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Christian Estrosi a reçu Nice-Matin hier pour s’exprimer sur le rachat du Gym par Jim Ratliffe. Le maire de la ville estime que ses concitoyens avaient besoin de sentir ce nouvel élan
Christian Estrosi ne s’en cache pas. Il est ravi de voir l’OGC Nice tomber dans l’escarcelle de Jim Ratcliffe. Hier, le maire de la ville a reçu Nice-Matin durant plus d’une heure. " Il y a quelque chose qui se passe, une sorte de réveil, des Niçois qui y croient de nouveau, comme jamais, peut-être ", nous a confié Estrosi, qui a déjà réservé sa place pour le derby contre l’Olympique de Marseille. " Celui-là, il ne faut pas le manquer... "
Que pensez-vous du rachat annoncé de l’OGC Nice par Jim Ratcliffe ?
Je suis attentif à ce qu’il a investi dans le sport, à ses affaires dans le monde industriel. Quand il entreprend, il y va à fond. Il a vécu le Tour de France au plus près avec le team INEOS, je l’ai vu savourer plusieurs fois sur la ligne d’arrivée. C’est un capitaine d’industrie, un homme d’affaires, un vrai passionné de sports. On sent qu’il s’investit parce qu’il a la gagne en lui. Il a envie de succès. Il ne vient pas à l’OGC Nice pour faire du business, ça n’aurait aucun sens. C’est ce qui va donner une force nouvelle au club. Il veut un club français et le faire briller.
L’avez-vous déjà rencontré ?
Non, je dois le faire dans les prochains jours. J’ai eu des contacts par son frère et ses proches collaborateurs. J’ai rencontré Bob Ratcliffe, je me suis rapidement rendu compte que c’était du solide. J’ai eu un aparté avec Ganaye également... Je lui ai dit que la ville de Nice ne mettrait jamais l’OGC Nice en difficulté. Je ne savais alors pas si ce rachat allait aboutir.
C’est une aubaine pour le Gym ?
Oui, mais aussi pour la ville de Nice. Le sport reste le sport avec tous les aléas qu’on connaît. Le budget ne fera pas tout. Le club a été consolidé pendant 10 ans par Jean-Pierre (Rivère). Le tramway va arriver le 15 novembre. Les soirs de matchs, il y aura un service spécial. On est en train de mettre en place une antenne spécifique pour gérer au mieux le trafic. Il pourra diminuer de 20 %, il y aura un effet immédiat sur l’accessibilité.
On sent poindre un réel optimisme chez les Niçois...
J’ai vu la longue file pour la campagne d’abonnement, l’affluence qui grimpe en prévision de Nice - Marseille. Je m’en aperçois au quotidien quand je vais à la rencontre des Niçois. Ce matin, j’ai pris le café Place du Pin, j’ai senti le patron du bar déjà dans son derby. Il était à fond. Depuis quelques jours, il y a une sorte de réveil, des gens qui y croient de nouveau, peut-être comme jamais. Il y a un truc qui se passe. La rentrée se fait sur le thème de l’OGC Nice... Les Niçois ont besoin d’un réel enjeu, qu’il y ait de l’adrénaline. Il y a une offre dans bien des domaines dans notre région. Ici, si ça ne brille pas...
Voir ce stade à moitié vide depuis de longs mois a dû vous contrarier ?
Dire qu’il est vide est injuste car même quand il est vide il est plus rempli que le Ray. Il y a une moyenne de 17-18 000 spectateurs contre 7000-8000 au Ray. Je n’ai jamais été inquiet. Ce stade est construit pour 50 ou 60 ans et va accueillir bien des événements comme les deux demi-finales de Top 14. On fait envie. La Coupe du monde féminine a été un vecteur de croissance pour les hôteliers, entre autres... J’ai également bon espoir qu’un jour Nice ait une équipe de rugby en Top 14.
Peut-on vous imaginer céder le stade à Jim Ratcliffe ?
Non, ça n’a pas de sens. Il faut que ça reste le stade de la ville. On a commencé à payer le loyer en 2013, il restera vingt ans en 2020. Si Ratcliffe veut se mettre autour de la table, j’irai. Il ne faut jamais fermer la porte à rien mais je ne vois pas l’intérêt pour Jim Ratcliffe.
Combien vaut l’Allianz Riviera ?
