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OM - Vente du club : elle court, elle court, la rumeur...
Depuis plus d'un an, un objet virtuel non identifié fait une apparition remarquée dans l'atmosphère provençale : la future vente du club
Par Alexandre Jacquin (avec F.L.)
Aucun fait concret n'accrédite jusqu'à présent la thèse d'une prochaine cession, mais tous y croient dur comme fer. Tous ? Les "insiders". C'est ainsi qu'ils sont baptisés (voire autoproclamés) sur les réseaux sociaux.
À Marseille, il y a le ciel (bleu), les oiseaux (en majorité des gabians) et la mer (déchaînée ou d'huile, selon l'humeur du vent). Il y a aussi l'accent (chantant), le Vélodrome (incandescent jusqu'à la parenthèse Covid) et, bien sûr, l'Olympique de Marseille et son flot de passion. Depuis plus d'un an, un objet virtuel non identifié fait également une apparition remarquée dans l'atmosphère provençale : la future vente du club. Aucun fait concret n'accrédite jusqu'à présent la thèse d'une prochaine cession, mais tous y croient dur comme fer. Tous ? Les "insiders". C'est ainsi qu'ils sont baptisés (voire autoproclamés) sur les réseaux sociaux.
Qui sont-ils ? Des supporters lambda, venus de tous horizons. Que veulent-ils ? Le départ rapide de Frank McCourt. À quoi les reconnaît-on ? Au drapeau de l'Arabie Saoudite, incrusté dans leur pseudo, et au hashtag #VenteOM ponctuant la plupart de leurs messages. Comment agissent-ils ? Scotchés à leur smartphone, ils décortiquent tout, multiplient les messages privés, voient des signes partout.
L'épisode Ajroudi-Boudjellal, pourtant aussi rocambolesque que ridicule, ne les a pas calmés. Le tandem clamait dans tous les médias son intention de reprendre les rênes, affirmait que les discussions avaient démarré entre banques, que leur tour de table était bouclé, rêvait à haute voix de Zinédine Zidane et de Cristiano Ronaldo. "Au moment opportun, vous découvrirez tout", claironnait l'homme d'affaires franco-tunisien dans nos colonnes le 17 juillet 2020, trois jours après avoir fêté, à Cannes, l'anniversaire de Louis Acariès, impliqué dans le plan, accompagné d'une flopée d'invité(e)s dont Samia Ghali, adjointe PS au maire de Marseille, Benoît Payan.
Une succession de démentis
Dix mois et demi plus tard, on n'en sait pas davantage sur leur projet, si ce n'est qu'il est mort-né et que les liens au sein de cette fine équipe se sont distendus. L'ancien président du Rugby Club Toulonnais s'est lancé en février dans un challenge footballistique bien moins clinquant, à Hyères, en National 2 (d'où Nicolas Anelka, arrivé dans ses bagages, est déjà reparti). Mohamed Ayachi Ajroudi, lui, continue d'oeuvrer pour la réconciliation de toutes les religions et a produit un film dans son pays. Loin de l'univers olympien, où d'autres bruits sont venus s'additionner à une cacophonie déjà infernale.
Retour à la case départ, avec les "insiders", donc. Toujours plus affirmatifs. Et encore davantage lorsqu'un journaliste, Thibaud Vézirian, officiant régulièrement sur La Chaîne L'Équipe, déclare dans une vidéo You Tube, le 5 février, que "la vente est ficelée". Futur propriétaire, selon lui : la "Kingdom Holding Company", dirigée par Al Walid Bin Talal, nom déjà évoqué en 2014. L'annonce, corroborée par un tweet d'un confrère de Canal +, fait l'effet d'une bombe dans la communauté des enquêteurs 2.0.
Elle ne fait pas du tout rire Frank McCourt et l'OM, déjà irrités par Ajroudi et Boudjellal. L'Américain dément avec vigueur tout au long des semaines qui suivent. Les détails étaient pourtant précis. Aucun ne nous est néanmoins confirmé. Jean-Claude Darmon aurait joué les intermédiaires ? Son entourage, étonné, nous a fait savoir qu'il s'agissait d'une "fake news". La LFP serait dans la confidence, tout comme la mairie de Marseille ? Tous nos interlocuteurs, stupéfaits, nous ont répondu que c'était "totalement infondé". Idem dans le camp du Saoudien : "Ces rumeurs relèvent, bien évidemment, de l'hystérie", déplore-t-on.
McCourt cherche à comprendre
Pas de quoi, toutefois, atténuer les bruits. Et la frénésie numérique autour de la question, accentuée par des mois et des mois de confinement. Le député LREM Sacha Houlié l'a appris à ses dépens lorsque, sur le ton de la boutade, il s'est hasardé à ce commentaire en pleine séance à l'Assemblée Nationale : "Je ne voudrais pas empêcher une vente d'un club de foot qui m'est cher à l'Arabie saoudite", glissait-il malencontreusement le 12 février au milieu d'un débat sur le financement étranger. "J'ai tenté d'illustrer une situation que générerait un amendement s'il était adopté mais il ne s'agit pas d'une information", rectifiait-il très vite sur Twitter.
Et aussi OM : fin de partie pour la vente ?
De son côté, l'élu PS aux sports de la ville de Marseille, Sébastien Jibrayel, a aussi commis un lapsus lors d'une intervention sur France 3 fin mars en évoquant le "futur actionnaire qui achètera le Vélodrome". Il n'en fallait pas plus pour déchaîner les fameux "insiders", prompts à l'assaillir de messages pour avoir des précisions. Sauf qu'il parlait du futur actionnaire du stade, et donc de l'OM, à qui Benoît Payan aimerait céder le plus vite possible l'enceinte...
À ce jour, et malgré les ouï-dire d'un dénouement imminent, le club olympien appartient toujours à Frank McCourt. Lequel cherche à comprendre comment est né ce qu'il estime être un processus de déstabilisation. Qui a raison ? Qui ment ? Qui manipule qui ? Qui a intérêt à remettre une pièce dans la machine quand les rumeurs se calment ? L'avenir le dira forcément.
La Provence