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OM: BOUDJELLAL DÉFEND AJROUDI ET INCITE MCCOURT À VENDRE
EXCLU RMC SPORT. Mourad Boudjellal dénonce une campagne de dénigrement contre Mohamed Ayachi Ajroudi, à la tête du projet de rachat de l'OM. Et incite Frank McCourt à vendre le club marseillais.
Mourad Boudjellal, où en est-on concrètement du projet de reprise de l’OM?
La banque a été désignée (Wingate, ndlr), des contacts ont été établis. Mais surtout, ce que je voudrais dire c’est que monsieur Ajroudi a été victime d’une campagne de dénigrement importante, qui va très loin et pour des raisons que l’on connait a priori. Il a été victime d’un maître-chanteur qui agit auprès de certains journalistes. C’est un maître-chanteur qui a pignon sur rue sur Twitter et qui lui a demandé une somme d’argent, en l’occurrence 60.000 euros, pour ne pas le dénigrer. Il a ajouté "sinon, je vais donner des infos bidon à des journalistes qui vont te dénigrer". Un dépôt de plainte a donc été fait. On s’est permis de mettre le numéro de téléphone de son épouse et de ses enfants sur les réseaux sociaux, ce qui veut dire qu’elle est harcelée, par des gens qui n’ont pas de bonnes intentions.
C’est-à-dire?
On a fait toute une réputation autour de ce monsieur et je peux vous dire que comme le chantent Aya Nakamura, Naza et Dadju, "Moi je vérifie" et je vérifie très haut. Très, très haut. J’ai eu des tas de gens dans le Golfe, des gens qui sont en place, qui ont accès au pouvoir et qui sont assez unanimes sur monsieur Ajroudi. Je trouve que cette campagne est totalement orchestrée, avec des journalistes qui sont souvent brillants, mais qui sur ce coup-là se font influencer. Ils se font influencer parce que ce projet n’est pas bien vu par certains, et ils sont rentrés dans ce jeu. J’ai rarement autant reçu de textos de gens qui me disent "méfie-toi" et qui me font passer pour un naïf. Je ne suis pas naïf. Je me suis renseigné et j’ai des recommandations. Je sais comment vit monsieur Ajroudi. Il y a des trucs qui me font marrer quand j’entends qu’il va au Georges V, mais pour boire un café. Non, ce n’est pas vrai. J’y suis allé plusieurs fois avec lui, il ne prend pas un café et je ne fais pas la vaisselle. Je vois comment il vit, je connais les moyens dont il dispose. Il ne veut pas étaler. Je connais les gens qui veulent travailler avec lui, c’est un vrai projet. Mais monsieur Ajroudi veut vivre discret et surtout, il n’est pas là pour acheter à n’importe quel prix.
Pour revenir à cette reprise, avez-vous avancé?
Le but, c’est d’abord de créer des richesses et d’investir dans l’OM. Le projet aujourd’hui, c’est assez simple. L’OM, c’est un club qui d’après nos informations va avoisiner les 130 millions (d'euros) de pertes. C’est une somme qui fait peur, quand même. Notre position, elle est simple: on est là. On dit que l’OM n’est pas à vendre, moi ce n’est pas le sentiment que j’ai. En tout cas, si l’OM n’est pas à vendre, il faudra vendre des joueurs. Il n’y aura pas d’autres solutions. Et peut-être beaucoup de joueurs. Donc nous, on est là. Il y a un contact, monsieur Ajroudi veut absolument une négociation paisible et que les choses se passent bien, que personne ne se sente floué. Monsieur Dreyfus a mis quelque chose comme 300 millions dans l’OM, il a vendu 45 millions… Donc il a perdu 255 millions au passage, et ça c’est la réalité économique. Aujourd’hui, le club a un déficit structurel qui est de 130 millions, ce qui est beaucoup et il faut le combler. Car même s'il y a eu quelques sparadraps de posés à la DNCG, les sparadraps, ça ne guérit pas.
