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Pouvez-vous vous présenter, nous expliquer d'où vous vient cette passion pour le football ?
Ça ressemble à ma première journée d'école (rires). Je suis d'Oviedo dans le nord des Asturies. Depuis que je suis petit garçon, je suis un passionné de football, j'essaye de ne rien rater de tous les matchs. Ma famille m'avait acheté des antennes paraboliques. J'achetais toujours tous les magasins sportifs notamment L'Équipe, France Football toutes les semaines. Je m'inquiétais de tout ce qui concerne le football : je cherchais à connaître tous les joueurs, toutes les équipes, à analyser. Après j'ai ouvert un site web, au début d'internet, avant tous les blogs de football. J'ai cherché à mettre toute la passion que j'avais à disposition, à analyser des joueurs, c'était vraiment quelque chose de passionnel.
Vous avez débuté comme recruteur avant de gravir les échelons Pablo Longoria. Est-ce que vous rêviez d'être à un moment donné président d'un club ?
J'ai commencé comme recruteur. J'ai su évoluer comme recruteur au Sporting, puis à la Juventus. Pour moi, c'était comme une sorte d'Université du football : j'y ai appris toutes les choses possibles au niveau de l'organisation. Merci à tous les dirigeants qui m'ont aidé à mieux comprendre la façon dont s'organise le football. Et après, j'ai mis en pratique à Valence, pendant deux saisons, tout ce que j'avais appris à la Juventus comme dirigeant. À Valence, j'ai fait aussi directeur sportif, avec beaucoup de responsabilités à côté d'une des personnes les plus intelligentes dans le football, Mateo Alemany, président et propriétaire aussi de Majorque. Pour moi, à Valence, tous les jours à ses côtés, c'était comme une master class.
Merci à tous les dirigeants qui m'ont aidé à mieux comprendre la façon dont s'organise le football-Pablo Longoria
Après, je suis venu ici à l'OM comme directeur général, avec plus de choses à gérer. Je suis content. Je suis sûr de moi-même avec toute cette évolution naturelle que j'ai eue dans le milieu du football. C'est pour cela que oui, c'est une grande responsabilité d'être ici mais je n'ai jamais eu peur de mes possibilités et je crois que dans toutes les nouvelles positions que j'ai prises, j'ai cherché à apprendre le plus vite possible.
Il va falloir vous affirmer en tant que président, quel va être votre style à la tête de l'homme?
Parler d'un style personnel, c'est toujours difficile parce qu'il faut comprendre les personnes. Cela va être un style basé sur les choses que je sais faire, sur mon expertise du football.
Il y a quelques critiques autour de votre âge Pablo Longoria, vous êtes talentueux, vous connaissez très bien le foot, mais on se dit qu'un président de club a 34 ans à l'OM, c'est juste phénoménal. Est-ce que vous comprenez ces critiques ou au contraire, vous vous dites je m'en moque parce que je suis sûr de moi ?
Je suis dans le football depuis que j'ai 18 ans et je vois beaucoup de dirigeants dans le monde du football, il y a des gens plus âgés que moi mais avec mon expérience. Je suis sûr de mes possibilités et surtout j'ai toujours cherché à me former autant que possible pour pouvoir avoir toujours plus d'ambition pour le football.
Vous connaissez très bien le foot. On vous sent effectivement assez sûr de vous. Vous avez déjà une grande expérience dans le foot, mais pas forcément à Marseille. On l'a vu avec ce qui s'est passé ces dernières semaines au club : il faut aussi connaître ce club, connaître cette ville. Est-ce que vous avez déjà eu le temps, en quelques mois, de ressentir ça et d'avoir assez de relais : il faut connaître des politiques, des personnes, des chefs d'entreprise, les médias, les supporters. Vous vous sentez déjà aussi assez aguerri de ce côté là?
