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L’homme d’affaires franco-tunisien Mohamed Ayachi Ajroudi dévoile son projet et ses ambitions pour l’OM.
Chapeau de cow-boy beige sur la tête et veste en cuir marron, Mohamed Ayachi Ajroudi, installé dans un salon cossu de l’hôtel George-V, n’a qu’une idée en tête: racheter l’OM. L’homme d’affaires franco-tunisien, accompagné de sa femme, de l’un de ses fils et de Mourad Boudjellal, a pris le temps d’exposer son projet au Figaro. Sans langue de bois et avec vigueur. Organigramme de la future structure du club en main («Je ne vous le montre pas trop de près, sinon vous verrez tout»), celui qui se définit comme «bâtisseur» évoque les négociations avec le clan McCourt, les futurs investisseurs et son ambition ultime pour Marseille: remporter la Ligue des champions. Entretien.
LE FIGARO. - Le grand public ne vous connaît pas. Qui êtes-vous M. Ajroudi?
Mohamed AYACHI AJROUDI. - Je suis avant tout un citoyen français qui aime ce pays et qui veut contribuer à son rayonnement. Quand j’entends La Marseillaise, je pleure. J’aime le foot, la vie et la tolérance. Toute ma vie, j’ai été un bâtisseur. Je suis arrivé en France à 14 ans où j’ai fait mes études et j’ai commencé à naviguer. J’ai lancé ma petite entreprise dans le Nord-Pas-de-Calais. J’ai commencé à fabriquer des attaches pour les barges pour Elf Aquitaine. C’est alors bien parti pour moi. Lancer des chantiers, c’est un plaisir pour moi. J’y sens le ciment, l’acier, c’est là où je me suis fait. Depuis j’essaie toujours de faire des grands chantiers, des grands projets.
Votre projet de reprise de l’OM est un sacré chantier…
(Il sourit.) C’est un projet autour des 500 millions d’habitants de la Méditerranée et de ses 350 millions de visiteurs. Je vois l’Olympique de Marseille comme une locomotive pour réaliser un rêve autour de la tolérance et de la jeunesse en Méditerranée. Les politiciens, avec tout le respect que j’ai pour eux, ne sont pas parvenus à le faire, nous, nous essayons de le faire par le sport.
Pourquoi vous lancer dans ce projet de rachat?
Je veux le faire pour le plaisir de le faire, avec des amis. On veut faire un bon tour de table, avec des professionnels, des gens qui connaissent la région. Je serais incapable de le faire seul. Ce n’est pas tout de trouver les financiers, il faut trouver les hommes aussi sur le terrain comme Mourad (Boudjellal) qui a bien réussi avec Toulon en partant de rien. Pour le sportif, j’ai opté pour lui. Il sera le président de l’Olympique de Marseille. Il y aura d’autres spécialistes que vous allez découvrir. Des gens qui ont toujours été dans l’OM, le foot, le sport, des noms connus, certains très très connus. Nous ne sommes pas partis à l’aventure. L’équipe est prête à travailler dès demain. L’organigramme est là.
Où en est votre offre de rachat du club?
Le vendeur dit qu’il ne veut pas vendre et l’acheteur veut acheter le moins cher possible. Le prix en face doit être celui de l’acheteur, pas celui du vendeur.
On en est loin?
On était très près mais la presse a fait que ça s’est écarté. Mais maintenant, cela se calme un peu. Quand on voit les déficits des clubs, on ne peut pas se cacher. Les déficits sont là. Les chiffres vont décider, dire si ces messieurs vont continuer ou céder. Nous, on aime le club. On est supporter et ce n’est pas d’aujourd’hui. L’objectif est de se mettre autour d’une table pour discuter. Quel délai cela va prendre? Cela ne dépend pas de moi. Nous ne sommes pas aussi pressés que l’on peut le lire ou l’entendre. On veut faire un gentlemen’s agreement avec le propriétaire actuel. Le jour où il y a une passation, on reste ami. On ne veut pas faire un truc agressif. Nous ne sommes pas pressés. Nous avons notre équipe, on avance, sûrement. Mais nous ne sommes pas au stade de ce qu’on entend, des 700 millions… On est loin de tout ça. La presse est allée trop vite.
Seriez-vous l’actionnaire majoritaire en cas de rachat?
Tout dépend du prix final. Je serai actionnaire mais c’est un tour de table équilibré. C’est le prix qui définit le tour de table et les pourcentages. Mais je peux vous assurer que la liste des gens qui veulent participer est longue. Beaucoup de gens sont intéressés. Vous le découvrirez le temps voulu. Il y a eu des choses négatives dans la presse sur ma personne. Certains m’ont attaqué moi et ma famille, je ne parle pas de la presse noble. On nous a menacés en nous demandant de l’argent. Qu’on dise que je suis capable ou pas de racheter l’OM, ce n’est pas un problème. Mais de là à rendre public le numéro de mes enfants et de ma femme. Non.
