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Champion d'Europe en 2016, vainqueur de la Ligue des champions et de la coupe UEFA avec Porto, triple champion d'Angleterre et du Portugal, champion d'Espagne, Ricardo Carvalho (41 ans) a rejoint l'OM cet été après une riche carrière de joueur. Désormais adjoint d'André Villas-Boas, l'ancien international portugais (89 sélections) découvre à Marseille un nouveau métier et un nouvel environnement. Entretien.
Vous avez intégré le staff de l'OM en juillet. Comment se passent vos débuts dans ce rôle ?
C'est différent, je dois m'adapter. Après la longue carrière que j'ai eue, c'est un nouveau défi pour moi. J'ai envie d'aider les joueurs, principalement les jeunes. Il y en a beaucoup ici, et ils ont beaucoup de qualité. J'aime voir les jeunes grandir, progresser, c'est ce qui me fait le plus plaisir.
Vous pourriez profiter de votre retraite...
Oui, c'est sûr. Mais après avoir reçu cette proposition, j'ai senti que je pouvais aider. Je peux m'occuper des jeunes quand ils font des erreurs, pour qu'ils apprennent et qu'ils corrigent.
C'est la seule raison de votre venue à l'OM ?
Non. Je suis un compétiteur, j'aurais pu rester chez moi avec ma femme et mes trois enfants (deux garçons de 14 et 2 ans, une fille de 12 ans, ndlr). Mais l'adrénaline de la compétition me manquait, la sensation d'être en haut quand tu gagnes et en bas quand tu perds aussi. J'ai toujours eu cet état d'esprit quand j'étais joueur.
Pourquoi avoir accepté l'offre de Villas-Boas ?
C'était mon entraîneur au Shanghai SIPG pour ma dernière année. Ce n'était pas facile à mon âge (38 ans à l'époque) de prendre du plaisir à l'entraînement. Je ne jouais pas beaucoup pour plusieurs raisons, notamment la règle limitant le nombre d'étrangers. Mais j'ai toujours aimé m'entraîner. Je m'identifie à la méthode d'André, son état d'esprit. Mon rôle est d'aider les jeunes à grandir. Il y a plein de joueurs expérimentés, comme Mandanda, Payet, Thauvin, Gustavo, Strootman, mais il y a aussi beaucoup de jeunes.
Depuis quand connaissez-vous "AVB" ?
Depuis Porto, quand il était dans le staff de José Mourinho. J'ai travaillé encore avec lui à Chelsea, encore dans le staff de Mourinho. Après, on s'est retrouvé en Chine, où il était l'entraîneur. On a presque le même âge. Ça arrive, j'ai connu ça à Monaco avec Leonardo Jardim, qui n'est pas beaucoup plus vieux que moi. Mais même si l'entraîneur est plus jeune, c'est le boss. On doit avoir le respect, toujours.
Racontez-nous votre quotidien...
C'est complètement différent. Quand tu joues, tu t'entraînes, tu fais les soins, puis tu rentres à la maison. Maintenant, je passe plus de temps au club. J'arrive à 8h le matin. L'entraînement est fixé à 10h30, on doit préparer la séance, baliser le terrain. Après l'entraînement, en principe, on fait un déjeuner collectif. Les joueurs sont libres après, alors que nous restons pour discuter de l'entraînement, de ce qu'on peut améliorer, se demander pourquoi tel joueur est moins bien, trouver des réponses... Je quitte La Commanderie vers 17h, en principe.
Entraîneur N.1, ça vous tente ?
Non, je veux profiter de cette expérience, apprendre, voir le haut niveau avec Marseille. C'est un plus. Après, je ne sais pas.
Êtes-vous inquiet par les premiers résultats ?
On doit faire mieux chez nous. On n'a pas bien débuté, on n'a pas bien joué. Mais on sait qu'on peut faire mieux, et c'est le plus important. C'est le moment d'être ensemble, de faire les choses bien. À Nantes, l'état d'esprit était bon, on avait confiance.
Avez-vous le sentiment qu'il s'agit déjà d'un moment important ?
C'est un grand club. Quand tu ne joues pas bien, les mauvaises choses arrivent. Quand tu joues bien, l'équipe commence à grandir. Il faut trouver les résultats, engranger la confiance.
L'objectif du podium est-il réalisable ?
