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Les petites manies et les grands défis du directeur sportif de l'OM Pablo Longoria
Pablo Longoria, le jeune directeur sportif de l'OM est très attendu en cette année 2021. Il doit mixer stratégies innovantes et contraintes sévères.
« Créatif ». L'adjectif revient dans toutes les bouches des huiles olympiennes, à commencer par celle de son président pour qualifier Pablo Longoria, directeur sportif de l'OM depuis août. Passé par Huelva, l'Atalanta, Sassuolo, la Juve et Valence, ce féru de statistiques âgé de 34 ans va devoir déployer des trésors d'ingéniosité pour réussir ses prochains mercatos et bâtir une équipe phocéenne compétitive.
Un budget très serré
Courant décembre, Longoria a échangé avec Leonardo, son homologue du PSG, et les deux hommes ont terminé leur conversation sur un constat teinté d'ironie : « Aujourd'hui, tu es plus économiste que directeur sportif ! » « Cash-flow », « valeur nette comptable », « tableau d'amortissement », « facilités de paiement »... Les maîtres-mots actuels de Longoria fleurent bon les bilans financiers et soulignent le grand écart du moment : prospecter à tout-va sans même connaître la trésorerie exacte de l'OM en janvier et les liquidités à disposition.
Affecté par la crise sanitaire qui a annihilé les recettes billetterie, touché par les défauts de paiement de Mediapro, l'OM a notamment tenu fin 2019 grâce aux recettes UEFA de la Ligue des champions. Alors que la LFP n'a toujours pas dégoté de nouveau diffuseur, le club navigue à vue, et Frank McCourt donne des consignes d'austérité à chaque visioconférence avec Longoria, toutes les deux semaines a minima.
La situation s'avère tendue : l'offre faite début octobre à Joakim Maehle (2 M€ cash puis 6 M€ échelonnés) n'était plus possible en janvier, et le latéral danois de Genk a été recruté en décembre pour près de 10 M€ par l'Atalanta, qui bénéficie de plus de visibilité financière grâce à sa qualification en 8es de finale de C1. Les décisions pour lever les options d'achat de Michael Cuisance (Bayern, 18 M€) et de Leonardo Balerdi (Dortmund, 14 M€) auront lieu en mars-avril, les négociations sur les prolongations de contrat (Amavi et Thauvin libres en 2021, Kamara en 2022) ne sont guère intenses, Longoria devant réduire la voilure.
Trois volets à négocier
Contraint de réduire la masse salariale et de proposer des belles ventes à son actionnaire, le directeur sportif n'est absolument pas inquiet du bouleversement d'effectif qui s'annonce cet été. « Il dit toujours : j'ai un "plan" », sourit un de ses interlocuteurs. Plus qu'en janvier, l'Espagnol s'attend à une fin de mois de juin totalement folle avec des opérations à gogo pour trouver l'équilibre financier. Pour recruter, il planche sur trois volets.
« Pablo a des pistes à foison, et tout l'enjeu pour lui sera de foncer dans le bon timing sur l'une, en fonction des contraintes. »
Un dirigeant
D'abord des prêts de six à dix-huit mois avec option d'achat, pour décaler les paiements. Ensuite, des échanges ou transferts mutuels, à la façon du Genoa avec la Juventus par le passé, par exemple, et qu'il a expérimenté cet été avec le Bayern (chassé-croisé Sarr-Cuisance), sans trop fausser les valeurs à long terme. Enfin, des pourcentages sur le joueur pour plusieurs clubs, à la manière du transfert de Luis Henrique : l'OM a acheté le Brésilien 8 M€ plutôt que 10 ou 11, en laissant à Botafogo 5 % de la valeur de l'ailier sur la prochaine transaction.
Se déplaçant toujours avec sa tablette pour montrer à une cible (Demarai Gray de Leicester, 24 ans, récemment) qu'il a recensé son nombre de courses à haute intensité depuis 2015, Longoria ne manque ni d'idées, ni de noms. Lors d'une réunion mercato en début de semaine, il a surpris l'état-major par l'éventail des profils étudiés. Un dirigeant confie : « Zubizarreta se concentrait sur un dossier, Moussa Dembélé (Lyon) par exemple, et multipliait les rendez-vous. Pablo a des pistes à foison, et tout l'enjeu pour lui sera de foncer dans le bon timing sur l'une, en fonction des contraintes. »
Rien que sur le poste de latéral droit, l'Espagnol lorgne (entre autres) Pol Lirola (23 ans, Fiorentina), Bryan Reynolds (19 ans, Dallas), Elseid Hysaj (26 ans, en fin de contrat en juin avec Naples) ou Lutsharel Geertruida (20 ans, Feyenoord). Sur ce dernier dossier, Longoria a évoqué un prêt avec une option d'achat aux conditions baroques. Ou encore l'inclusion de Kevin Strootman dans le deal.
Post-formation et clubs « amis »
Avec ses revenus de 4,5 M€ net annuels, jusqu'en juin 2023, le milieu néerlandais (30 ans) fait partie des casse-tête du dirigeant, qui peine à le sortir, même en prêt avec partage du salaire. Longoria, qui a recensé 34 contrats pros à l'OM, aimerait réduire ce volume. Après Florian Chabrolle, cédé gratuitement à l'AC Ajaccio, des jeunes qui stagnent pourraient être prêtés : Lucas Perrin, un temps proche de Toulouse (L2), ou Marley Aké.
D'autres éléments secondaires de l'effectif (Khaoui, Radonjic...) sont aussi sur le marché. Longoria a déjà évoqué des clubs « partenaires », ou plutôt « amis », qui prendraient régulièrement des joueurs de l'OM, aux Pays-Bas ou au Portugal, par exemple.
À Valence, il avait ainsi envoyé le Serbe Uros Racic à Famalicao (POR) pour qu'il prenne de la valeur. Trouvant le centre de formation très peu fourni en jeunes talents, il s'appuie sur le recruteur David Friio pour améliorer la détection, dans toute la France, sans préjuger du pedigree de l'agent d'une promesse, une de ses lignes de conduite de toujours. La post-formation est aussi un objectif à moyen terme, et deux jeunes Sénégalais (Dieng et Camara), ainsi qu'un Marocain (Targhalline), ont rejoint la réserve depuis l'été.