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ANCIEN DE LA JUVENTUS, LE DIRIGEANT DES SPURS EST LE MENTOR DU PRÉSIDENT DE L'OM; Longoria - Paratici, l'école turinoise
Il y avait des airs de Turin, hier soir, au Vieux-Port. Installés à "Une table, au Sud", le restaurant étoilé de Ludovic Turac, les dirigeants de l'OM ont dîné avec leurs homologues de Tottenham, comme le veut la tradition en coupe d'Europe. Mais c'était surtout l'occasion de raviver les souvenirs nés à la Juventus entre Pablo Longoria, Javier Ribalta et Fabio Paratici. Notamment les marches nocturnes jusqu'à 3 heures du matin dans le centre-ville turinois, "ce souvenir unique", pour analyser les rencontres passées ou à venir, parler du mercato et de tous les autres sujets liés à la "Juve".
Directeur du football des Spurs depuis l'été 2021, l'élégant italien de 50 ans n'est ni plus ni moins que le mentor du président de l'OM. "C'est toujours un plaisir de retrouver Fabio, savoure l'Espagnol. Ça me donne beaucoup d'émotions. C'est une des personnes les plus importantes dans ma carrière. J'ai beaucoup appris de lui à la Juventus. Mais même avant de le connaître, je le voyais comme un exemple à suivre. Il m'a appris comment programmer et imaginer un projet, mais aussi les ficelles du métier de directeur sportif. Son engagement dans toutes les situations, sa capacité de travail étaient impressionnants. C'était mon chef, mais aussi mon ami", retrace Pablo Longoria, marqué au fer rouge par son expérience chez les Bianconeri.
Barzagli, Tevez, Pogba... et "CR7"
Avant de débarquer à Turin, Paratici était en poste à la Sampdoria depuis 2004. Il a alors suivi "Beppe" Marotta à la Juve, en 2010, quand ce dernier en est devenu le directeur général. À l'époque, Riccardo Garrone, le président de la Samp', avait bien accueilli le départ de Marotta, mais beaucoup moins celui de son bras droit et recruteur de confiance. Dans la capitale du Piémont, l'ancien milieu de terrain à la carrière modeste (il a joué avec le jeune "Pippo" Inzaghi à Piacenza au début des années 90) est arrivé comme directeur sportif. Il a rapatrié Barzagli d'Allemagne pour une bouchée de pain, fait signer Tevez, Vidal, Khedira, Pogba, Dani Alves, entre autres. De gros coups, des dossiers malins, qui lui permettent ensuite de faire de belles plus-values. Derrière lui, Paratici peut compter sur sa garde rapprochée. Un groupe de travail composé de Longoria (directeur du recrutement) et Ribalta (alors responsable du scouting), donc, mais aussi Federico Cherubini (qui était son adjoint et lui a succédé en tant que directeur sportif de la Vieille Dame) et Claudio Chiellini (le frère de Giorgio, ex-responsable des joueurs prêtés, aujourd'hui directeur sportif de Pise). Fabio Paratici en parle souvent comme un motif de satisfaction quand il voit la trajectoire et la carrière de chacun de ses poulains, tandis que Longoria évoque "la qualité des échanges, d'un très haut niveau".
"J'ai toujours apprécié sa façon de donner l'opportunité à des étrangers de travailler et de se sentir intégré à la Juventus. Il nous a adoptés, la Juve aussi. On sentait que c'était notre club", rembobine Longoria. Les deux hommes, qui se voient au minimum cinq fois par an, se croisent aussi à Milan ou Paris.
"Fabio a écrit l'histoire de la Juventus lors des dernières années, saluait Andrea Agnelli, le boss turinois, après avoir décidé de ne pas le prolonger. Une croissance caractérisée par le professionnalisme, la persévérance et beaucoup de succès. Les dix-neuf trophées remportés en onze ans sont le meilleur témoignage de son travail, qui s'inscrit pleinement dans la longue tradition de notre club." Un passage couronné de succès, mais pas seulement, forcément. "C'est lui qui a insisté pour faire venir CR7 à Turin. Beppe Marotta (administrateur délégué de l'Inter depuis décembre 2018, ndlr) n'était pas très chaud à l'époque. Fabio Paratici en a payé le prix à la fin", résume un confrère transalpin. La "Juve" en subit encore les conséquences financières.
Attiré par l'Angleterre, l'Italien, qui parle français, anglais et espagnol, a rejoint les rangs de Tottenham dans la foulée. C'est lui qui est à l'origine de la venue d'Antonio Conte, avec lequel il a une très bonne relation. Décrit comme quelqu'un d'intelligent, très curieux et avec un esprit vif, il est surtout un inlassable bosseur, "toujours dans le travail". "On se demande s'il lui arrive de dormir. Il peut vous appeler à 2h du matin comme si c'était 16h", confirme une connaissance. Un trait de caractère similaire à Pablo Longoria, son disciple.
La Provence