Oui, il y a aussi d'autres équipes qui sont bien préparées, mais c'est important pour un club comme l'OM de retrouver la coupe d'Europe, via la Ligue Europa ou la Ligue des champions. On y croit, on peut faire mieux et on doit faire mieux. Mais pour grandir, il faut commencer à gagner.
Les concurrents sont bien préparés, et renforcés... L'OM a-t-il besoin de recruter selon vous ?
Le club ne peut pas dépenser beaucoup d'argent. C'est le plus difficile pour nous. On compte sur les joueurs qui sont ici.
Les difficultés financières vont peut-être obliger les dirigeants à vendre Gustavo...
L'entraîneur veut prendre des joueurs, mais le fair-play financier nous l'empêche. Donc on veut que tout le monde reste, et Gustavo aussi. C'est un joueur très important. Après, ce n'est pas à nous de décider. Il faut voir avec les dirigeants.
Vous connaissiez déjà pas mal de joueurs de l'effectif, comme Valère Germain...
Oui, j'ai joué contre pas mal d'entre eux, comme Payet, Mandanda, Sanson, Thauvin... J'étais coéquipier de Valère à Monaco ; il y a toujours eu beaucoup de respect entre lui et moi, j'étais déjà vieux ! (rire) Maintenant, on doit être proche sans trop l'être. On a une bonne relation.
Avez-vous été surpris par certains jeunes ?
Kamara, bien sûr, mais il y a aussi Niels (Nkounkou) qui est très bon, c'est une vraie surprise. Il y a Marley (Ake) qui arrive, et Isaac (Lihadji), qui est très fort en un-contre-un.
Discutez-vous avec Lihadji de l'importance de signer son contrat professionnel ?
Je ne peux pas tout dire, juste que je lui donne des conseils. Isaac est trop fort avec le ballon, mais il doit encore trouver le moment où il doit dribbler, et le moment où il doit faire la passe.
Vous avez écumé de nombreux championnats, quel regard portez-vous sur le niveau de la L1 ?
C'est un mélange d'Espagne et d'Angleterre, c'est très physique. En Liga, on joue plus avec le ballon, mais c'est moins physique, et la Premier League est le meilleur championnat du monde.
Comment jugez-vous l'évolution des mentalités chez les footballeurs ?
La gestion du vestiaire est plus difficile. À mes débuts, tout ce que le coach disait était respecté. Maintenant, les joueurs font comme ils veulent.
Vous parlez du penalty raté de Benedetto ?
(Sourire) Non, il valait mieux pour nous que Dim' (Payet) le tire, cela aurait été plus facile à accepter de le voir rater parce que c'était notre choix. Mais son geste partait d'une bonne intention, c'était pour mettre Dario en confiance. Dans le groupe, ça passe. J'étais joueur, j'ai déjà connu ça. Ce que je voulais dire, c'est que les joueurs acceptaient beaucoup plus la critique avant. Aujourd'hui, ils pensent que tu les critiques pour les blesser, pas pour les aider à progresser. Alors que l'entraîneur essaie toujours de faire grandir ses joueurs et son équipe. Mais il y a plus d'ego qu'avant, aussi.
Vous êtes passé par Porto, Chelsea, le Real Madrid... L'OM est-il ce qu'on appelle un grand club ?
J'ai joué trois ans à Monaco, c'est un club particulier. Ici, tu sens l'histoire de l'OM. C'est un grand club, respecté, avec beaucoup de fanatiques ! Quand tout va bien, c'est magnifique ; quand tout va mal, c'est difficile. C'est ce qui fait les grands clubs. À Chelsea, c'était particulier aussi. Je suis arrivé en 2004, au moment où le club a commencé à gagner. Mais au Real Madrid aussi, ça devient vite difficile de vivre avec la défaite.
Au Real, on sent aussi le poids de l'institution. Le ressentez-vous à Marseille ?
Oui, le Real Madrid est le plus grand club où j'ai joué, tout est multiplié. Ici, on sent surtout que tout le monde aime le club, on sent que les gens sont passionnés, ils vivent pour le club, ils aiment parler, te dire de gagner.
On sent plus la ferveur des supporters ?
Oui, c'est ça.
Que vous dîtes-vous quand vous voyez 53 000 supporters au Vélodrome contre Reims ?
C'est une atmosphère magnifique ! Quand je suis arrivé sur la pelouse, avant le coup d'envoi, j'ai senti qu'on allait faire de belles choses dans cette ambiance ! Et après, le match a commencé. Mais c'est beau de voir leur implication.
