Dimanche soir dans les couloirs du stade Océane, on n'était pas le 31 décembre mais l'heure était tout de même aux bilans et aux bonnes résolutions pour cet OM qui a tant déçu cette saison. Les raisons du fiasco du millésime 2023-24 qui se termine sans qualification européenne, si elles sont connues depuis des lustres (instabilité dans l'effectif, greffe Marcelino qui n'a pas eu le temps de prendre, crise de septembre avec les supporters, greffe Gattuso qui a finalement été rejetée, blessures en série, CAN, manque de personnalité du groupe, mauvais comportement et résultats à l'extérieur, greffe Gasset trop tardive et inaboutie...), méritaient d'être développées par le président du club.
Pablo Longoria s'est présenté en zone mixte pour délivrer son analyse de l'échec de l'Olympique, celui de ses joueurs, entraîneurs, dirigeants et aussi le sien, puisqu'il est au sommet de la pyramide olympienne. "On doit faire notre autocritique, nous les responsables. On a déjà analysé, on va continuer. Ça doit nous servir de leçon. Le football c'est de la résilience, il y a des moments négatifs, des positifs, c'est le monde du sport", expliquait le dirigeant espagnol devant les médias après la victoire au Havre.
En dépit de la belle épopée européenne (quoique entamée par une élimination en 3e tour préliminaire de Ligue des champions), l'équipe a failli à sa mission, enquiquinée par les blessures, la CAN, l'absence de continuité sur le banc, la malchance (18 poteaux touchés), et surtout confrontée à ses limites mentales, techniques, physiques. Si la question de savoir qui de l'oeuf ou de la poule est venue en premier est résolue (c'est l'oeuf), celle de savoir qui des joueurs, des entraîneurs ou de ceux qui les ont recrutés sont responsables de la saison ratée est toujours en cours de résolution. Il est intéressant de noter qu'après deux chantiers estivaux bien gérés par Pablo Longoria (2021-22) puis par l'Asturien et Javier Ribalta (2022-23, où même le changement d'entraîneur en urgence de Jorge Sampaoli avait été plutôt maîtrisé), les trois qui ont suivi ont donné peu de réussite individuelle, hormis Pierre-Emerick Aubameyang. À un degré moindre, les remplaçants Amir Murillo (la bonne surprise) et Bamo Meité ont été des doublures honnêtes.
Interrogé vendredi sur les trop nombreux bouleversements lors des fenêtres de transferts, Pau Lopez assumait la part d'échec du vestiaire : "(Malgré beaucoup de mouvements) La saison avec Sampaoli on finit 2e, l'an dernier 3e avec Tudor, et depuis que Pablo (Longoria) est là, c'est la première fois que nous ne sommes pas européens. Peut-être que cette fois c'est plus de la faute des joueurs..."
Un nouveau cercle vertueux ?
Le président de l'OM ne se cachait pas non plus : "C'est un contexte général. Naturellement, si tu finis 8e ça veut dire que tu n'as pas fait de grands mercatos. Je parle humainement : mettre toute la faute sur un président, c'est normal, on est un groupe de travail, je donne la responsabilité à tout le monde. Mais c'est vrai qu'on doit s'améliorer, comprendre les erreurs qui ont été commises. Si un effectif ne prend pas, c'est collectif, il y a des réussites, beaucoup d'erreurs."
Malinovskyi, Vitinha, Ounahi, Ndiaye, Lodi, Sarr, Kondogbia, Correa, Merlin, Moumbagna, Garcia, Onana... À eux 12, combien de très bons matches sous le maillot blanc ? Deux d'entre eux ont déjà quitté le club (Malinovskyi, Lodi), un autre va revenir de prêt (Vitinha), combien seront encore olympiens le 31 août prochain ? Tout le paradoxe est là : si l'OM a parfois trop abusé des transferts en été, une refonte de l'effectif semble cette fois indispensable pour se relancer, sans un budget illimité faute de coupe d'Europe l'an prochain. "Heureusement que la saison arrive à la fin, ç'a été fatigant pour tout le monde, confiait encore Longoria dimanche soir. Il faut nettoyer les têtes et repartir avec une bonne mentalité pour faire une, deux, trois saisons ensemble. La chose importante est de revenir dans un contexte positif, et trouver de la stabilité."
C'est plutôt logique : quand tout allait bien, les dirigeants ont parfois choisi ou subi l'instabilité. Maintenant que rien ne va plus, un peu de calme ne ferait de mal à personne. Une bonne résolution de prise. Mais avant le calme et la tempête du mercato, l'OM ne pourra réellement avancer sans entraîneur, son dossier prioritaire (lire en page suivante). Où, après les erreurs de l'été 2023, il ne devra pas se tromper, sous peine de compromettre une deuxième saison de suite.
La Provence