Information
MATCH ARRÊTÉ; Longoria : "Je voulais protéger mes joueurs"; Le rapport de l'arbitre, M. Bastien, confirme qu'il ne voulait pas reprendre le jeu et l'a fait, contraint par la LFP et le Préfet. Le président de l'OM assume sa position de ne pas revenir sur le terrain pour des raisons de sécurité
C'était chaud tout de suite, à l'Allianz Riviera. Très animé, très intéressant sur le terrain, mais marqué assez vite par des jets de bouteilles sur Steve Mandanda. Sans autre conséquence que faire monter la tension. Mais quand Payet a été touché, tout a déraillé. Pas au point de voir les deux présidents s'empoigner en tribune comme la rumeur l'a prétendu. La femme de M. Rivère a attrapé le bras de Pablo Longoria, son fils voulait venir en découdre, mais pas les présidents.
"Il y a eu des moments de tension, concède Pablo Longoria. Je peux m'énerver dans un match, contre moi-même ou contre des décisions mais je n'insulte personne. C'est mon éthique. On ne s'est pas attrapé avec le président, il n'y a eu aucun type d'agression. Et c'est José Cobos (ex-joueur de l'OGC Nice, désormais conseiller municipal délégué à l'événementiel sportif) qui a été super, qui a calmé les ardeurs de tout le monde, nous avons parlé en italien."
Dès que la bagarre a éclaté, le président de l'OM est descendu avec une idée bien ancrée dans son esprit. "Mes joueurs étaient blessés, physiquement et psychologiquement par l'agression des Ultras. Jamais dans ma vie, dans le monde entier, je n'avais vu de telles images, sinon un Dinamo Zagreb-Partizan de Belgrade, au début de la guerre des Balkans. Ma résolution a vite été prise, pour une question de principe. Si on accepte ça, on accepte tout. Pour protéger mes joueurs, ils n'étaient pas en sécurité. On peut accepter qu'il y ait des stades plus chauds que d'autres, la pression du public, c'est normal, mais tu ne peux pas accepter la moindre possibilité que des supporters puissent entrer sur le terrain et agresser les joueurs. C'est un précédent très dangereux."
D'ailleurs, au-delà des marques plus ou moins parlantes sur certains corps, les quelques jeunes de l'OM qui découvraient ce monde-là, ont été effrayés.
"Il y a eu d'abord une cellule de crise avec le délégué, l'arbitre, les deux présidents et le Préfet de police. Chacun s'est exprimé et le délégué a dit que le match devait reprendre, poursuit le président de l'OM. Je leur ai répondu que ma décision était de faire rentrer les joueurs aux vestiaires et à Marseille parce que leur sécurité n'était pas garantie. On s'est ensuite retrouvé dans les vestiaires, avec les coaches, les délégués, l'arbitre et les présidents. Celui de Nice était allé voir ses supporters et nous disait que tout allait bien, mais ils n'ont pas cherché à me faire changer d'avis. L'arbitre a expliqué que sa décision était d'arrêter le match et qu'on lui imposait de le faire reprendre pour des questions d'ordre public. Personne ne nous a dit que nous perdions si nous ne revenions pas sur le terrain."
On peut sans doute reprocher à M. Bastien de ne pas avoir interrompu le match dès les premiers jets de bouteille, mais dans son rapport, il a pris une position forte. À l'encontre des pouvoirs publics. En 2017, Bastia-Lyon avait été définitivement arrêté contre l'avis de la Préfecture."L'ordre public ? Mais nous sommes partis et il n'y a pas eu de problème. Et si nous avions égalisé sur ce corner ? Que ce serait-il passé, comment serions-nous sortis du stade ? On ne sort jamais à 1-1", estime Pablo Longoria...
Le président de l'OM a ensuite attendu pour signer le rapport du match. À 2 h du matin, il a appris que ce rapport ne pouvait pas lui être remis car il y avait un problème technique dans le logiciel de la LFP. L'OM a porté réclamation et a reçu le rapport à 3h30 sur le logiciel easyfoot de la LFP. Rapport dans lequel Benoît Bastien stipule bien, par écrit, qu'il ne voulait pas faire reprendre le match, car la sécurité des acteurs était engagée. Mais il l'a fait, contraint par la LFP et le Préfet. Cela devrait peser d'un certain poids auprès de la commission de discipline de la Ligue.
La Provence