Comprenez-vous leur colère ?
C'est le premier match. Tout le monde veut gagner. Il aurait mieux valu mal jouer et gagner. Mais tout le monde sait le moment que nous passons, c'est important d'être de notre côté.
En croisez-vous en ville ?
Oui, je leur dis la même chose, qu'il faut commencer à gagner. Mais ils me préviennent déjà que si on ne gagne pas à Nice, ça va être difficile contre Saint-Étienne ! (rire) Je leur dis "doucement"... Non, mais tout le monde veut que l'OM gagne. Pour moi, c'est normal. Et je préfère avoir ce type de pression, plutôt que de ne pas en avoir du tout ! En tant que joueur, c'est mieux. À Monaco, je me mettais moi-même la pression pour me motiver et bien jouer, car je savais qu'il n'y avait pas beaucoup de supporters... Pas la peine ici, la pression arrive tout seul !
Un mot sur l'OGC Nice, justement...
Alvaro a reçu un coup ce matin à l'entraînement, on verra. Nice aura beaucoup de confiance après avoir gagné ses deux premiers matches. Ce sera un bon test pour nous. C'est une bonne équipe, avec un 4-3-3 intéressant. J'ai joué contre l'entraîneur aussi, mais j'étais jeune (rire). Ce sera à nous de faire de notre mieux, avec et sans ballon. Contre Nantes, ce n'était pas facile car les attaquants étaient forts physiquement. On doit garder notre état d'esprit.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de joueur ?
Le titre de champion d'Europe, c'était incroyable. C'est l'accomplissement de ma carrière. Après ça, j'aurais pu arrêter. Je me le suis dit, d'ailleurs. J'étais heureux de finir comme ça. C'était un manque pour moi, et pour d'autres de la sélection. J'avais déjà fait la finale de l'Euro en 2004 avec une grande et belle équipe. Pff... Rui Costa, Deco, Figo, Cristiano... En 2016, personne ne voulait nous voir gagner. C'était normal. On avait un grand groupe, on savait qu'on ne jouait pas bien du tout, mais qu'il était difficile de nous mettre des buts. C'était l'objectif. On a eu un peu de chance aussi, c'est important pour gagner. On en a eu avec ce moment où Gignac a touché le poteau... Après, il y a la victoire en Ligue Europa. C'était la coupe UEFA, victoire 3-2 contre le Celtic en 2003, avec Henrik Larsson en pointe. C'était mon premier trophée international. Et puis la Ligue des champions, forcément. Pour gagner, tu dois arriver en finale. Et moi, j'ai gagné dès ma première finale, avec Porto contre Monaco. C'était un rêve.
Quels sont les meilleurs joueurs que vous ayez affrontés ? Et ceux avec lesquels vous avez joué ?
J'ai joué contre beaucoup de grands joueurs ! Thierry Henry à Arsenal, quand les Gunners étaient trop forts, Ruud Van Nistelrooy avec Manchester United, Ronaldinho Gaucho, Messi...
Après, j'ai joué avec Cristiano Ronaldo, 3 ans à Madrid et 10 en sélection. C'est le plus complet du monde : mentalement, physiquement, techniquement, il est toujours là. Il peut tout faire, il travaille plus que les autres, il mérite ce qui lui arrive. J'ai aussi adoré... Didier Drogba ! Honnêtement, en 2003, avec Porto, c'était la première fois que je jouais contre l'OM. Je ne le connaissais pas avant, je l'avais trouvé incroyable, vraiment trop fort. Il m'a bluffé ! L'été suivant, on a signé ensemble à Chelsea ! J'ai aussi beaucoup apprécié Van Nistelrooy, lui c'était la classe.
Les joueurs de l'OM vous demandent-ils de leur raconter des anecdotes de votre carrière ?
Non, ils demandent surtout qui sont les joueurs les plus forts contre lesquels j'ai joué. Ils ont commencé par me demander si j'étais dans le groupe du Portugal en 2016 pour l'Euro. C'est Max' (Lopez) qui m'a posé la question. À ma grande surprise, Bouba (Kamara) a dit qu'il se souvenait de moi avec le numéro 6 et les crampons orange !
Avez-vous eu le temps de vous installer ?
Je suis encore à l'hôtel, je cherche une maison. J'ai regardé dans le 8e à Marseille, à Cassis et à Aix. J'aime tout. À Aix, il y a l'école internationale, c'est bien pour les enfants. Et le 8e c'est plus simple car c'est dans la ville. Mais je n'ai pas encore choisi. Ma famille va bientôt me rejoindre. Mon fils aîné va jouer ici. Il jouait déjà à Monaco, et à Shanghai aussi.
