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« Déni de réalité quasi pathologique », « déclarations intempestives », etc. Le club marseillais se fâche contre un projet de rachat qu'il juge chimérique.
Le dépôt de l'assignation était connu, mais son contenu exact n'avait pas encore été dévoilé. Le Point a mis la main sur l'assignation de l'Olympique de Marseille (OM) déposée il y a quelques jours devant le tribunal judiciaire et visant deux hommes d'affaires, Mourad Boudjellal et Mohamed Ayachi Ajroudi. Un acte fort de l'OM, qui a souhaité siffler la fin de la partie, après une « campagne intensive et sans précédent de désinformation massive [...] dans le but manifeste de déstabiliser et fragiliser le club ».
Le document de treize pages synthétise tous les griefs retenus par le club contre ceux qui annoncent, à grand renfort d'interviews et de communiqués, vouloir racheter l'Olympique de Marseille. Cette assignation est également un signal fort envoyé aux supporteurs. Jacques-Henri Eyraud, le président, mène un « plan stratégique à long terme », et il n'est pas question de vendre l'OM. « Le club n'est pas à vendre, ne sera pas acheté et restera dirigé par la gouvernance actuelle, qui entend poursuivre le plan à long terme déjà entamé depuis plusieurs années », peut-on lire.
« Comme si tout était toujours à vendre »
Ainsi, Mourad Boudjellal, personnalité du monde du rugby, a-t-il affirmé, dès le 25 juin, qu'il voulait racheter l'OM avec des investisseurs du Moyen-Orient « sans se préoccuper de savoir si le club était à vendre et sachant tout au contraire qu'il ne l'était pas, compte tenu des démentis précédemment intervenus au sujet d'un éventuel achat par monsieur Al-Walid ben Talal », écrivent les avocats du club, Mes Richard Malka et Lorraine Gay.
Et l'OM de dénoncer les « déclarations intempestives » de Boudjellal, lequel chercherait à asseoir son « omniprésence médiatique ». Avant de le tacler franchement : « On relèvera la curieuse logique de Monsieur Mourad BOUDJELLAL selon laquelle l'existence d'un acheteur supposerait nécessairement que le propriétaire d'un bien quelconque ait envie de le vendre, comme si tout était toujours à vendre. On notera également la stratégie assumée de Monsieur Mourad BOUDJELLAL : l'agitation médiatique avant même de penser à contacter les personnes concernées et sans respecter les règles les plus élémentaires et notamment le secret des affaires. »
La vente ? « Une chimère », « des plans sur la comète »
Ce n'est que le 27 juin, deux jours après les débuts de l'offensive médiatique, que le nom de Mohamed Ayachi Ajroudi finit par apparaître. Si ce dernier se présente alors comme un « industriel dans les affaires internationales », « il doit être précisé que son parcours professionnel semble être relativement nébuleux, au-delà de l'existence de liens avec l'Arabie saoudite et d'un retour en Tunisie en 2012, après le Printemps arabe », souligne le club, qui disputera la Ligue des champions la saison prochaine.
Le 29 juin, alors que l'OM dit ne toujours pas être vendeur, Ajroudi déclare qu'il va faire parvenir une lettre d'intention : « On a chanté au balcon, maintenant, c'est à lui [Frank McCourt, le propriétaire, NDLR] de venir nous voir », dit-il sur BFM. « Des plans sur la comète », selon Mes Malka et Gay : « À ce stade, outre que les dirigeants de l'OM avaient fermement indiqué que le club n'était pas à vendre et qu'aucune discussion n'était en cours, et en dépit de l'omniprésence médiatique, allant jusqu'à la saturation, de messieurs Boudjellal et Ajroudi, le projet de rachat demeurait si flou dans son montant et dans l'identité de ses investisseurs qu'il en constituait une véritable chimère s'apparentant surtout à une question de communication à destination des supporteurs. »
« Un déni de réalité quasi pathologique »
L'OM de Jacques-Henri Eyraud considère donc que les deux hommes ont choisi de se comporter « comme des flibustiers du monde des affaires, décidés à faire le plus de bruit possible et à transformer ensuite des bruits assourdissants en pression ». L'information du Parisien, le 10 juillet, selon laquelle la banque d'affaires française Wingate avait noué le contact avec Franck McCourt ? Une information « radicalement fausse », répond l'OM. Qui ajoute : « Sans vouloir être irrespectueux, on ne peut dire, par ailleurs, que la banque d'affaires Wingate soit une banque d'affaires de dimension internationale. En réalité, elle n'a même aucune notoriété sur le plan national. »
Et Marseille de conclure sur le même ton, en réclamant 500 000 euros de préjudice : « Il résulte en tout état de cause de cette campagne de presse massive, nourrie de contre-vérités, de fausses informations et d'un déni de réalité quasi pathologique, que la société anonyme sportive professionnelle Olympique de Marseille était à vendre et que des discussions étaient en cours, ce qui est absolument faux et cause un préjudice certain au club. »