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Crispations entre les joueurs de l'OM et Tudor : Pablo Longoria pris entre deux feux
Le jeune président de l'OM Pablo Longoria se retrouve dans une situation complexe : aplanir les difficultés entre son vestiaire et un entraîneur sur lequel il a misé pour des raisons autant économiques que sportives.
Après un match de préparation raté, Pablo Longoria (36 ans) semble avoir la solution pour oublier les tracas : une ou deux arrivées de joueurs, un public marseillais enivré et le tour est joué. Alors que le Championnat débute dimanche (l'OM reçoit Reims à 20h45), le nom d'Alexis Sanchez occupera ainsi les discussions cette semaine. Suffisant pour déminer une situation délicate en interne ?
Après André Villas-Boas, entraîneur débarqué au club avant lui et qu'il a accompagné vers la sortie en mars 2021, après Jorge Sampaoli, démissionnaire début juillet, voilà son choix d'Igor Tudor remis en cause par une partie du vestiaire et des suiveurs. « On ne cédera pas à la culture de l'immédiateté », confie un membre de l'état-major. Pas question de désavouer le Croate à ce stade de la saison, la direction fait bloc.
Pour comprendre l'option Tudor, choix surprenant mais assumé, il faut prendre du champ. Essayer de penser comme Longoria, et les golden-boys du foot pensent vite. Printemps 2022. Madré, ambitieux, Jorge Sampaoli évoque déjà la prochaine Ligue des champions, la nécessité de recruter trois ou quatre cadors, et des possibles remplaçants de talent en cas de départ (tel Axel Witsel, libre, ou Guido Rodriguez, le milieu du Betis, pour pallier la perte de Boubacar Kamara).
Les joueurs de Sampaoli doivent être techniques, rapides, capables de garder le ballon sous pression et d'atteindre des pourcentages de possession stratosphériques. Un sous-Manchester City, un style rare en Europe.
Pour Longoria, cela signifie des profils onéreux, et il sait qu'un autre acteur rend sa marge de manoeuvre plus serrée encore : le propriétaire, Frank McCourt. Le Bostonien aime renflouer l'OM en difficulté. Mais quand ça va bien, que le club se qualifie pour la C1, que les aides de l'État tombent et que le fonds d'investissement CVC met un peu de sous, il lui faudrait encore remettre au pot ? Cela le tend, vraiment. Et ses bras droits, Jeff Ingram et Barry Cohen, le diront fermement à Longoria lors de son déplacement à Boston, début juin. Le panorama de l'Espagnol : le marteau McCourt, l'enclume Sampaoli.
Tudor n'est pas interventionniste dans le mercato, à l'inverse de Sampaoli
Lors du séjour suivant, au Brésil, dans la demeure du petit Argentin, Longoria et Sampaoli partagent une caïpirinha et entrevoient la fin de l'aventure, sans acrimonie, une année avant le terme (juin 2023). Le président prépare la suite. Prendre un entraîneur au style proche de Sampa ? Il y en a peu, et le jeu de possession a ses limites, dont sa stérilité les mauvais soirs. La piste de Roberto De Zerbi est écartée, à cause, dit-on dans les hautes sphères, de son triste parcours en C1 avec le Chakthior et d'une défense prenant beaucoup de pions. Seulement pour ça ? À voir. De Zerbi, c'est cher et dur à monter contractuellement.
Au contraire, Tudor a l'allure du colosse mort de faim, prêt à tout pour avoir sa chance. Banco. En plus, avec son jeu direct, proche de ce qui se fait dans pas mal d'équipes de L1, le profil des recrues est différent, le physique prime, les tarifs sont moins élevés. Et puis Tudor n'est pas interventionniste dans le mercato, à l'inverse de Sampaoli. Son seul souhait direct, le transfert de son soldat de l'Hellas Vérone, Darko Lazovic, a été torpillé par l'improbable idée d'inclure Kevin Strootman dans le deal.
Résultat, l'OM s'est replié sur sa piste de base, le prêt sec d'un joueur, Nuno Tavares, d'un club ami, Arsenal. Tudor fait ce qu'il veut avec son groupe, impose sa culture et sa méthode drastiques, quitte à rendre la tâche de la direction parfois plus ardue - pas simple de vendre des déclassés. En revanche, côté arrivées, Javier Ribalta, directeur du football, et Longoria déroulent, avec leurs intermédiaires et leurs réseaux. Qu'importe, pourtant, d'empiler les recrues, si l'entraîneur est contesté par son vestiaire. Le plus grand défi du président de l'OM commence ici, sur ce point précis