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OM; "La dernière chance de Longoria"; Le champion d'Europe 1993, Éric Di Meco, attend que le président de l'institution olympienne redresse la barre après une année ratée, à tous les niveaux. L'ancien latéral espère une large revue d'effectif et un nom moins clinquant sur le banc.
Entre deux prises de parole sur RMC et quelques accords de basse pour son groupe Osiris, Éric Di Meco a dressé le bilan d'une éprouvante saison. Pour La Provence, le champion d'Europe 1993, par ailleurs parrain de la "Maison des parents renaissance de Marseille" (lire ci-dessous), croit toujours en Pablo Longoria, attendu au tournant cet été, où les chantiers sont légion sur les hauteurs de La Commanderie. Le Vauclusien aimerait, aussi, que l'OM tente un pari sur le poste d'entraîneur, plutôt que recruter un nom. Entretien.
Quel bilan tirez-vous de cette saison chaotique de l'OM ?
On ne peut pas dire que la saison est décevante, car les résultats ont tenu le public en haleine jusqu'au mois de mai. Les joueurs ont eu ce mérite. C'est très important. Il n'y a rien de pire que ces années où tu n'as plus rien à jouer dès le mois d'avril. Décevante, non. Mais ratée, oui. Les objectifs n'ont pas été remplis. D'abord sur le plan comptable, vu que l'OM ne s'est pas qualifié en Ligue des champions. Le club n'a pas existé, non plus, en coupe de France, qui est pourtant l'un des seuls titres que l'on peut espérer soulever. Il y a ce beau parcours en Ligue Europa, c'est vrai. Mais il n'efface pas tout.
Après, il y a le côté émotions. Est-ce qu'on a pris du plaisir en suivant l'OM cette saison ? La vérité, c'est qu'on s'est souvent ennuyé... J'avais beaucoup aimé ce que proposait Tudor, l'an passé. J'ai fait partie de ceux qui l'ont toujours défendu. Son équipe était enthousiaste, tournée vers l'avant, parfois déséquilibrée. On a connu des déceptions, des scénarios incroyables, mais il se passait toujours un truc quand tu te mettais devant l'OM. Cette saison, malheureusement, je n'ai jamais ressenti cette flamme qui aurait dû animer l'équipe.
Le caractère de certains joueurs a aussi été pointé du doigt, en premier lieu par ses entraîneurs successifs...
On parle souvent du match retour face à l'Atalanta, pour symboliser cela. Mais je n'arrive pas à dire que les gars ne se sont pas battus. J'ai entendu des supporters fustiger l'attitude des joueurs, en disant qu'ils n'avaient pas envie. Mais tu as forcément envie quand tu disputes une demi-finale de coupe d'Europe. C'est juste que tu as croisé le chemin d'une équipe plus forte, qui était constamment en avance sur toi. Tu n'étais jamais dans le tempo, au final. Pour rivaliser avec ce type d'adversaire, il faut être dans le rythme. Et là, tu t'es fait rouler dessus... malgré la meilleure volonté du monde.
S'il y a bien une constante ces dernières années, c'est bien l'état d'esprit. C'est difficile de leur reprocher quoi que ce soit. J'en veux pour preuve le public qui est dur, mais qui a rarement vilipendé ses joueurs. Les supporters sentaient qu'ils étaient au max. Sauf que le max, c'est celui d'une équipe moyenne. Je ne pense pas que cet effectif pouvait faire mieux que cela.
Même si on était plein d'espoirs en début de saison, avec les arrivées de Kondogbia, Renan Lodi et Aubameyang... Dix mois plus tard, on se rend compte que le mercato n'a pas amené ce que l'on attendait. Trop de joueurs expérimentés ont failli et, à l'arrivée, ça donne les matches que l'on a pu voir ces dernières semaines, avec du déchet technique, des joueurs qui plafonnent vite...
À l'orée d'un été qui s'annonce très mouvement, Pablo Longoria est-il toujours l'homme de la situation ?
Le président l'a dit récemment, ils se sont trompés sur le mercato estival et hivernal, sur le choix du premier entraîneur, puis de ses successeurs. Il y a eu beaucoup d'erreurs. Le problème à Marseille, c'est qu'il y a tellement eu de mouvements de joueurs, d'entraîneurs, ces dernières années, que tu finis forcément par le payer. On a été conciliant car les résultats suivaient, mais quand tu gères un club de cette façon, le jour où ça dérape comme cette saison, tu rends des comptes cash. J'ai l'impression que le président Longoria sait que c'est sa dernière chance. Il ne peut plus se tromper. Avant, il avait du crédit. Plus maintenant.