C’est très compliqué d’estimer sa valeur. Au bout de 27 ans, le gestionnaire du stade doit nous le restituer à l’état neuf. On paye 6 millions d’euros/mois à l’Allianz, le Ray nous coûtait 4 millions d’euros. Ça me coûte deux millions de plus d’avoir un stade entretenu par d’autres et il nous sera restitué comme neuf dans vingt ans.
A un an des municipales, l’OGC Nice était-il un enjeu électoral alors que certains de vos concurrents se sont rapprochés des actionnaires actuels ?
Je n’avais pas vu. C’était passé totalement inaperçu tellement ils sont transparents (il rit). Ce n'est pas un enjeu pour moi. Ça fait partie de ma personnalité et mon engagement était total. Je n’ai pas envie d'en faire un débat politique parce que demain, si je n'étais plus maire, j'aurais toujours ma place au stade, j'irais et je soutiendrais l'OGC Nice. Quand j'avais 7-8 ans, mon père m'a emmené au Ray, j'ai grandi avec ce club. Lorsque j’étais adjoint aux sports sous Jacques Médecin, le club était essentiellement financé par les subventions de la ville. J'étais alors membre du conseil d'administration du club. Donc si certains considèrent aujourd'hui que ce serait un enjeu où ils auront de l'espace, je ne le crois pas.
100 millions d'euros pour racheter l'OGC Nice, c'est un record en France. Ça vous surprend ?
C'est un tout. Je ne sais pas si tout le monde en a conscience, mais Nice a changé de planète.
En dix ans, on est devenu beaucoup plus attractif. Nice est un club qui a une histoire, dans une ville qui est la treizième "Smart city" au monde. Sur la scène internationale, quelles sont les deux villes les plus connues en France ? Paris et Nice Côte d'Azur. Ce n'est donc pas si étonnant.
C'est ce que vous souhaitiez il y a dix ans ?
C'est ce que je souhaitais, et aujourd'hui, qu'une personnalité comme Jim Ratcliffe ait envie de donner des moyens à l'OGC Nice, c'est une espèce de récompense des politiques menées jusqu'ici. On a fait envie.
Vous imaginez un jour Nice champion de France ?
Il faut être raisonnable par rapport à ce qu'est le PSG aujourd'hui. Mais je ne suis pas sûr que leur mode de fonctionnement soit si éternel que ça. Etre sur le podium sur les deux ans qui viennent, ce serait déjà bien. Nice démarre un nouveau parcours. On avait les fondations et le rez-de-chaussée, on va pouvoir bâtir les étages.
Votre regard sur Patrick Vieira ?
On a eu de beaux entraîneurs, Jean-Pierre Rivère ne s'est pas trompé sur Claude Puel, ni sur Lucien Favre, ni sur Patrick Vieira. Ce n'était pas évident pourtant pour Vieira, il s'est senti un peu ballotté au milieu de tout ça. Mais la qualité de l'homme est incontestable.
En tant que supporter, il y a un joueur que vous aimeriez voir sous le maillot rouge et noir ?
En tant que Niçois, ce serait génial de voir Hugo Lloris ici. Et si on avait 2-3 héros français de la dernière Coupe du monde, je pense que ça serait bien.
Vous êtes récemment monté au créneau contre les interdictions de déplacements des supporters abusives. Ça vous exaspère ?
On leur fait porter un chapeau qu'ils ne méritent pas. Je demande que l'on s'attaque aux individus et non au collectif. Les mesures d'interdiction de stade ont leur efficacité, et maintenant il y a des caméras partout et des services infiltrés pour identifier celui ou celle qui pose un problème. Je pense sincèrement que le souci de violence dans le supportérisme, connu il y a quelques années en France, est soldé. Je pèserai de tout mon poids pour qu'on mette un terme à ce qui est ressenti comme une réelle injustice. Faut qu'un match de foot reste un spectacle, si on impute les supporters, c'est imputer une partie du spectacle.
L'homophobie dans les stades devient aussi un problème majeur sous l'égide de Roxana Maracineanu. Votre avis ?
L'homophobie est à combattre, point. Dire qu'il faut le combattre dans un stade semble dire qu'il ne faut pas le combattre ailleurs.Je trouve ça totalement absurde. Et je ne pense pas qu'il y ait davantage de comportements homophobes dans un stade qu'ailleurs, bien au contraire peut-être.
VINCENT MENICHINI ET WILLIAM HUMBERSET
Le closing reporté à lundi ?
Espéré hier, le closing du rachat de l’OGC Nice par Ineos devrait s’effectuer lundi. Quelques problèmes administratifs n’ont pas permis au conseil de surveillance de se réunir avant le week-end.