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RENCONTRE; Alexandre Faure, garant de la mémoire de Pape Diouf; Ce Marseillais était l'un des plus proches amis de l'ancien patron de l'OM lors des dernières années de sa vie. Il est aujourd'hui président du fonds de dotation créé en sa mémoire
Les sollicitations et flatteries en tous genres ne manquaient pas à l'époque où il était le patron de l'OM. Le temps des flagorneries s'est brutalement arrêté quand Pape Diouf a quitté la présidence du club marseillais, en juin 2009. Ne sont restés à ses côtés que les amis, les vrais, ceux attachés à l'homme, à sa bienveillance, sa fidélité, sa culture, et non à son statut. Julien Fournier et Nathalie Paoli, respectivement secrétaire général et directrice de la communication de la maison ciel et blanc sous son ère, en faisaient partie. Comme son acolyte Étienne Mendy, avec lequel il avait longtemps oeuvré en tant qu'agent, quelques joueurs et journalistes, à l'image de l'ancien reporter de RMC Yann Pécheral.
Une autre personne faisait partie de ce cercle restreint de proches en qui le Sénégalais, décédé le 31 mars 2020 du Covid, avait toute confiance. Il s'appelle Alexandre Faure. Signe particulier : ce quadragénaire n'est pas issu du monde du football ou des médias, quoi qu'il a bifurqué vers la presse après s'être réorienté ces dernières années. Aujourd'hui à la tête du fonds de dotation créé en sa mémoire (lire par ailleurs), il fut l'un de ses plus précieux confidents durant les années qui ont précédé sa disparition, à 68 ans.
Leur différence d'âge (près d'un quart de siècle) constituait-elle un frein dans leur relation ? Que nenni ! Les deux hommes s'appréciaient, au point de se parler quotidiennement, parfois pendant plusieurs heures. Ils n'étaient pourtant pas programmés pour se côtoyer, mais le hasard de la vie a (bien) fait les choses. "Nous nous sommes vus pour la première fois en 2006, rembobine Faure. Je travaillais à l'époque pour Numéricable. Un soir, alors que j'étais d'astreinte, son secteur est tombé en panne. Comme c'était un abonné VIP, il fallait l'appeler une fois que les réparations étaient effectuées."
Un premier échange téléphonique dont l'ancien technicien d'exploitation se souviendra toujours. "Quand je lui ai demandé de regarder si tout fonctionnait bien, il m'a répondu : 'ah mais ça, moi je ne sais pas faire'. Alors qu'il fallait juste allumer la télé !, poursuit-il en se marrant. Il m'a donc demandé de venir voir chez lui. J'y suis allé et c'est là que j'ai vu qu'il s'agissait de Pape Diouf."
Le courant est tout de suite passé. Les premières années, quand ce dernier était encore à la tête du plus populaire, passionnant et extravagant des clubs de l'Hexagone, leurs conversations ne tournaient justement pas autour de ce sujet, pourtant chronophage.
"Lorsqu'il était président, c'est lui qui m'appelait dès qu'il y avait des petits problèmes chez lui. Je ne l'embêtais pas avec l'OM. Je savais qu'il avait d'autres chats à fouetter. Et puis, je n'ai jamais été du genre à gratter l'amitié des gens connus... Je m'en fiche de cela", insiste celui qui accompagnait le natif de d'Abéché au Vélodrome, en 2019, lorsque Guy Cazadamont, l'ancien "monsieur sécurité" du club l'a convaincu de revenir au stade, pour la première fois depuis dix ans. Ensemble, ils ont aussi assisté à des matches de handball du Pays d'Aix UC. Une solide amitié née progressivement. Les liens se sont encore renforcés lorsqu'Alexandre Faure a achevé son cursus de formation à l'Institut Européen de Journalisme, dont Diouf était actionnaire, en 2014. "Je l'avais tout le temps vouvoyé, se remémore-t-il. Le jour de la remise des diplômes, il m'a dit : 'Alex, à partir d'aujourd'hui, tu dois me dire 'tu'. Maintenant, nous sommes confrères et amis'. Cela m'avait touché, il avait bien choisi son moment."
"On a suivi son exemple"
Quand le Pape de Marseille s'en est allé, soudainement, voilà trois ans, c'est comme si Faure avait perdu un membre de sa famille. À la douleur ont succédé l'envie et le besoin de faire perdurer sa mémoire et, surtout, d'aider les autres, comme son mentor savait si bien le faire. En lien notamment avec sa veuve Oumy, il s'est donc investi pleinement dans le lancement, en 2021, du fonds de dotation portant son nom. Une structure appelée à devenir une fondation. "Au niveau des statuts, c'était plus simple de créer un fonds de dotation qu'une fondation, explique-t-il. On a suivi son exemple : il prenait parfois son temps, mais, lorsqu'il avait une idée, il voulait la mener à bien. On avance petit à petit pour bien faire les choses. On ne veut pas y aller au hasard et que ce soit un flop." Faure enchaîne, ému : "J'ai voulu faire quelque chose pour Pape car il m'a conforté dans les principes que je pense être les bons. Il m'a montré que les valeurs humaines étaient les plus importantes. Il m'a toujours dit : 'quoi qu'il arrive, un jour ou l'autre, on reconnaît les vrais hommes par rapport à ce qu'ils ont fait humainement.'"
En ce printemps 2023, Diouf serait fier de son ami.
La Provence