Information
AVENIR; LONGORIA Le plus dur commence; Le départ de Jorge Sampaoli a obligé le président de l'OM à revoir son projet en confiant les clés à Igor Tudor. Un pari osé, alors qu'il est tiraillé entre objectifs sportifs et contraintes financières
Il n'a pas le côté méprisant, hautain, condescendant et donneur de leçons de son prédécesseur, Jacques-Henri Eyraud. Pablo Longoria est tout l'inverse. L'ancien directeur de la communication d'Eurodisney, encore un peu trop présent dans les très hautes sphères de la maison ciel et blanc au goût des salariés de l'OM, ne connaissait absolument rien au football professionnel, à son univers et ses mécanismes. Il n'avait qu'une idée en tête : briller. Le jeune Espagnol (36 ans), lui, est un expert qui préférerait rester dans l'ombre s'il le pouvait. Un passionné capable de détailler le pedigree et réciter le CV de tous les joueurs qu'il a observés. Un boulimique de retransmissions de matches. Un homme poli, respectueux et toujours disponible avec les supporters.
Oui mais voilà, une interrogation subsiste à son sujet : s'il est incontestablement un scout aussi hyperactif que débrouillard et futé, a-t-il réellement les épaules pour tenir la distance sans vaciller en tant que président du plus fada des clubs français, où la moindre étincelle peut déclencher un irréversible brasier ? On le saura très vite. Depuis le départ soudain de Jorge Sampaoli, qu'il avait lui-même nommé, le plus dur a en effet commencé pour l'enfant d'Oviedo. Décryptage.
Igor Tudor, son choix
C'était plié en quelques heures.Ce vendredi 1er juillet, "El Pelado" et l'OM avaient à peine officialisé leur séparation à l'amiable que le nom du successeur de l'Argentin apparaissait. Igor Tudor débarquait dans la cité phocéenne le dimanche 3 et s'engageait le lundi 4. Une affaire rondement menée. Il semble néanmoins que tout ce petit monde s'était déjà mis d'accord en amont, et plusieurs sources indiquent qu'officieusement, le divorce fut acté deux semaines plus tôt lors du voyage de Pablo Longoria et Javier Ribalta, le nouveau directeur du football olympien, au Brésil. C'est là-bas que l'ex-sélectionneur de l'Albiceleste leur a exprimé sa réticence à poursuivre l'aventure marseillaise avec des moyens limités.
Cette contrainte gêne nettement moins le Croate qui a vu là une chance presque inespérée pour lui de se retrouver en Ligue des champions après avoir terminé 9e de Serie A avec l'Hellas Vérone. L'ancien rugueux défenseur de la Juventus était la priorité du président. Son unique objectif pour le banc. "J'ai l'honneur de vous présenter mon choix, ma recrue", avait lancé Pape Diouf le jour de l'intronisation d'Éric Gerets, remplaçant d'Albert Émon, en septembre 2007. Le regretté Sénégalais était très fier d'avoir attiré le Belge. Il savait aussi qu'il allait devoir assumer l'entière responsabilité de cette décision au cas où les choses tourneraient mal. Longoria se retrouve dans la même situation. Il sera porté aux nues en cas de nouvelle saison aboutie, mais sera considéré comme le fautif numéro 1 si le nouvel OM sombre.
À ce stade de la préparation, impossible, bien sûr, de faire des prédictions, même si quelques signaux interpellent, au-delà des défaites contre Norwich (3-0) puis Middlesbrough (2-0). Alors que les médias du club se plaisent à diffuser des séquences montrant Tudor en train d'embrasser le front de ses joueurs après leurs efforts, d'autres sources rapportent que le natif de Split leur en demande énormément, sur un ton pas toujours amical. Parviendra-t-il à gérer de forts caractères comme ceux des influents Dimitri Payet et Mattéo Guendouzi, attachés à son prédécesseur ? Les sourires, très présents en 2021-22, ont en tout cas disparu d'une Commanderie bunkerisée. L'épisode Mauro Camoranesi, adjoint le plus éphémère de l'histoire du club, parti après une semaine de collaboration, a aussi laissé quelques traces. Rien de bien grave, mais il y a mieux pour la sérénité d'un collectif à l'entame d'une saison majeure...
une gestion des joueurs
qui laisse des traces
Pablo Longoria est à peine plus âgé qu'eux. Il a longtemps été très apprécié par les Olympiens. Mais au fil du temps et des dossiers du mercato, la confiance s'est transformée en méfiance chez quelques-uns d'entre eux. Le traitement d'Alvaro, placardisé après avoir été l'un des tauliers, a montré que les cadres pouvaient très vite changer de statut et être poussés vers la sortie. Il ne reviendra jamais à l'OM mais son départ n'a toujours pas été acté. Le cas de Steve Mandanda, finalement parti à Rennes mais dont le club voulait avant tout économiser le salaire, illustre aussi cette gestion humaine quelque peu déconcertante. Pareil pour Jordan Amavi, prolongé avant d'être banni puis prêté à Nice. Il est aujourd'hui revenu, mais jusqu'à quand ?
Quand le patron ibère veut vendre, il met de côté les sentiments. D'autant que Frank McCourt le surveille de près à ce sujet (lire par ailleurs). La saison passée, il a ainsi tout tenté pour faire partir Boubacar Kamara afin qu'il ne quitte pas le club libre. Raté. Un schéma qu'il reproduit avec Duje Caleta Car, après avoir déjà oeuvré en vain pour le céder lors des deux précédents mercatos.
Il se sait attendu d'ici le 31 août sur les cessions. À ce titre, le traitement de Bamba Dieng, laissé sur le banc avant-hier soir en Angleterre alors qu'il était apte, pourrait devenir le feuilleton de cet été 2022. En pleine phase de progression, le très prometteur attaquant sénégalais (22 ans) n'a absolument aucune intention de s'en aller. Mais la position de son président n'est pas très claire. S'il dit publiquement que l'arrivée de Luis Suarez, 4e attaquant, "n'ouvre pas à la porte à un départ", le ressenti est différent en privé du côté de l'Africain. L'issue de ce dossier-là en dira long sur la politique de l'OM et la volonté de ses dirigeants : le projet actuel est-il fait pour répondre aux ambitions sportives ou aux contraintes financières ?
La Provence