J'ai toujours cherché à connaître les villes où j'ai vécu. J'ai bien connu Turin. Je suis tombé amoureux de la ville. J'ai bien connu Valence où j'ai acheté une maison là-bas parce que j'étais vraiment amoureux de la ville ; depuis que je suis arrivé à Marseille, pour moi c'est quelque chose de fascinant, quelque chose de spécial, une ville magnifique. J'ai décidé d'habiter en ville pour pouvoir ressentir toutes les choses et toute la magie que te donne la ville mais spécialement pour mieux comprendre la ville parce qu'en Espagne, on dit toujours que l'OM, c'est un club spécial : il faut comprendre l'histoire du club, il faut comprendre l'identité du club ; il faut comprendre aussi la ville et ses supporters.
C'est un club spécial : il faut comprendre l'histoire du club, il faut comprendre l'identité du club ; il faut comprendre aussi la ville et ses supporters- Pablo Longoria à propos de l'OM
Pour moi c'est la question la plus importante parce que on doit toujours penser qu'un dirigeant de football doit faire du football pour ses supporters. C'est la chose la plus importante que j'ai apprise ces douze derniers mois. Pour comprendre les supporters, tu dois comprendre la ville, la philosophie de la ville. Pour moi, c'est un avantage d'avoir travaillé avant à Valence parce que si tu parles avec quelqu'un en Espagne, il te dira que c'est le club le plus difficile en Espagne où j'ai vraiment vécu ma meilleure expérience dans le football. Maintenant, j'ai un feeling spécial avec Marseille, avec la ville, avec tous les gens à côté du club, avec ses supporters, c'est quelque chose de magique, quelque chose qu'il faut vraiment bien comprendre. Je ne peux pas dire que je comprends bien la ville parce que ce ne serait pas correct parce que je suis ici depuis six mois. Mais je suis en train de prendre toutes les informations, de chercher à comprendre la culture de la ville, de parler avec beaucoup de personnes qui connaissent bien l'entourage du club. Ça c'est la chose la plus importante.
Vous parliez des supporters, Pablo Longoria. On vous a entendu l'autre jour à la radio sur RMC. On a lu, entendu Frank McCourt. Les supporters depuis disent : "On comprend ce qu'ils veulent dire : il y a de l'ambition, mais comment ? De quelle manière ?" On a vraiment l'impression qu'en vous nommant vous à la tête du club, les pensées de Frank McCourt sont claires : il vous met là parce que vous savez très bien découvrir les pépites et le trading. On a vraiment l'impression que ce sera ça désormais l'OM avec de l'ambition. Est-ce qu'on se trompe ou est-ce que c'est ça et vous le dites clairement aux supporters ?
Faire du football à l'OM avec des garçons de 20 ans, c'est impossible. Il faut toujours travailler dans l'équilibre. Je disais ça depuis que je suis arrivé. Il faut trouver des joueurs avec de l'expérience, il faut trouver des joueurs, avec la personnalité pour jouer dans un club avec l'exigence, la pression qui va avec le fait de porter le maillot de l'OM. Il faut avoir des joueurs performants mais aussi des valeurs en phase avec le patrimoine du club car cela est nécessaire dans le football moderne. Le foot moderne, dans tous les clubs en Europe, c'est une passion, du sport mais c'est aussi un business économique où tu dois trouver le meilleur moyen pour faire la meilleure équipe possible.
Est-ce que ça veut dire aussi (parce qu'on n'a pas entendu de déclaration de monsieur McCourt jusque là à ce sujet) que pour l'instant, il n'y a pas de nouvel investissement financier de la part du propriétaire dans le club ? Parce qu'on le voit, City, PSG, ils ont tous aussi énormément injecté ; derrière il y a des fonds très puissants. Est-ce que Monsieur McCourt va aussi investir à nouveau ?
Ça, c'est une bonne question. C'est une personne ambitieuse. Je crois que nous devons le convaincre du projet. Les trois derniers jours qu'il a passé ici, il est tombé amoureux de la ville, du club. Il était déjà amoureux du club mais surtout il a vu que c'était un club avec beaucoup de potentiel, beaucoup de passion, beaucoup de possibilités pour faire quelque chose de solide pour le futur. C'est normal de poser la question de plus d'investissements ou pas d'investissements. Je crois qu'on doit sortir de cette perspective de vouloir toujours mettre de l'argent. On doit trouver à l'intérieur d'un club tous les moyens pour le faire grandir, pour faire changer les choses. Je vous donne un exemple pratique : à Valence, on a augmenté le budget de 87 millions à pratiquement 200 millions d'euros. Cela veut dire que la performance sportive est supportée par un projet, c'est à dire ensuite la possibilité d'un club.
