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OL : les dessous du départ de Sylvinho
Le duo Sylvinho-Juninho n'a pas résisté à trois mois de tempêtes. Le directeur sportif a démis l'entraîneur de ses fonctions, en même temps que Jean-Michel Aulas a repris du poids dans les décisions.
Hervé Penot et Hugo Guillemet (avec B. Gh.)
mis à jour le 8 octobre 2019 à 00h20
Le nouveau monde s'est éteint, lundi. Le communiqué est tombé en début de soirée : Sylvinho, démis de ses fonctions d'entraîneur de l'OL, sera remplacé par Gérald Baticle, son adjoint, en attendant que les dirigeants lui trouvent un successeur. L'OL version samba - Juninho dans le rôle du directeur sportif, Sylvinho dans celui du technicien - aura duré à peine le temps d'un été, le temps de voir une équipe olympienne se désintégrer au fil des semaines dans une triste agonie.
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On se souvient de cette présentation au Groupama Stadium, en plein mois de mai, de ce duo estampillé Brésil qui devait révolutionner le club, le héros des grandes années, look d'étudiant, barbe de hipster, et le jeune loup aux dents longues, chemise cintrée sur corps musculeux. Le plan de remplacement de Bruno Genesio s'est finalement fracassé sur des résultats et un style désespérants. À l'époque, Aulas entamait sa révolution : trente-deux ans de présidence et une prise de recul assumée. Il donnait les clés de la maison à « Juni » mais il n'imaginait pas cette chute vertigineuse.
Depuis des jours, en interne, les questions se multipliaient sur la capacité de Sylvinho (45 ans) à sortir de ce marasme, poussant même Jean-Michel Aulas à reprendre la parole, lui qui avait fait voeu de « mutisme ». Comment pouvait-il voir l'institution percuter le mur sans réagir, laisser l'OL (un point d'avance sur le dernier en Championnat) s'éloigner de ses objectifs initiaux sans bouger ? C'était sa manière de reprendre la main quand Juninho (44 ans), son directeur sportif, tardait à endosser les habits du poste. Ses idées de départ étaient pourtant clairement établies : à « Juni » de prendre les décisions, de se comporter, comme sur un terrain, en meneur.
Andersen en retard à la causerie du derby
Dans les couloirs de Geoffroy-Guichard, défaite avalée (0-1), alors que la presse l'interrogeait sur l'avenir immédiat, le président avait clairement posé ses conditions : « On ne peut pas ne rien faire. » Juninho passait à ce moment derrière lui, bouffé de l'intérieur par la tournure des événements. Les phrases s'adressaient autant à lui qu'à son auditoire. Aulas avait d'ailleurs déjà suggéré dans nos colonnes qu'il attendait un autre investissement de sa star, il pensait même ne pas l'avoir assez accompagné dans son job.
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Il fallait donc voir Juninho après l'échec dans le Chaudron, en immense souffrance, comme anéanti psychologiquement. Touché aussi par ce manque de rigueur du groupe entrevu lors des derniers jours. Il n'a que très peu goûté un épisode survenu quelques heures avant le derby. Arrivé avec deux minutes de retard à la causerie d'avant match, à l'hôtel des joueurs, Joachim Andersen s'est contenté d'un « sorry, guys » sous le regard d'un Sylvinho lui laissant entendre que ce n'était « pas grave ».
Contre les Verts, Thiago Mendes vomit... et joue
Évidemment, ce professionnalisme passe par le directeur sportif, ce qu'a rappelé opportunément Aulas à Juninho, trop souvent caché derrière lui. La mise « sous tutelle » de Sylvinho, décidée par le président après la défaite face à Nantes (0-1) et destinée à rapprocher « Juni » du terrain et des décisions techniques, a finalement amené encore plus de flottements au quotidien.
L'ancien milieu de l'OL s'est mis à participer à toutes les réunions : cela a eu pour effet de paralyser Sylvinho et d'ouvrir les yeux de Juninho sur les adjoints. Gérald Baticle n'affichait pas une grande force de proposition, Grégory Coupet était perçu comme un solitaire, dans son monde, Claudio Caçapa comme manquant d'autorité. Le directeur sportif, en profond désaccord sur plusieurs points avec son coach, a simplement obtenu ces derniers jours que les séances d'entraînement soient allégées à J-2 et J-1. Son intervention auprès du groupe a fait du bien avant la rencontre à Leipzig en Ligue des champions, mercredi dernier (2-0). Mais l'ancienne idole de Gerland a été atterrée du conservatisme appliqué par son compatriote dans le Chaudron, ainsi que par certains choix d'hommes.
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Il n'a pas compris que Thiago Mendes, diminué par une maladie, soit aligné et maintenu en seconde période, alors qu'il avait vomi aux toilettes pendant la pause. Juninho est ensuite resté prostré dans le vestiaire, seul à réfléchir, alors que la seconde période avait démarré depuis plusieurs minutes... Il n'a pas vu, non plus, la toute fin de la rencontre, retournant s'isoler, sonné, juste après le but de Robert Beric.
L'OL va voir Laurent Blanc
Lundi, mis face à ses responsabilités par son président, Juninho a donc sacrifié son compatriote. Il l'en a informé en tête à tête au coeur de l'après-midi. Le staff a été prévenu dans la soirée, quelques minutes avant l'annonce officielle de l'OL. C'est la première fois que le président olympien coupe une tête aussi rapidement. On peut voir dans cette décision une reprise en main des historiques, Gérard Houllier entre autres, toujours présent dans les moments clés, le poids de ceux qui ont gagné, de ceux qui ont façonné cet OL depuis des années. Aulas a constaté l'échec et ne s'est pas entêté dans une direction qui ne lui convenait plus.
La quête du successeur va revenir à Juninho mais pas seulement vu sa « réussite » initiale. Aulas reprendra logiquement du service. Sur le marché, Laurent Blanc (53 ans) apparaît comme un profil idéal et, d'après nos informations, l'OL devrait le rencontrer. Le prochain entraîneur devra parler français et le tout-jeunesse n'est plus la tendance d'aujourd'hui. Au moment d'embaucher le Brésilien, le staff olympien avait ainsi étudié les profils de deux débutants, Mikel Arteta, adjoint de Pep Guardiola à Manchester City, et Tiago, l'ancien de la maison lyonnaise et coéquipier de... Juninho. Mais on imagine difficilement l'OL retenter un tel pari. Certains décideurs en interne apprécient aussi Patrick Vieira, l'actuel entraîneur de Nice.
Le choix du prochain coach n'offre, en tout cas, plus aucune marge d'erreur à Juninho. Son apprentissage du métier, après trois mois mouvementés, est déjà terminé. Lyon est revenu à du basique. Avec Jean-Michel Aulas en première ligne.
L’eq