
Lorsque l'OM a attiré dans ses filets, cet été, Bartug Elmaz (2003), Roggerio Nyakossi (2004), voire, à un moindre degré, Emran Soglo (2005) et Sayha Seha (2005), pour renforcer sa pouponnière, l'on pensait que la maison ciel et blanc aiguisait ses lames en vue de la Youth League. Or, contrairement au gardien belge Jelle Van Neck (2004, auteur du but de l'égalisation contre Francfort, au bout du temps additionnel), François-Régis Mughe (2004) et Soumaïla Traoré (2004), les premiers cités n'ont jamais été convoqués par Michaël Lebaillif, chef d'orchestre des U19 olympiens et de la "sélection" coupe d'Europe. La raison se cache dans les règlements. "Pour faire simple, la veille de match, on choisit 20 joueurs qui répondent à certaines spécificités : on a le droit d'aligner autant de U19 que l'on veut (nés en 2004, 2005 ou plus jeunes) et trois seniors 1er année (né en 2003) qui sont au club depuis au moins deux ans (ce qui élimine de facto Bartug Elmaz, ndlr). Autre règle importante, on ne peut pas avoir, au total, plus de six éléments qui ne cochent pas cette case 'ancienneté'", détaille l'ancien formateur du Havre. Par corollaire, l'équipe alignée en semaine ne ressemble à aucune foulant l'OM Campus, le week-end. "Le groupe est principalement constitué de garçons évoluant en National 3, vu que nos meilleurs U19 jouent en réserve. Après on complète avec l'effectif des U19 Nationaux, voire celui des 17 ans, poursuit Michaël Lebaillif, conscient de la difficulté de façonner, ainsi un puzzle cohérent. D'où l'intérêt d'avoir une identité et une philosophie de jeu commune entre les catégories."
le mètre étalon
De l'EUGA Ardziv (National 3) le dimanche à Tottenham le mercredi, les Olympiens sautent dans le grand bain sans sas de décompression. Si les partenaires de Jorès Rahou ne soulèveront certainement pas le trophée Lennart-Johansson, fin avril, leur aventure en Youth League les rapproche, quoi qu'il arrive, de l'excellence. Une opportunité en or, alors que la réserve fait, depuis sa récente relégation, ses dents dans les bas-fonds des championnats "Nationaux". "C'est le meilleur étalon possible. On affronte des formations d'un tout autre calibre. Et je dis cela avec beaucoup de respect et d'humilité vis-à-vis de nos adversaires en U19 Nationaux et Régional 3, insiste Lebaillif. Cette compétition est ce qui se rapproche le plus des exigences du monde professionnel. On rencontre les talents de demain, des collectifs hors normes et des manières différentes de jouer. C'est la principale richesse de cette Youth League."
Une plongée dans les annales illustre son constat. Qui sait... dans les rangs du Sporting, cet après-midi, se trouve déjà les futurs Christopher Nkunku (RB Leipzig), Jonathan Ikoné (Fiorentina), Fikayo Tomori (AC Milan), Tammy Abraham (AS Roma) ou Mason Mount (Chelsea), simples acteurs de la finale 2016 remportée (2-1) par les Blues face aux... Parisiens.
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