Afin qu'on puisse débattre en connaissance de cause, voici une traduction des deux dernières questions/ réponses en français :
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Q. Le football de club français est huitième au classement de la FIFA. Quelle est la raison de ce marasme ?
Le football français est à la recherche d'une nouvelle direction. Les problèmes avec Mediapro et la négociation des droits de télévision nous ont fait nous poser beaucoup de questions sur la direction que nous voulons prendre. Je pense que le contrat Mediapro pourrait nous permettre de ne pas être un pays aussi exportateur. Nous sommes à un moment où nous cherchons notre identité en tant que championnat : continuer à être un championnat exportateur de talents dans lequel les joueurs quittent la Ligue 1 à 18, 19, 20 ans et donc il est difficile d'augmenter le niveau, ou être un championnat qui arrive à s'imposer dans le top 5 européen avec plus de sérieux. Je comprends que le championnat français est compliqué par le grand nombre de transitions et la grande puissance physique des joueurs. Lorsque vous jouez à de nombreux jeux, vous êtes submergé par le rythme et vous devez trouver cet équilibre en ajoutant une pause. L'équipe nationale joue de manière spéculative, en cherchant toujours à contre-attaquer et en profitant de la vitesse de ses attaquants grâce à une bonne organisation défensive, mais en Ligue 1, on joue de manière complètement différente, et le PSG essaie d'être très proactif en donnant libre cours aux individus. Il n'y a pas de cohérence logique. C'est à nous, managers qui avons un certain statut dans le football français, de donner une identité très claire à chacun de nos clubs.
Q. Quelles sont les forces et les faiblesses du système français de la jeunesse ?
Tous les clubs vont en France car c'est le pays exportateur par excellence en Europe en raison du mélange des cultures. Mais il y a quelque chose de fondamental qu'il faut comprendre : l'entraînement en France est comparable à l'entraînement des basketteurs aux États-Unis. C'est le football qui se joue encore dans la rue, c'est l'entraînement individuel avant l'entraînement collectif. En matière de football, la France est la NBA de l'Europe. Ils forment des joueurs très individualistes, qui ne s'inscrivent pas dans une idée très concrète du jeu, précisément à cause de cette recherche d'identité. Il n'y a pas de modèle français de jeu en France. Objectivement, si on analyse le monde entier, c'est l'un des pays qui exporte le moins d'entraineurs. Ils ne vendent pas d'idées collectives. Mais individuellement, c'est le pays qui exporte le plus de joueurs car les joueurs français jouent encore dans la rue, notamment dans de nombreux quartiers de Paris, Marseille et Lyon. Là-bas, les enfants jouent encore dans la rue et cela signifie qu'ils ont une formation individualiste qui les aide à faire la différence, mais ils n'apprennent pas à s'intégrer dans un modèle de jeu.
Ce qui apparaît selon moi, c'est que :
1) Son constat n'est pas aussi dépréciatif du football français et il ne met pas en cause les entraîneurs FR pour leurs qualités. il fait juste le constat que le pragmatisme l'emporte sur le concept. Comment lui donner tort ? Y a bien des entraîneurs comme Gourcuff ou même Garcia qui ont un schéma fixe qu'ils défendent mais pour le reste, c'est de l'adaptation tout le temps. Même le DTN de la FFF, Hubert Fournier le dit dans une itw sur Eurosport quand on lui demande si l’école française, c’est le "pragmatisme" plutôt que la théorie. il répond
sans doute, mais est-ce que ce n’est pas ça qui a permis de gagner jusqu’à maintenant ?Qu'on balance que DD et Zidane réussissent, comme l'a fait Kombouaré est hors-sujet puisque Longoria ne dit pas que c'est nul d'être pragmatique, c'est juste que ça n'identifie et que cela ne permet pas aux entraîneurs FR de s'exporter.
2) Le fait qu'on insiste sur la réussite individuelle du joueur parce que le foot FR est un exportateur de talents est un fait indéniable. D'abord parce que le modèle économique des clubs repose sur ça (la plus-value des transferts représentent une part très importante des budgets des clubs depuis des années) et ensuite parce qu'on ne compte plus les déclas de joueurs qui rejoignant l'étranger, s'émerveillent de la place qu'occupe la vidéo, les séances tactiques ou se réjouissent de la vision de leur entraîneur. En France, les mecs se plaignent dès qu'ils doivent passer plus de 3 heures au centre d'entraînement...
3) La place qu'occupe le football de rue dans le parcours des joueurs FR me semble exagéré. La France, ce n'est pas le vaste Brésil avec ses zones rurales très éloignées de tout. On a un tissu associatif très dense avec une détection très poussée. Les meilleurs jouent rapidement en club de quartier puis en centre de formation. Le vrai problème, c'est qu'est-ce qu'on y fait dans ces centres ? Quelle culture de jeu y promeut-on ?