Mohamed Ayachi Ajroudi évoque un projet très ambitieux…
Bien sûr qu’il a de l’ambition et j’en ai aussi. Et bien sûr que si on a la chance de reprendre ce club, si on m’a demandé de le présider, c’est pour faire du Boudjellal. J’ai un style et je n’en changerai pas. Ce n’est pas qu’une question de financement. Bien sûr qu’il faut un actionnaire solide à l’OM. Il faut des financiers. Mais je pense, et ça va faire bondir des gens, que si par exemple l’OM avait signé ces deux dernières années une immense star, peut-être qu’ils n’auraient pas aujourd’hui 130 millions de pertes. Peut-être que cette star, dans un club comme l’OM qui a un vrai potentiel public, consommateur, folie, engouement au-delà de Marseille et dans la Méditerranée, aurait généré beaucoup plus de produits que les charges qu’elle aurait engendrée. Et s'il y a un club en Europe qui peut faire ça, qui peut s’autoalimenter sur des stars tout en s’appuyant sur un actionnariat solide, c’est l’OM. Mais ça, il faut le voir. Moi je ne vois que ça ! Il y a quelques années, pour Mbappé, 200 millions, on a crié au scandale… Ce n’était peut-être pas une mauvaise affaire du Paris Saint-Germain. Ça, c’est la démarche entrepreneuriale qu’il faut avoir dans un club comme l’OM. Si vous voulez diriger l’OM, vous êtes obligé de voir ça, ce potentiel économique qui existe dans cette ville, cette région, et toute la richesse que peut générer ce club pour faire un recrutement très ambitieux. En ayant un actionnaire solide bien sûr, ça vous met à l’abri de mauvaises surprises.
Sentez-vous une grande attente?
Dans une ville comme Marseille, dans une région où il y a cette envie et ce manque… Ça fait sept ans qu’ils n’ont pas battu le PSG. Alors battre le PSG, ce n’est pas un titre, c’est une envie. Celui qui ne voit pas le potentiel énorme qu’il y a à développer dans ce club, il n’a rien compris. Il n’a rien compris. Je veux simplement montrer que Marseille peut être l’un ou le plus grand club d’Europe uniquement par sa propre économie. On aura de l’actionnariat solide, mais ça c’est mon boulot, c’est ce que je veux faire. Parce que sincèrement, je l’ai toujours dit: dans ce club, dans cette ville, dans cette région, il n’y a qu’à se baisser pour ramasser. Le plus dur, Marseille l’a ! Le beau stade, l’engouement…. L’engouement, ça ne s’achète pas. La folie, ça ne s’achète pas. L’envie, ça ne s’achète pas. Et ces trois choses que les autres essayent d’acheter, Marseille l’a. Donc il y a tout ce qu’il faut pour construire.
Le 29 juin, vous aviez indiqué qu’une lettre d’intention serait rapidement envoyée à la direction de l’OM. Qu’en est-il aujourd’hui concrètement?
Une banque et même deux ont été désignées. Aujourd’hui, la lettre d’intention est médiatique. On a démontré que monsieur Ajroudi s’appelait Mohamed Ajroudi et non pas Mohamed Kachkar. Quand vous désignez des banques, il faut garantir les fonds. Notre souhait est d’aller au-delà des frontières de Miami. Je peux vous dire que des contacts sont établis. Nous ne sommes plus au-delà de la lettre d’intention mais au stade de dire: "On est là". Est-ce que vous voulez grandir? Est-ce qu’on peut vous aider à grandir et faire en sorte que l’OM retrouve la place qu’il n’aurait jamais dû quitter. Je vais peut-être faire rire mais je suis intimement convaincu que l’OM doit être l’un des plus grands clubs de football en Europe, qu’il doit regagner la Coupe d’Europe. C’est mon intime conviction. Si je veux me lancer dans cette aventure, c’est pour amener l’OM très haut, sinon ça ne m’intéresse pas. Quelqu’un a dit, l’important c’est de participer, pour moi c’est une connerie absolue. L’important, c’est de gagner. Nous n’avons pas le droit de limiter ces ambitions. Les gens qui sont avec moi sont très ambitieux parce que notre groupe est très fort. Je pense qu’on peut faire de grandes choses pour ce club mais, je le répète, il faut comprendre dans quel environnement on est et tout ce que l’on peut apporter comme bonheur. Les joueurs sont portés par la force du public, mais les gens qui dirigent un club aussi. Quand vous avez un tel engouement, ça vous donne beaucoup de force. Vous êtes obligé d’être bons. J’ai l’impression que ce que fait monsieur Eyraud, c’est pas mal mais ce n’est pas suffisant.