La Provence
Vous avez intégré le staff de l'OM en juillet. Comment se passent vos débuts dans ce rôle ?
C'est différent, je dois m'adapter. Après la longue carrière que j'ai eue, c'est un nouveau défi pour moi. J'ai envie d'aider les joueurs, principalement les jeunes. Il y en a beaucoup ici, et ils ont beaucoup de qualité. J'aime voir les jeunes grandir, progresser, c'est ce qui me fait le plus plaisir.
Vous pourriez profiter de votre retraite...
Oui, c'est sûr. Mais après avoir reçu cette proposition, j'ai senti que je pouvais aider. Je peux m'occuper des jeunes quand ils font des erreurs, pour qu'ils apprennent et qu'ils corrigent.
C'est la seule raison de votre venue à l'OM ?
Non. Je suis un compétiteur, j'aurais pu rester chez moi avec ma femme et mes trois enfants (deux garçons de 14 et 2 ans, une fille de 12 ans, ndlr). Mais l'adrénaline de la compétition me manquait, la sensation d'être en haut quand tu gagnes et en bas quand tu perds aussi. J'ai toujours eu cet état d'esprit quand j'étais joueur.
Pourquoi avoir accepté l'offre de Villas-Boas ?
C'était mon entraîneur au Shanghai SIPG pour ma dernière année. Ce n'était pas facile à mon âge (38 ans à l'époque) de prendre du plaisir à l'entraînement. Je ne jouais pas beaucoup pour plusieurs raisons, notamment la règle limitant le nombre d'étrangers. Mais j'ai toujours aimé m'entraîner. Je m'identifie à la méthode d'André, son état d'esprit. Mon rôle est d'aider les jeunes à grandir. Il y a plein de joueurs expérimentés, comme Mandanda, Payet, Thauvin, Gustavo, Strootman, mais il y a aussi beaucoup de jeunes.
Depuis quand connaissez-vous "AVB" ?
Depuis Porto, quand il était dans le staff de José Mourinho. J'ai travaillé encore avec lui à Chelsea, encore dans le staff de Mourinho. Après, on s'est retrouvé en Chine, où il était l'entraîneur. On a presque le même âge. Ça arrive, j'ai connu ça à Monaco avec Leonardo Jardim, qui n'est pas beaucoup plus vieux que moi. Mais même si l'entraîneur est plus jeune, c'est le boss. On doit avoir le respect, toujours.
Racontez-nous votre quotidien...
C'est complètement différent. Quand tu joues, tu t'entraînes, tu fais les soins, puis tu rentres à la maison. Maintenant, je passe plus de temps au club. J'arrive à 8h le matin. L'entraînement est fixé à 10h30, on doit préparer la séance, baliser le terrain. Après l'entraînement, en principe, on fait un déjeuner collectif. Les joueurs sont libres après, alors que nous restons pour discuter de l'entraînement, de ce qu'on peut améliorer, se demander pourquoi tel joueur est moins bien, trouver des réponses... Je quitte La Commanderie vers 17h, en principe.
Entraîneur N.1, ça vous tente ?
Non, je veux profiter de cette expérience, apprendre, voir le haut niveau avec Marseille. C'est un plus. Après, je ne sais pas.
Êtes-vous inquiet par les premiers résultats ?
On doit faire mieux chez nous. On n'a pas bien débuté, on n'a pas bien joué. Mais on sait qu'on peut faire mieux, et c'est le plus important. C'est le moment d'être ensemble, de faire les choses bien. À Nantes, l'état d'esprit était bon, on avait confiance.
Avez-vous le sentiment qu'il s'agit déjà d'un moment important ?
C'est un grand club. Quand tu ne joues pas bien, les mauvaises choses arrivent. Quand tu joues bien, l'équipe commence à grandir. Il faut trouver les résultats, engranger la confiance.
L'objectif du podium est-il réalisable ?
Oui, il y a aussi d'autres équipes qui sont bien préparées, mais c'est important pour un club comme l'OM de retrouver la coupe d'Europe, via la Ligue Europa ou la Ligue des champions. On y croit, on peut faire mieux et on doit faire mieux. Mais pour grandir, il faut commencer à gagner.