Les supporters sont en attente d’information sur votre projet sportif. Qu’avez-vous à leur dire? Quelle est votre ambition pour l’OM?
Je suis un gagneur et j’ai les ambitions qui vont avec. C’est le seul club français qui a gagné la Ligue des champions. La gagner, c’est le rêve. C’est dans les victoires qu’on rassemble encore plus autour de soi. C’est ça l’objectif. Ce n’est pas un objectif politique, l’Arabie contre le Qatar.
Vous voulez détrôner le PSG sur le plan national?
Bien sûr. Gagner le championnat de France serait un plaisir. On veut rentrer en compétition avec ce qui existe. Et gagner pourquoi pas la Coupe d’Europe.
En termes de budget, l’OM est très loin du PSG et même de Lyon. Dans quelle catégorie souhaitez-vous jouer?
Ce serait plus proche du PSG que de Lyon. Ce n’est pas une question de chiffre ou de montant mais d’hommes capables d’apporter leur compétence. Mais nous serons là pour faire face.
Êtes-vous un vrai fan de football? Quels sont vos modèles?
Oui, j’adore ça. J’aime le côté noble du sport. J’aime la discipline allemande, notamment celle du Bayern Munich. J’apprécie la grinta du Barça. Et un joueur que je n’oublierai jamais, c’est Cristiano Ronaldo. J’aime le respect et la discipline. Il incarne cela.
En rêvez-vous à Marseille?
Tout est possible dans la vie. Il est généreux et donne beaucoup. Il me fait vibrer. Ce serait le rêve… Après c’est la tâche de Mourad Boudjellal.
L’entretien est réalisé dans un établissement prestigieux, détenu par Al-Walid ben Talal (prince saoudien). Est-il investi dans ce projet?
(Ferme.) Ni de près, ni de loin. C’est un projet méditerranéen. Il y a des entreprises saoudiennes, émiraties et une israélienne, mais pas lui. C’est un tour de table de bonne volonté, bien construit. C’est une première victoire d’avoir réuni toutes ces personnes.
Quelle est votre feuille de route dans les jours à venir?
Il faut laisser le temps. On n’est pas pressé. Quand Monsieur McCourt sera prêt, on sera là. S’il nous dit demain, on sera là. On ne veut pas lui créer de problème. Il faut faire une offre et on travaille en direct. On espère que ce sera (la vente) fait le plus vite possible. Tout va dépendre de lui et du moment où il décide de terminer. Ils veulent vendre au prix qu’ils souhaitent, mais on veut acheter au moins cher. Quand il est rentré (à l’OM), il a mis 45 millions d’euros. Louis-Dreyfus a mis 350 M€ dans le club et en a récupéré 45 (il tape du poing sur la table).
Les sentez-vous plus à l’écoute qu’il y a quelques semaines?
Je les ai sentis à l’écoute dès le début. C’est la presse qui dit le contraire.
Frank McCourt dit qu’il n’est pas vendeur…
Pas lui directement. Il était vendeur l’année dernière, pourquoi plus maintenant? Il a même donné les chiffres et à quel prix il veut sortir. On n’est pas parti (sur le projet) comme ça… On veut investir et créer de la richesse à l’OM.
La médiatisation de l’affaire a-t-elle ralenti la vente?
L’affaire n’a pas capoté mais cela a mis en avant un prix dont nous ne parlons pas. C’est quoi ces 700 millions d’euros? La banque Rothschild? Ce n’est pas notre programme. Entre ce que McCourt dit et la réalité, il y a tout un monde. Mais il ne faut jamais braquer quelqu’un. Un vendeur qui veut vendre, ça veut dire, avec tout mon respect, qu’il a joué et que c’est fini. Il faut le laisser sortir par la grande porte. Calmons-nous.
Êtes-vous optimiste?
Oui, je ne serais pas là sinon. Je me bats pour récupérer l’OM, qui sera présidé par Mourad Boudjellal (qui l’interrompt)«Il faut que Monsieur McCourt comprenne que le bon moment est venu pour vendre.»
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Pourquoi avoir choisi Mourad Boudjellal en tant que futur président?
Regardez ce qu’il a fait à Toulon. Il est parti de zéro, a recruté les meilleures stars et a atteint son objectif. C’est ce qu’on veut faire à Marseille. Vous allez découvrir l’équipe autour, de l’entraîneur au dernier. Ce sont tous des enfants de France. Des joueurs à l’entraîneur. Je vous laisse comprendre…
Vous avez un nom d’entraîneur en tête…
Bien sûr. Celui en place est très bon (Villas-Boas), mais qu’est-ce qui serait mieux que d’amener l’enfant du pays?
Vous pensez à Zinedine Zidane?
(Il sourit.) C’est l’avenir qui nous le dira.