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Stade Rennais. Olivier Létang, récit des dernières heures d’un président…
Olivier Létang, évincé de la présidence du Stade Rennais jeudi matin par l’actionnaire unique, a passé une journée rythmée par les adieux. Entre conseil exécutif, conseil d’administration, entrevues avec les salariés et discours aux joueurs, récit d’une journée pas comme les autres.
Olivier Létang a eu du mal à parler aux joueurs. Les mots empêchés, l’émotion. C’était ce vendredi, quelques minutes avant la mise en place tactique prévue à 16 heures et à huis clos à la Piverdière, le centre d'entraînement du Stade Rennais. Et c’était sans le staff ni Julien Stéphan, à la demande du président. Olivier Létang a eu du mal à parler. Il venait d’en finir avec son comité exécutif, un comité restreint, en début d’après-midi. Puis avec un conseil d’administration qui avait entériné la décision de l’actionnaire unique de le révoquer.
Il avait appris jeudi matin, lors d’une réunion de routine à Paris, vingt-sept mois exactement après sa nomination à la tête du club, que le chemin s’arrêterait là pour lui. De la bouche de François-Henri Pinault.
Olivier Létang a eu du mal à parler aux joueurs, ce vendredi juste avant la séance du jour. Parce qu’avant le comité exécutif, avant le conseil d’administration, il avait fait le tour des bureaux, avait vu tous les salariés, presque un par un. On raconte des larmes, on raconte quelques fausses larmes, car il était un personnage clivant. Un jour, alors qu’il recevait dans son bureau, il avait dit cette phrase : « Vous savez, je suis une bête qui paraît froide, mais qui est terriblement humaine au fond. » Une phrase lâchée comme ça, alors qu’il préparait le thé. Il aimait bien dire cela. Et dire aussi : « Les gens n’imaginent pas le travail que cela représente tout ça. Ils n’imaginent pas. »
Certains, la garde rapprochée, comme Sylvain Armand et quelques autres, étaient passés chez lui avant que tout ne s’accélère, et lui essayait de ne pas montrer d’émotion malgré l’onde de choc ressentie.
Et puis les mots sont sortis, dans l’intimité du vestiaire, les joueurs en face de lui. En substance : « Vous, je veux dire vous les joueurs, je m’en fous ; ce qui m’intéresse, c’est les hommes. Je ne pouvais pas ne pas vous dire au revoir parce que notre relation est, et a été, très forte. »
Il n’aurait pas pu aller beaucoup plus loin dans un premier temps. Plusieurs joueurs auraient alors réagi très vivement durant quelques minutes, refusant notamment d’aller s’entraîner. Olivier Létang aurait alors repris la parole. En substance : « Les gars, c’est exactement ce que je ne voulais pas. J’ai un rêve en tête, c’est de qualifier ce club pour la Champion’s League. Vous pouvez le faire. Ça commence par une victoire demain contre Brest. Faites-le pour moi. »
Damien Da Silva, le capitaine, aurait alors pris la parole à son tour en disant qu’Olivier Létang était un grand monsieur, que si lui en était là, que si le club en était là, c’était grâce à lui. Que le groupe pouvait lui dire un grand merci.
Le désormais ex-président exécutif du SRFC a rangé son bureau. Il a fait savoir par personnes interposées qu’il ne s’exprimerait pas tout de suite, pas avant dix ou quinze jours sur ce départ brutal. Selon un proche, il aurait chaussé ses baskets et serait parti courir…