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Longoria remet de l’ordre
Après son vestiaire en août, le président a rappelé à l’ordre, lundi, les principaux dirigeants de son club. Surtout, hors secteur sportif (transferts et masse salariale de l’effectif), l’OM doit trouver plus de 19 M€ dans les prochains mois. Vincent Garcia et Mathieu Grégoire
Trêve sportive et frénésie en coulisses. Le match nul de l’OM contre Rennes (1-1), dimanche après-midi, a conclu une série de sept rencontres en trois semaines et les joueurs non convoqués en sélection ont pu partir se reposer un peu. Ils ne reprendront l’entraînement que demain. En interne, en revanche, le climat est bouillant. Lundi matin, une dizaine de directeurs de service de l’OM ont participé à une réunion de quatre heures, qui s’est prolongée avec un déjeuner.
Parmi les présents, on recensait Marco Otero (directeur technique du club), Stéphane Tessier (directeur général adjoint) et son bras droit Alban Juster, Grégory La Mela (directeur commercial), David Friio (directeur sportif), Jacques Cardoze (directeur de la communication), Benjamin Prato (informatique), Cécilia Barontini (directrice des ressources humaines), Evgeny Koshelev (directeur des opérations football), le nouveau directeur stratégique Yacine Sossé Alaoui ou encore Laurent Colette, directeur des opérations (exploitation du Vélodrome…), qui vit ses derniers jours au club. Étaient forfait, pour prise de congés, Alexandre Mialhe, le directeur juridique, et Javier Ribalta, directeur du football.
“S’il y a eu des mauvais résultats cette semaine, c’est qu’il y a une mauvaise ambiance au club
Pablo Longoria
La réunion a été animée par le tandem de trentenaires Pablo Longoria - Pedro Iriondo. Le président et son ami de longue date devenu directeur général de l’OM avaient beaucoup de points à aborder. Après s’être félicité de son mercato, de l’effectif et du sportif, puis salué le passage au club de Laurent Colette et le travail de sa chef de presse Élodie Malatrait, le patron Longoria a cinglé, en substance : « S’il y a eu des mauvais résultats cette semaine, c’est qu’il y a une mauvaise ambiance au club. »
Son message ? En faire plus en termes de discipline, de travail… Comme dans le secteur sportif, il entend remettre de l’ordre dans le champ administratif. Pour appuyer ses dires, il a pris d’entrée un exemple étonnant : « Le premier jour où je suis arrivé au club (à l’été 2020), j’ai vu Mandanda manger un hamburger. »
Le ton était donné. Se titillant parfois avec David Friio, qu’il a dans le collimateur, ou demandant des chiffres commerciaux à Grégory La Mela, Marco Otero a ajouté, avec fermeté : « Dans ce club, il n’y a pas d’identité. » Alors que tous les principaux dirigeants du club, à l’exception de Cécilia Barontini, arrivée un mois avant lui, ont débarqué après la nomination de Longoria comme directeur sportif en juillet 2020, on observe plutôt des dissensions entre les grosses têtes du club, avec un clan des Espagnols (Longoria, Ribalta, Otero et Iriondo) perçu comme tout-puissant et coupé des réalités. « Longoria veut réformer une organisation qu’il juge bancale, mais qu’il a lui-même mise en place », témoigne une source haut placée. Iriondo avait ainsi une relation très fraîche avec l’ex-DG Nathalie Nénon-Zimmermann, qui n’a fait qu’une saison à l’OM (2021-2022).
Le voyage à Tottenham pointé comme un échec organisationnel majeur
Après une courte absence pour raisons de santé au début de l’été, Pedro Iriondo a annoncé ce lundi matin une très mauvaise nouvelle : « Hors secteur sportif, il faut trouver 19 à 20 M€, d’urgence, dans les prochaines semaines. » Il ne s’agit pas ici de rééquilibrer la balance des transferts du club, largement déficitaire : ça, c’est l’affaire des prochains mercatos d’hiver et d’été, Frank McCourt a été clair (*). Mais de compenser le net gonflement de la masse salariale olympienne et de sauver une trésorerie dans le rouge. Les facteurs « résultats sportifs et trading » mis de côté, Iriondo a ainsi évoqué la priorité de sa gestion actuelle : « Des économies sur les coûts de fonctionnement du club. » Comment cela peut-il se traduire, concrètement ? Ce sujet sera abordé, entre autres dossiers, par le comité d’entreprise de l’OM, aujourd’hui.
Mais certains dirigeants du club l’ont déjà lié à des exemples récents de trains de vie dispendieux. Abordé lors de la réunion, le voyage chaotique à Tottenham (0-2), début septembre, avec deux avions affrétés et finalement à moitié remplis ainsi qu’une réservation hôtelière défaillante, a été pointé comme un échec organisationnel majeur. En privé, d’autres cadres de l’OM soulignent que les boss ibériques louent « une voiture blindée lors de déplacements à l’étranger, comme à Londres » ou que la corbeille présidentielle du Vélodrome accueille des personnes qui n’y ont pas forcément leur place. « L’austérité, oui, mais à tous les niveaux alors », souffle un salarié. Contacté, Pablo Longoria n’a pas répondu à nos sollicitations.
Outre la pression du clan McCourt, qui a commencé à éplucher les premiers documents fournis lors d’une réunion par visioconférence lundi soir, l’état-major de l’OM craint aussi de ne pas être dans les clous par rapport à la société commerciale de la LFP : la manne du fonds d’investissement CVC est conditionnée à des comptes équilibrés, au 30 juin 2023.
(*) Outre les options d’achat levées sur trois prêts (à la Roma pour Lopez et Ünder, à Arsenal pour Guendouzi), soit un total de 31,5 M€, l’OM a dépensé pour près de 49 M€ cet été et glané pour 13 M€. Les options d’achat des prêts entrants ou sortants ne sont pas prises en compte. McCourt espère au moins une vingtaine de millions d’euros de ventes d’ici le 30 juin pour équilibrer cette balance.
L'Equipe