Les concurrents sont bien préparés, et renforcés... L'OM a-t-il besoin de recruter selon vous ?
Le club ne peut pas dépenser beaucoup d'argent. C'est le plus difficile pour nous. On compte sur les joueurs qui sont ici.
Les difficultés financières vont peut-être obliger les dirigeants à vendre Gustavo...
L'entraîneur veut prendre des joueurs, mais le fair-play financier nous l'empêche. Donc on veut que tout le monde reste, et Gustavo aussi. C'est un joueur très important. Après, ce n'est pas à nous de décider. Il faut voir avec les dirigeants.
Vous connaissiez déjà pas mal de joueurs de l'effectif, comme Valère Germain...
Oui, j'ai joué contre pas mal d'entre eux, comme Payet, Mandanda, Sanson, Thauvin... J'étais coéquipier de Valère à Monaco ; il y a toujours eu beaucoup de respect entre lui et moi, j'étais déjà vieux ! (rire) Maintenant, on doit être proche sans trop l'être. On a une bonne relation.
Avez-vous été surpris par certains jeunes ?
Kamara, bien sûr, mais il y a aussi Niels (Nkounkou) qui est très bon, c'est une vraie surprise. Il y a Marley (Ake) qui arrive, et Isaac (Lihadji), qui est très fort en un-contre-un.
Discutez-vous avec Lihadji de l'importance de signer son contrat professionnel ?
Je ne peux pas tout dire, juste que je lui donne des conseils. Isaac est trop fort avec le ballon, mais il doit encore trouver le moment où il doit dribbler, et le moment où il doit faire la passe.
Vous avez écumé de nombreux championnats, quel regard portez-vous sur le niveau de la L1 ?
C'est un mélange d'Espagne et d'Angleterre, c'est très physique. En Liga, on joue plus avec le ballon, mais c'est moins physique, et la Premier League est le meilleur championnat du monde.
Comment jugez-vous l'évolution des mentalités chez les footballeurs ?
La gestion du vestiaire est plus difficile. À mes débuts, tout ce que le coach disait était respecté. Maintenant, les joueurs font comme ils veulent.
Vous parlez du penalty raté de Benedetto ?
(Sourire) Non, il valait mieux pour nous que Dim' (Payet) le tire, cela aurait été plus facile à accepter de le voir rater parce que c'était notre choix. Mais son geste partait d'une bonne intention, c'était pour mettre Dario en confiance. Dans le groupe, ça passe. J'étais joueur, j'ai déjà connu ça. Ce que je voulais dire, c'est que les joueurs acceptaient beaucoup plus la critique avant. Aujourd'hui, ils pensent que tu les critiques pour les blesser, pas pour les aider à progresser. Alors que l'entraîneur essaie toujours de faire grandir ses joueurs et son équipe. Mais il y a plus d'ego qu'avant, aussi.
Vous êtes passé par Porto, Chelsea, le Real Madrid... L'OM est-il ce qu'on appelle un grand club ?
J'ai joué trois ans à Monaco, c'est un club particulier. Ici, tu sens l'histoire de l'OM. C'est un grand club, respecté, avec beaucoup de fanatiques ! Quand tout va bien, c'est magnifique ; quand tout va mal, c'est difficile. C'est ce qui fait les grands clubs. À Chelsea, c'était particulier aussi. Je suis arrivé en 2004, au moment où le club a commencé à gagner. Mais au Real Madrid aussi, ça devient vite difficile de vivre avec la défaite.
Au Real, on sent aussi le poids de l'institution. Le ressentez-vous à Marseille ?
Oui, le Real Madrid est le plus grand club où j'ai joué, tout est multiplié. Ici, on sent surtout que tout le monde aime le club, on sent que les gens sont passionnés, ils vivent pour le club, ils aiment parler, te dire de gagner.
On sent plus la ferveur des supporters ?
Oui, c'est ça.
Que vous dîtes-vous quand vous voyez 53 000 supporters au Vélodrome contre Reims ?
C'est une atmosphère magnifique ! Quand je suis arrivé sur la pelouse, avant le coup d'envoi, j'ai senti qu'on allait faire de belles choses dans cette ambiance ! Et après, le match a commencé. Mais c'est beau de voir leur implication.
Comprenez-vous leur colère ?
C'est le premier match. Tout le monde veut gagner. Il aurait mieux valu mal jouer et gagner. Mais tout le monde sait le moment que nous passons, c'est important d'être de notre côté.
En croisez-vous en ville ?