Avec qui avez-vous eu des contacts à l’OM?
Vous savez très bien que je ne peux pas communiquer là-dessus. Mon rôle n’est pas là. Dieu merci, ce n’est pas moi qui ferait le chèque, si chèque il doit y avoir. Je ne pense pas que ma carte bleue passe… Je ne peux pas communiquer mais bien sûr que je suis tenu au courant. Nous sommes dans une opération paisible. On est là. Si ça prend un peu de temps, ça prendra un peu de temps. Si l’OM n’est pas à vendre, alors ce sont les joueurs qui sont à vendre. Il faudrait plutôt l’éviter. Je vais vous donner un scoop, monsieur Ajroudi vient de rentrer dans le capital d’un club de rugby de Top 14. Et ce n’est pas Toulon.
Quel club?
Il vous le dira lui-même. Ça fait partie des choses que je ne savais pas et que j’ai découvertes. Il fait beaucoup de secrets. Il est très mystérieux par moments. J’ai pris des renseignements chez des gens très, très haut placés, notamment au Bahreïn, et les renseignements ont été plus qu’élogieux. Je le vois parler avec des gens très haut ou d’autres qui l’appellent. Ce n’est pas du tout ce qui est dépeint par un maître-chanteur, qui fait du lobbying auprès de quelques journalistes car il n’a pas touché les 60.000 euros qu’il réclamait au téléphone.
Vous pouvez en dire plus sur l’identité de cette personne?
Je le connais mais je n’ai pas envie de le donner. Je pense que monsieur Ajroudi fait ce qu’il faut en matière pénale, car nous sommes dans une tentative d’extorsion de fonds. C’est de là que vient toute cette campagne de dénigrement qu’il a subie. Mais il va y avoir match au retour.
C’est pour ça vous avez pris la parole…
Oui, ce n’est pas justifié. Il y a des énormités avec des mots comme "escroc". Mais je ne vois pas où il a gagné de l’argent. Et il n’est pas venu à Marseille les deux poings serrés dans le vestiaire. Il faut que ça cesse. Chez certains journalistes, et je respecte cette profession, il y a un ton passionnel autour de ce sujet. Je peux le comprendre parce que le fonds de commerce d'un ou deux journalistes est d’être informé sur des scoops. Ils sont hors du jeu quand ils n’ont pas eu une information. La seule façon de revenir dans le game est de dire que ce n’est pas vrai car ça peur permet d’exister. Mais là, ça va au-delà de ça. Il y a un côté passionnel, passionné, qui rime avec payé.
Comment pourriez-vous rassurer ceux qui pensent que tout ça n’est qu’un grand bluff plutôt qu’un grand projet?
Les gens me connaissent. C’est un grand projet. Je ne dis pas qu’il va aboutir. Celui qui a la réponse, c’est monsieur McCourt. Nous ne lui mettrons pas un pistolet sur la tête. C’est son entreprise. Il peut vendre ou ne pas vendre. Mais s’il ne vend pas, il a une obligation. Quand on est propriétaire de l’OM, on a une obligation vis-à-vis des Marseillais. Avant d’entrer dans ce projet, j’ai bien vérifié les personnes avec qui j’étais. Je crois que j’ai un historique et je suis sûr de moi.
Quelles sont les prochaines échéances?
Là, ça joue au poker. Moi, je ne sais pas jouer au poker. Au niveau des jeux de cartes, je ne suis pas très bon, je sais jouer à la bataille mais pas au poker. Je laisse faire les spécialistes. Mais je le répète, 130 millions de pertes, c’est beaucoup. Aujourd’hui, le besoin n’est pas urgent en trésorerie car c'est du "bilantiel". On est là.