Les supporteurs se posent la question : ils se disent Frank McCourt, il n'a plus de sous aujourd'hui et quelque part, il ne pourra plus développer le club. En gros, même s'il n'investit pas, il est encore capable, éventuellement, d'injecter de l'argent. Vous répondez oui Pablo Longoria, il a encore les reins solides ?
Je ne suis pas monsieur McCourt pour dire il va investir ou pas. Mon obligation comme président du club c'est toujours de lui montrer le meilleur projet possible avec des équilibres financiers car c'est une nécessité dans le football actuel, dans les circonstances actuelles et spécialement parce que je crois qu'un club de football doit générer de l'argent. Les possibilités que j'ai vues à l'OM depuis que je suis arrivé ici sont incroyablement grandes.
Sur les supporteurs, c'est un dialogue qui a été amplifié, on l'a bien compris avec la venue de Monsieur McCourt ces derniers jours, il y a un véritable nouveau mode de fonctionnement avec les supporters que vous souhaitez mettre en place ?
Je crois que le fonctionnement avec les supporteurs doit être basé sur le respect mutuel. On doit montrer beaucoup de respect parce que tu fais du football pour tes supporteurs. Tu dois écouter les supporters. De la même façon, ils ont montré un très grand respect. Je l'ai vu dans les rendez vous que l'on a fait avec les différents groupes de supporteurs avec Monsieur McCourt, c'était vraiment un grand respect de la part des supporters. C'était vraiment incroyable. Vraiment incroyable aussi l'humanité de Frank McCourt face à ces supporters, parce que c'était vraiment des conversations très humaines et on a ouvert la porte à bien stabiliser nos relations parce qu'on doit travailler ensemble, parce que l'OM doit écouter ses supporters. L'OM doit travailler avec les supporters et on doit avoir la symbiose parfaite entre les supporteurs et le club.
Pablo, vous étiez présent le 30 janvier quand il y a eu cette attaque, vous l'avez vécue vraiment de près. Vous étiez au cœur de tout ça, de ces images qui ont aussi beaucoup marqué et au delà des amoureux de l'OM. C'est pardonné ? Vous repartez sur le bon pied ?
Ce qu'on a vécu ici le 30 janvier, c'est impardonnable et on doit éviter de se trouver dans la même situation. Cette image, ce n'est pas l'image des supporters de l'OM. Ce n'est pas l'image de l'OM et surtout, je crois que ce ne sont pas des vrais supporters de l'OM.
L'image de l'OM, justement, c'est aussi Jorge Sampaoli qui arrive. Il a une réputation assez sulfureuse et ça se termine rarement bien avec ses clubs ou ses sélections. Très honnêtement, vous n'avez pas peur que ça se répète à Marseille, où tout le monde est bouillant ici, y compris les fans ?
J'espère que le jour où Jorge partira de Marseille, on fera comme le président de l'Atlético Mineiro et on lui donnera un maillot avec tous les matches qu'il a fait. Ça c'est un symbole de respect de la part de l'Atlético Mineiro. Surtout que là bas, personne ne connaît vraiment bien le club. Mais tous les commentaires qu'on a eus de tous les clubs où il a travaillé, c'était qu'il est une personne très correcte, très humaine, très passionnée. On l'a vu beaucoup s'énerver dans toutes les conversations, comme avec vous les journalistes et aussi les supporteurs. On comprend que c'est un homme plein de passion. Je crois que ça va bien passer, et j'ai vraiment envie de travailler au quotidien avec lui parce que vraiment, ça va être un nouveau chapitre dans notre histoire qui je pense va être très positif.
Est-ce que ça va être un schéma tactique droit au but ? Est-ce que ça va vraiment être ça ? Vous l'avez dit vous-même, je crois bien, "on doit mettre en place un jeu qui correspond aux supporters ici" ?