Mais je pense qu'il est toujours l'homme de la situation. Il y a un tel chantier, par sa faute, que ce doit être à lui de le gérer. C'est à lui de rétablir la situation. Si quelqu'un arrivait de l'extérieur aujourd'hui, dans ce microcosme, avec toutes les péripéties qu'on a connues cette année, la tâche serait trop compliquée. Le président sait qu'il est attendu au tournant. La seule chose qui me dérange, c'est qu'en trois ans, il y a eu une centaine de mouvements sur le marché des transferts. Ce n'est pas possible. Et cet été, alors qu'il va falloir être très actif pour refaçonner l'équipe, tu vas avoir du mal à avancer tes pions. Tu as filé de tels contrats à certains joueurs que cela va être compliqué de les sortir. En réalité, beaucoup de monde doit partir puisque tu n'es plus en coupe d'Europe. La logique voudrait que tu resserres ton effectif, en gardant seulement les joueurs de confiance.
Selon vous, sur quels joueurs l'OM doit s'appuyer à l'avenir ?
Pour moi, Mbemba, Balerdi doivent rester. J'aimerais bien qu'il en soit de même pour Clauss, mais sa position n'est pas évidente à un an de la fin de son contrat et alors qu'il va participer à l'Euro. Il risque d'être pas mal sollicité. J'ai hâte que Rongier revienne. Tu dois t'appuyer sur ces joueurs de club, de devoir, comme lui et Vérétout. Et puis, Aubameyang devant. Avec la saison qu'il a faite, c'est dur d'imaginer l'avenir sans lui. Après, le reste... Tu as tout un secteur offensif à reconstruire. Je pense que sur une équipe type, tu dois en renouveler au moins la moitié. Plus des joueurs d'appoint, susceptibles de les remplacer.
Et cela, sans prendre en compte le poste de gardien, qui est un autre problème. Je n'ai toujours pas compris le remplacement de Mandanda par Pau Lopez. Déjà, à l'époque, j'étais contre et je me suis disputé avec tout le monde. Aujourd'hui, on le paie...
Vous aviez souvent été critique envers Leonardo Balerdi, comment jugez-vous son niveau actuel ? Vous a-t-il surpris ?
Ce qu'il est en train de réaliser aujourd'hui me conforte dans ma position. Il est irréprochable, au-dessus de toutes critiques. Ils ne sont que très peu nombreux à avoir performé cette saison, et lui en fait partie. Mais au début, quand je l'ai vu arriver, que je l'ai vu jouer... Rien que l'an dernier, il te coûte la deuxième place. On a vite oublié toutes ses erreurs, tous les points qu'il t'a fait perdre. Tu l'as payé environ 10 millions d'euros (8M, Ndlr), avec un salaire énorme par rapport à un jeune qui sort du centre de formation. Mais tu lui as donné trois ans et demi pour qu'il atteigne ce niveau. Ce temps, jamais on ne le donnera à un jeune Marseillais. Un jeune du coin, tu le mets sur le terrain. Et si au bout de cinq matches il est mauvais, tu le dégages.
Tous les jeunes qui arrivent là, que ce soit (Raimane) Daou, ou (Gaël) Lafont, tu verras qu'ils ne vont les faire jouer que lorsqu'une hécatombe frappera l'équipe. Et après deux matches à dépanner, ils les sortiront de l'équipe. Mais un gamin, pour qu'il soit performant, il faut lui laisser du temps. Beaucoup de temps. Balerdi, c'est trois ans et demi, plus de cent matches... J'aimerais qu'on donne autant de chances aux petits de chez nous, qu'à Leonardo Balerdi. Car, au bout, on voit que ça finit par payer.
Le premier dossier que doivent boucler les dirigeants est celui de l'entraîneur...
Pour moi, Christophe Galtier serait le coach idéal... Mais est-ce que l'OM va le solliciter, est ce que Christophe sera séduit par ce nouveau projet ? En ce moment, on parle beaucoup de Paulo Fonseca... pourquoi pas. Mais il faut se méfier de cette histoire d'entraîneur. L'entraîneur est devenu tellement important au sein d'un club, peut-être trop... On se rend compte que Lyon passe devant nous avec un technicien (Pierre Sage) qui sort de son centre de formation. Nous, on a bien fini la saison avec un entraîneur qui était à la retraite. Brest se qualifie en Ligue des champions, grâce à Éric Roy qui est resté sur le carreau pendant une décennie. Tu as des entraîneurs avec, soi-disant, des garanties, qui sont passés au travers. De toute façon, il n'y a pas 50 000 solutions, étant donné que tu ne joues pas la coupe d'Europe. Est-ce qu'on ne va pas être obligé de fabriquer l'entraîneur ? Habib Beye, Éric Roy... Il va peut-être falloir faire un pari sur le coach. Mais j'ai l'impression que cette direction veut un nom.
La Provence