Information
Comment Pablo Longoria va réorganiser l'OM
En place depuis la fin février, Pablo Longoria, le président de 34 ans, a esquissé une nouvelle organisation à Marseille. Entre visages juvéniles et vieux routiers, voici comment elle s'articule.
Nommé le 26 février par Frank McCourt, le plus jeune président de l'histoire de l'OM a commencé à réformer le club, à son rythme, sans effets de manches. Dirigeant poli, et bien moins cassant que son prédécesseur, Jacques-Henri Eyraud, Pablo Longoria répond souvent « oui, oui » à ses interlocuteurs au sein de l'OM sur les sujets périphériques, tout en semblant déjà se projeter vers la suite, vers le mercato, la matière qui le passionne.
Les premiers pas : communication et obligations
À 34 ans, l'Espagnol ne s'attendait pas à finir sur le trône, moins de sept mois après son arrivée comme directeur sportif. Il a vite renoué le contact avec les groupes de supporters, leur proposant comme calumet de la paix un avenant à la convention liant le club aux associations, mi-mars. Vendredi 7 mai, il a organisé au Vélodrome une réunion par Zoom entre les leaders et McCourt. Le Bostonien a évoqué une visite prochaine à Marseille, et deux sujets ont été mis sur la table par les responsables de groupes : « JHE », leur ennemi intime, et la vente du club. McCourt a répondu que le champ d'action d'Eyraud se limitait aux bureaux parisiens de l'OM et aux instances, et qu'il ne savait plus quoi faire pour démentir le serpent de mer de la vente. Il a même demandé l'aide des leaders pour relayer ce message à leurs troupes.
Pour le reste, Longoria a découvert les obligations du patron : rencontre avec l'association OM, tournée des clubs locaux partenaires (Martigues), échanges avec des glorieux anciens (comme Éric Di Meco, grand pourfendeur d'Eyraud). Avec la mairie, pas de discussions de fond, pour l'instant, à propos du loyer ou de l'exploitation du stade.
Le sportif : un grand chassé-croisé
Longoria a donné les clés du bâtiment sportif à Jorge Sampaoli, qui a commencé par scalper la cellule médicale, jugée inefficace sur les dossiers Amavi ou Rongier. Le Dr Jacques Taxil a été remercié début mai, et plusieurs membres de son staff vont suivre. Même le chirurgien orthopédiste Abdou Sbihi, installé par Eyraud, ne semble pas à l'abri de cette petite révolution.
Autre secteur entièrement remanié : la cellule de recrutement. Le sale boulot a été effectué par David Friio, nommé directeur technique en mars, qui a eu des conversations houleuses avec les membres de l'équipe en place (Michel Flos, Georges Costa, Emmanuel Clément, Ferhat Khirat). Son ménage effectué, Friio a fait venir de vieilles connaissances, un réseau avec des ramifications nancéenne et mancunienne : Benjamin Brat, Mathieu Seckinger, Mathieu Louis-Jean... Une escouade complétée par Sergio Santomé (ex-Valence), un proche de Longoria.
Le président a décidé de rester en première ligne sur le mercato, et il négociera les gros dossiers. En mars, il a aussi promu Matthieu Bouchepillon directeur de la performance en charge de la collecte et de l'analyse des données techniques. Cet ancien du milieu de la banque avait été embauché fin 2019 par Eyraud à la suite de ses tweets sur le compte @Omalytics, il chapeaute aujourd'hui trois analystes.
L'administratif : une refonte profonde
La garde rapprochée d'Eyraud, le directeur général Hugues Ouvrard et l'ancien monsieur sécurité Thierry Aldebert, a été évincée. À partir du 1er juin, Longoria sera épaulé par Pedro Iriondo. Il recherche deux DG adjoints (un premier en charge du business et un second en charge des finances et de l'exploitation). Pour le premier poste, Pauline Gamerre (FFF, ex-Red Star) fait face à deux autres candidats (une femme et un homme), et Longoria n'a guère apprécié que son nom sorte dans la presse.
Placardisé par Eyraud, Laurent Colette s'occupe de la transition, en DG intérimaire. Pas plus fan de JHE, le directeur financier Baptiste Viprey sait que son sort dépendra des entrants. Devenu un grand ancien du club, après avoir fait ses gammes sous Vincent Labrune, le directeur juridique Alexandre Mialhe gère son couloir de nage, tout comme Hervé Chalchitis, un vétéran responsable des sujets sécurité et supporters, ou la DRH Cécilia Barontini, nommée à ce poste en 2020.
Jacques Cardoze a récupéré la direction de la communication, vacante après le départ de Grégoire Kopp en janvier. Le journaliste devra composer avec la cheffe de presse Élodie Malatrait. Dans l'ombre, celle-ci forme un duo de choc avec Véronique Lopez, l'ex-assistante personnelle d'Eyraud. Malatrait essaie de se rendre indispensable à Longoria, alors que Lopez a récupéré la conciergerie des joueurs, autrefois dévolue à Virginie Dho. Proche d'Eyraud et de Pamela Anderson, l'ex-compagne très médiatisée du défenseur Adil Rami, Dho avait accédé à un poste clé du Vélodrome, la gestion du Club 1899, réservé aux VIP, il y a quelques saisons. En conseillers extérieurs, le chef d'entreprise Richard Caillat et l'avocat Olivier Grimaldi, un intime de Labrune, ont l'oreille de Longoria.