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"Ici, ce n’est jamais simple"
RÔLE Débarqué en tant que conseiller de Pablo Longoria en novembre 2023, Medhi Benatia attendait des garanties avant de parapher un bail de deux ans et demi comme directeur sportif.
Le jour de notre entretien, le 20 novembre dernier, Medhi Benatia a été très clair. Pour continuer sa mission à l’OM, il attendait des garanties sur les gens embarqués dans le projet porté par Pablo Longoria avec Roberto De Zerbi et surtout, il souhaitait rester focus sur les échéances sportives d’ici la fin de l’année civile avant de penser à son cas personnel. "Jusqu’à preuve du contraire, je suis conseiller sportif. Mon contrat s’arrête fin décembre, mais c’est bien la dernière chose qui m’intéresse. Je pense plus au prochain match (le déplacement à Lens, ndlr). Pablo le sait. Le reste… On a beaucoup parlé de la déclaration du coach (après la défaite contre Auxerre, "Si je suis le problème, je pars"), devait-il le dire ou pas. Mais il a dit ça simplement pour faire passer le message que s’il n’arrivait pas à obtenir plus de ces joueurs-là, il ne serait pas le problème, que l’argent qu’il touche n’en serait pas non plus et qu’il s’en irait. En venant me chercher, Pablo sait qu’il peut avoir plein de problèmes, plein plein de problèmes (sic), mais pas de problèmes de contrat ou d’argent. Je n’ai pas besoin de l’OM pour vivre, je n’ai même pas besoin de travailler, tout simplement", tonnait l’ancien défenseur.
"Ça vaut le coup"
"Si je le fais, c’est que j’aime faire les choses qui me plaisent, et que je sens que ça vaut le coup d’y laisser du temps et la santé, embrayait-il. Mais dans ce club, quand tu fais un pas en avant, tu en fais deux en arrière. Ce n’est jamais simple, spécialement ici (il montre les locaux), dans le bâtiment administratif. Je n’y viens d’ailleurs jamais. Mon rôle est sportif. Je veux bien me prendre la tête avec un coach, me disputer avec un analyste vidéo ou un joueur, mais je n’ai pas envie de travailler avec des gens malsains, comme il y en a dans beaucoup de clubs de foot. Ça se passe partout, mais ici peut-être un peu plus qu’ailleurs. Ça, je ne peux pas. Personne n’en parle en principe, mais moi je vous le dis car je n’en ai rien à cirer. Vous voyez ? Quand je dis que Pablo sait ce qu’il va trouver en venant me chercher, c’est que tu ne peux pas me dire de rester dans une case, ce n’est pas possible. Personne n’y est arrivé."
Benatia a reconnu avoir hésité au moment d’accepter le challenge proposé par Longoria : "Il m’a dit que je connaissais le club, la ville et qu’il avait besoin de quel-qu’un qui connaisse l’environnement marseillais. Je le connais tellement bien qu’au départ je n’avais pas spécialement envie de venir. Je lui ai dit que je vivais à Dubaï en famille, que je ne me voyais pas revenir tout de suite en France", avouait-il, avant de finalement donner son accord. Marqué par ses passages dans des institutions telles que le Bayern Munich ou la Juventus Turin, l’ancien de la Roma se sert donc de ses expériences pour avancer. "Au Bayern, tu vois Hoeness, Rummenigge, Guardiola, ah oui c’est fort, mais derrière, tout est carré. Ça marche dans un seul sens, celui de l’intérêt commun. Ici, on doit aller dans le sens des intérêts de l’OM, pas des intérêts personnels. Et des intérêts personnels, il y en a trop dans ce club ! Je le répète, ce n’est pas le seul, et je le comprends. Il y a peut-être des gens qui ont des crédits sur 20 ans, qui sont à l’OM, qui voient des transferts de 15 ou 20M¤, ça peut monter à la tête. Je le comprends, je n’arrive pas d’une autre planète, mais je n’accepte pas de travailler avec des gens comme ça. J’ai le droit. Aujourd’hui, avant même de parler de contrat, je veux donc savoir si on peut travailler correctement, si c’est sain, si on est sûr que chacun veut bosser dans l’intérêt de l’OM. Est-ce qu’on veut le mieux pour le club ?, interrogeait-il. Relancé sur "les tensions au centre de formation avec Marco Otero, par exemple", Medhi Benatia s’est fait cinglant : "Je n’ai pas de rapports avec lui, il ne peut pas y avoir de tension." Quelques jours plus tard, le Suisso-Espagnol était écarté par le club olympien.
"Peut-être que je ne gagnerai rien avec l’OM, mais j’aurai servi à nettoyer tout ça, à l’améliorer. Avec Pablo, Fabrizio (Ravanelli) et moi, les idées sont là, ce n’est pas ce qui manque. Faut-il pouvoir les mettre en pratique, avoir envie de faire évoluer les choses, soufflait-il. Si on n’y arrive pas… On est relativement jeunes et comme je le dis toujours, je suis prêt au combat pour ceux qui veulent combattre et je suis sans doute plus endurant que ceux qui se pensent endurants… Je suis jeune, j’ai 37 ans, s’il faut se bagarrer tous les jours pour faire changer les choses, on va se bagarrer. Je n’ai aucun problème avec ça. Je sais ce que c’est un club de foot qui fonctionne."
Mon contrat s’arrête fin décembre, mais c’est bien la dernière chose qui m’intéresse...„
Attaché à la cité phocéenne, Medhi Benatia, qui fait les allers-retours à Dubaï, pourrait installer femme et enfants à Marseille s’il accepte le contrat de deux ans et demi préparé par Longoria. Ce qui est la tendance du moment, les discussions avançant dans le bon sens. "Si je dois être amené à rester, ce sera une possibilité, confirmait-il alors. Ils adorent quand ils viennent ici. La mamie est à côté, ça n’a pas de prix, j’ai mes quatre sœurs aussi. Mes enfants n’ont pas eu l’habitude d’avoir la mamie et les tatas pas loin, on était tout le temps à l’étranger. Ils adorent ! (…) Ils n’attendent que ça, en vérité, que je les appelle pour leur dire de venir… Je réfléchis encore un petit peu, je vais voir comment se passe la fin d’année. Mais si j’ai dit que je ne pouvais accepter que l’OM, c’est aussi par rapport à Marseille. Je ne rêvais pas de revenir en France, j’étais plus attiré par un projet en Italie. Mais Marseille représente tellement par rapport au club, à la passion, à ma famille, que ça me fait positiver chaque jour et j’y trouve la force de mener à bien ce projet."
Dans ce club, quand tu fais un pas en avant, tu en fais deux en arrière.„