Aux supporters et au jeu de Sampaoli, je ne suis pas la personne qui va découvrir Sampaoli, on va voir tous les matchs avec sa philosophie de jeu et surtout, on va voir avec l'équipe son identité, parce qu'il a transmis à toutes les équipes qu'il a entraînées sa propre mentalité, sa propre idée du football qui est très particulière. Il est parfaitement un vrai Marseillais.
Pablo Longoria vous louez les qualités de Jorge Sampaoli ces derniers jours, puisqu'on sait que la mission de Nasser Larguet va vers sa fin. Supporteurs, joueurs, on a entendu aussi des paroles unanimes pour Nasser Larguet et surtout le travail qu'il a effectué. Et en même temps, on a du mal à y voir clair sur son avenir futur, on l'annonce en partance. Déjà, comment avez vous trouvé son travail jusqu'à présent ? Est-ce qu'il est toujours directeur du centre de formation et ce qu'il reste pour l'instant encore en mission sur le banc de l'équipe première ou est ce qu'il est bien en partance, comme on peut le lire ou l'entendre ?
Je vous remercie pour cette question parce qu'hier, j'étais un peu déçu de voir ce qui est sorti en général sur les médias et ce que je lis dans les médias. Nasser a un respect pour notre club incroyable. Il a pris la responsabilité dans un moment très difficile. Nous, on a beaucoup de respect pour Nasser. Il est une personne avec des valeurs humaines et de la compétence sportive de très haut niveau. Quand j'étais à l'Atalanta Bergame, il y a dix ans, on voulait que Nasser s'occupe du centre de formation. Après, il a changé complètement le football au Maroc.
Il est reconnu par tout le monde en Europe comme un des grands formateurs Il va continuer à l'OM, surtout parce que c'est l'un des meilleurs formateurs d'Europe. Nous sommes vraiment contents avec le travail qu'il a fait, on sera content de partager tous les jours avec Nasser ce type de travail. Je ne voulais voir aucune autre personne, parce qu'il est l'homme parfait pour l'OM. Un vrai formateur, une personne avec des valeurs qui sont les valeurs de l'OM. Mais surtout, il a un niveau de compétence très haut avec lequel j'ai le plaisir de travailler au quotidien et spécialement dans cette dernière période. C'est vraiment une personne qu'on veut dans ce projet.
Il va continuer à l'OM, surtout parce que c'est l'un des meilleurs formateurs d'Europe-Pablo Longoria à propos de Nasser Larguet
Mais on dit parfois que c'est un peu difficile entre lui et vous. C'est faux, ça ?
Je crois que ça, c'est chercher toujours des problèmes, de la déstabilisation. La première personne avec laquelle je suis allé dîner ici à Marseille, c'était Nasser. Pour le plaisir de le connaître, parce qu'il est un vrai maître de football. Et j'ai appris beaucoup de choses sur le football français. Merci Nasser ! On a dit beaucoup de choses, je crois, pour chercher des conflits, parce que dans la vie, tout le monde cherche des conflits. Mais vraiment, ce sont des rumeurs sans fondement parce que j'ai un respect pour le parcours de Nasser dans le football français, dans le football marocain.
Pablo Longoria, la question que se posent tous les supporteurs : vous avez fait un énorme coup cet hiver, c’est Milik. Est-ce que vous êtes aujourd'hui capable de dire à 100% qu'il sera là la saison prochaine à l'OM ?
Ça dépend de la situation économique du marché, mais Milik est un joueur de l'OM, c’est un joueur avec lequel on veut construire le futur ensemble. Il y a toujours des possibilités positives et négatives, mais notre intention est de continuer avec Milik. Notre intention était dès cet hiver, de faire un transfert définitif. Mais c’était pratiquement impossible d'y arriver.
On a lu beaucoup de choses dans les médias. J'ai été un peu surpris de la situation, parce que c'est un joueur dont on a totalement le contrôle. Comme vous le savez, en France, la clause de cession qui existe en Espagne ou en Italie est interdite et c’est pour ça qu’on a vu des choses qui sont sans fondement comme cette rumeur sur Nasser.