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Longoria et la grande réfection à l'OM
Sous l'impulsion de son président, l'OM est en train de réussir son objectif, malgré certaines contraintes financières : reconstruire son effectif à vitesse grand V. Un bouleversement prometteur mais risqué aussi.
À Paris mardi dernier, puis à Marseille mercredi pour présenter Mattéo Guendouzi, Pablo Longoria enchaîne les rendez-vous, les coups de fil et les négociations serrées, alors que les arrivées défilent à l'OM depuis fin juin. Contrairement à Jacques-Henri Eyraud, son prédécesseur, qui détestait le milieu des agents et des transferts, le président olympien est dans son élément.
Le dirigeant et sa cellule de recrutement travaillent beaucoup, ne comptent pas leurs heures mais Longoria s'« amuse » aussi, comme il l'a confié en riant sur la pelouse de l'Orange-Vélodrome, jeudi, lors des photos suivant la conférence de presse de Gerson, l'une des nombreuses recrues de l'intersaison. Et la plus chère jusqu'à présent, puisque l'addition pourrait monter jusqu'à 22 M€. L'OM est devenu effectivement le terrain de jeu de l'Espagnol et de son entraîneur argentin Jorge Sampaoli. Mais on a tellement reproché ces dernières années le manque d'idées et d'audace du recrutement olympien, surtout à l'époque du duo Andoni Zubizarreta-Rudi Garcia, qu'il est difficile aujourd'hui de se plaindre de cette frénésie.
Cinq arrivées sont désormais officielles : Guendouzi (22 ans, milieu), Gerson (24 ans, milieu), Cengiz Ünder (23 ans, milieu offensif-ailier), Konrad de la Fuente (19 ans, ailier) et une tête connue, Leonardo Balerdi (22 ans, défenseur central), transféré définitivement de Dortmund après un prêt la saison dernière. Deux autres recrues vont rejoindre le club dans les jours qui viennent, portant le total à sept : le gardien Pau Lopez (26 ans, AS Rome), en prêt avec option d'achat en fonction du nombre de matches, et le défenseur central gaucher Luan Peres (26 ans, Santos), qui s'engagera lui pour quatre ans contre 4,5 M€.
La venue de William Saliba (20ans), le défenseur central d'Arsenal, n'est, elle, pas remise en cause même si les négociations avec les Gunners pour un prêt sans option d'achat s'éternisent un peu. Et ce n'est pas fini. « Il y a des besoins dans l'effectif actuel, notamment au poste de latéral droit, a expliqué Longoria cette semaine. On cherche aussi au poste de latéral gauche, car il y a des positions qui ne sont pas doublées. Dans notre stratégie, on voulait donner au coach un groupe le plus vite possible pour développer l'identité de jeu qu'il souhaite, en tenant compte des contraintes du marché. »
Jeunes éléments prometteurs, joueurs plus expérimentés, transferts, prêts secs ou avec option d'achat obligatoire, achat de 50 % des droits en attendant plus, comme pour Gerson : Longoria a usé de toutes les ficelles et de tout son réseau pour satisfaire son entraîneur. Sampaoli n'a pas de quoi se plaindre pour l'instant, alors que la marge financière est serrée. Mais Frank McCourt, de passage en France ces derniers jours et à la Commanderie, jeudi, est un propriétaire solide, qui n'a pas hésité à remettre de l'argent cet été - aucun chiffre n'a filtré - pour combler les pertes et impulser le mercato.
Malgré cela, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) a lancé la semaine dernière un avertissement à l'OM, mauvais élève depuis longtemps, en encadrant la masse salariale et les indemnités de mutation du club olympien.
« On peut continuer à recruter car on n'avait pas beaucoup de joueurs sous contrat. Dans le moment de crise que vit le football actuellement, c'est un vrai avantage »
Pablo Longoria, le président marseillais
L'équilibre financier sera une nouvelle fois une priorité pour le boss américain, en espérant de meilleurs résultats dans le futur. Longoria l'a intégré. « Je suis content de ce type de mesure (de la DNCG), a expliqué le président de l'OM cette semaine. Poser des limites, c'est très positif pour le futur du foot français. Nous, on peut continuer à recruter car on n'avait pas beaucoup de joueurs sous contrat. Dans le moment de crise que vit le football actuellement, c'est un vrai avantage. Les clubs qui ont le plus de problèmes sont ceux avec beaucoup de joueurs sous contrat. Heureusement, pour reconstruire le projet, on n'était pas dans ce cas et c'est cela qui nous permet de continuer une politique de recrutement. C'est un mercato préparé depuis l'arrivée de Sampaoli (fin février). On avait les idées très claires. »
Longoria va être attendu sur des grosses ventes
Le départ de certains gros salaires en fin de contrat (Florian Thauvin, Kostas Mitroglou, Valère Germain) ou en prêt (Kevin Strootman à Cagliari) a donné effectivement une respiration. Mais cela ne suffira pas, alors que Longoria veut « un effectif réduit ». Si certains jeunes sont sur le départ, le président phocéen va être attendu très bientôt sur des grosses ventes. Alors que Boubacar Kamara, Duje Caleta-Car ou Nemanja Radonjic sont proposés un peu partout en Europe, l'OM écoutera tout le monde et sur tous ses joueurs en cas de belles offres. Mais pour l'instant, elles ne se bousculent pas.
En attendant, Marseille a beaucoup changé en quelques mois avec toutes les questions que cela engendre. Comment les nouveaux vont-ils s'intégrer au projet ? Comment Sampaoli fera-t-il cohabiter cet effectif aux neuf nationalités différentes ? L'entraîneur argentin a la clé maintenant. Avec un objectif, que McCourt a rappelé aux intéressés cette semaine lors de son passage à Marseille : se qualifier pour la prochaine Ligue des champions.
L'Equipe