Oui, je leur dis la même chose, qu'il faut commencer à gagner. Mais ils me préviennent déjà que si on ne gagne pas à Nice, ça va être difficile contre Saint-Étienne ! (rire) Je leur dis "doucement"... Non, mais tout le monde veut que l'OM gagne. Pour moi, c'est normal. Et je préfère avoir ce type de pression, plutôt que de ne pas en avoir du tout ! En tant que joueur, c'est mieux. À Monaco, je me mettais moi-même la pression pour me motiver et bien jouer, car je savais qu'il n'y avait pas beaucoup de supporters... Pas la peine ici, la pression arrive tout seul !
Un mot sur l'OGC Nice, justement...
Alvaro a reçu un coup ce matin à l'entraînement, on verra. Nice aura beaucoup de confiance après avoir gagné ses deux premiers matches. Ce sera un bon test pour nous. C'est une bonne équipe, avec un 4-3-3 intéressant. J'ai joué contre l'entraîneur aussi, mais j'étais jeune (rire). Ce sera à nous de faire de notre mieux, avec et sans ballon. Contre Nantes, ce n'était pas facile car les attaquants étaient forts physiquement. On doit garder notre état d'esprit.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de joueur ?
Le titre de champion d'Europe, c'était incroyable. C'est l'accomplissement de ma carrière. Après ça, j'aurais pu arrêter. Je me le suis dit, d'ailleurs. J'étais heureux de finir comme ça. C'était un manque pour moi, et pour d'autres de la sélection. J'avais déjà fait la finale de l'Euro en 2004 avec une grande et belle équipe. Pff... Rui Costa, Deco, Figo, Cristiano... En 2016, personne ne voulait nous voir gagner. C'était normal. On avait un grand groupe, on savait qu'on ne jouait pas bien du tout, mais qu'il était difficile de nous mettre des buts. C'était l'objectif. On a eu un peu de chance aussi, c'est important pour gagner. On en a eu avec ce moment où Gignac a touché le poteau... Après, il y a la victoire en Ligue Europa. C'était la coupe UEFA, victoire 3-2 contre le Celtic en 2003, avec Henrik Larsson en pointe. C'était mon premier trophée international. Et puis la Ligue des champions, forcément. Pour gagner, tu dois arriver en finale. Et moi, j'ai gagné dès ma première finale, avec Porto contre Monaco. C'était un rêve.
Quels sont les meilleurs joueurs que vous ayez affrontés ? Et ceux avec lesquels vous avez joué ?
J'ai joué contre beaucoup de grands joueurs ! Thierry Henry à Arsenal, quand les Gunners étaient trop forts, Ruud Van Nistelrooy avec Manchester United, Ronaldinho Gaucho, Messi...
Après, j'ai joué avec Cristiano Ronaldo, 3 ans à Madrid et 10 en sélection. C'est le plus complet du monde : mentalement, physiquement, techniquement, il est toujours là. Il peut tout faire, il travaille plus que les autres, il mérite ce qui lui arrive. J'ai aussi adoré... Didier Drogba ! Honnêtement, en 2003, avec Porto, c'était la première fois que je jouais contre l'OM. Je ne le connaissais pas avant, je l'avais trouvé incroyable, vraiment trop fort. Il m'a bluffé ! L'été suivant, on a signé ensemble à Chelsea ! J'ai aussi beaucoup apprécié Van Nistelrooy, lui c'était la classe.
Les joueurs de l'OM vous demandent-ils de leur raconter des anecdotes de votre carrière ?
Non, ils demandent surtout qui sont les joueurs les plus forts contre lesquels j'ai joué. Ils ont commencé par me demander si j'étais dans le groupe du Portugal en 2016 pour l'Euro. C'est Max' (Lopez) qui m'a posé la question. À ma grande surprise, Bouba (Kamara) a dit qu'il se souvenait de moi avec le numéro 6 et les crampons orange !
Avez-vous eu le temps de vous installer ?
Je suis encore à l'hôtel, je cherche une maison. J'ai regardé dans le 8e à Marseille, à Cassis et à Aix. J'aime tout. À Aix, il y a l'école internationale, c'est bien pour les enfants. Et le 8e c'est plus simple car c'est dans la ville. Mais je n'ai pas encore choisi. Ma famille va bientôt me rejoindre. Mon fils aîné va jouer ici. Il jouait déjà à Monaco, et à Shanghai aussi.
La Provence