Gérard Collomb a beau se rassurer en refusant de considérer le tweet de Jean-Michel Aulas comme un soutien à son ennemi David Kimelfeld, il sait bien que le patron de l’Olympique lyonnais est en train de le lâcher en rase campagne.
Certains reprochent beaucoup de choses à Jean-Michel Aulas ; mais nul ne songerait à mettre en cause son intelligence des situations et son sens des rapports de force. En retweetant comme il l’a fait le message de David Kimefeld, il savait pertinemment que chacun l’interpréterait comme un soutien à ce dernier.
Son (très discret) démenti qui a suivi n’a trompé personne. Il est clair que le président de l’Olympique lyonnais a décidé de filer un coup de main à l’actuel président de la Métropole. Ce faisant, il n’hésite pas à trahir un Gérard Collomb à qui il doit tant, à commencer par l’implantation au Montout de son Grand Stade.
On aurait toutefois tort de s’offusquer de ce que certains considèrent comme une trahison. Pour en arriver là, le businessman a forcément dû défendre ses propres intérêts à plusieurs reprises. Et dans ce domaine au moins, on reconnaîtra qu’il est un véritable champion de France.
Reste à comprendre pourquoi Jean-Michel Aulas a choisi d’adresser publiquement un tel signe à David Kimelfeld. On se doute bien que ce n’est en aucun cas pour des questions de proximité politique. En ce domaine, les deux hommes sont plutôt même aux antipodes.
Le maire du 4e arrondissement de Lyon est nettement plus à gauche que son ex mentor Gérard Collomb. Sur nombre de sujets, il se fait un plaisir de caresser les socialistes dans le sens du bulletin de vote. Pire pour le sarkozyste assumé qu’est Jean-Michel Aulas : David Kimelfeld fait les yeux doux à ses bouillants et résolus adversaires que sont les écologistes.
Un calendrier qui pourrait tout changer
Pour comprendre l’origine de ce soutien, il suffit de chercher quel est l’intérêt de JMA. Et là, la solution n’est guère difficile à trouver. Maintenant que le loup qu’il est a mis une patte dans la bergerie de Tony Parker, il a impérativement besoin que son projet d’une nouvelle salle Arena sur son site de Décines avance très vite.
Or, c’est loin d’être gagné. En l’état actuel du PLUH (plan local d’urbanisme et d’habitat), la construction d’une salle de spectacle sur le site n’est pas possible. Il va donc falloir procéder en amont à une révision de ce tout nouveau PLUH.
On le sait, une telle procédure demande du temps. Il faut d’abord que le conseil métropolitain vote le principe. Vient ensuite le temps de l’instruction qui dure au minimum entre douze et quatorze mois.
Du coup, on comprend vite ce que cherche Jean-Michel Aulas. En échange de son petit tweet lourd de sens, il attend du président de la collectivité qu’il inscrive le plus vite possible à l’ordre du jour d’une prochaine séance métropolitaine une délibération l’autorisant à lancer la procédure de modification. Gérard Collomb a beau avoir été utile par le passé, il n'a aujourd'hui aucun pouvoir qui puisse intéresse JMA.
Le temps presse. Si un tel vote n’intervient pas cet automne, le dossier perdra au moins un an. La prochaine assemblée métropolitaine qui sera élue au printemps aura dans un premier temps d’autres priorités que de traiter celui-ci. Au mieux, elle pourrait le faire à l’automne 2020. Et plus probablement au printemps 2021.
L'avenir du projet entre les mains de Kimelfeld
C’est-à-dire que David Kimelfeld a aujourd’hui la possibilité de faire gagner une à deux années au projet OL-ASVEL. Quoi qu’il en soit, dans le meilleur des cas, entre le temps d’instruction du dossier, le dépôt du permis de construire et sa délivrance par la ou le futur(e) maire de Décines, il faudra attendre l’été 2022 pour poser la première pierre. Et même fin 2023 si David Kimelfeld ne parvient pas à faire voter la délibération.
Politiquement, il peut être toutefois risqué de lancer une révision pour les beaux yeux du président de l’OL. Il ne faut pas oublier qu’il existe des milliers de citoyens qui sont furieux et rêvent d’une modification qui puisse leur permettre de mener à bien certains projets.
Certains réfléchissent même (ils ont jusqu’au 15 juillet) à déposer des recours contre le document tel qu’il existe. Si David Kimelfeld se précipite pour servir les intérêts de Jean-Michel Aulas, tous ces gens risquent de penser que ce dernier continue à bénéficier d’un traitement de faveur de la part des hautes instances.