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Mondial 2022 : des SMS entre Nasser al-Khelaïfi et Jérôme Valcke révélés par Mediapart
Le site Mediapart a eu connaissance de SMS échangés entre le patron du PSG et Jérôme Valcke, ancien numéro 2 de la FIFA.
Dans un long récit publié ce vendredi, le site Mediapart revient sur l'attribution du Mondial 2022 au Qatar et les soupçons de corruption qui avaient suivi, symbolisés par la relation entre Jérôme Valcke, ancien secrétaire général de la FIFA à l'époque, et Nasser al-Khelaïfi, patron du PSG et de beIN Sports.
En décembre 2010, l'émirat avait obtenu l'organisation de la compétition mais ce sont sur des faits de 2015 que la justice suisse a enquêté, précisément la journée du 24 février à Doha au cours de laquelle un comité spécial de la FIFA s'est réuni pour évoquer le déplacement du Mondial en hiver.
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Mediapart, qui a eu accès des SMS échangés entre Valcke et al-Khelaïfi, a déroulé cette journée de février : à midi, la décision est validée (en attendant que le comité exécutif de la Fédération l'entérine sept mois plus tard) ; trente minutes plus tard, le numéro deux de la FIFA retrouve le patron du club de la capitale au siège de la Fédération qatarie de tennis. En début d'après-midi, Valcke écrit : « Merci Nasser. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais que tu peux compter sur moi ». Le dirigeant parisien lui répond : « Tu es le meilleur ».
Un SMS de Jérôme Valcke, alors secrétaire général de la FIFA, à Nasser al-Khelaïfi
Le soir, dans sa chambre d'hôtel, le Français découvre une montre Cartier en or rose modèle Santos Dumont Squelette, d'une valeur de 40 000 € comme Valcke l'indique lui-même à son épouse par SMS. Le secrétaire général de la FIFA s'empresse de remercier le responsable de beIN Sports (« merci Nasser pour ton cadeau. Elle est belle ») avant de s'inquiéter, plus tard, toujours auprès du dirigeant qatari que... la garantie « concerne un autre modèle » de montre.
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En dépit de ces éléments, les procureurs helvètes ont décidé de classer l'affaire, estimant que les soupçons « n'ont pas été confirmés ». Contacté par Mediapart, Al-Khelaïfi n'a pas souhaité s'exprimer, laissant ses avocats expliquer que les accusations au sujet de la montre « n'avaient pas, et n'ont jamais eu, la moindre base factuelle ». Selon Mediapart, Le patron de BeIN Sports a démenti avoir offert la montre, soulignant qu'il n'avait pas répondu aux textos de Valcke. Son hypothèse : ce pourrait être un cadeau du service du protocole du Palais de l'émir du Qatar. Le MPC (ministère public de la Confédération) a classé l'affaire parce qu'il subsistait un « doute » sur le fait que Nasser Al-Khelaïfi a offert la montre.
En revanche, il y aura bien un procès, du 14 au 25 septembre, concernant l'achat par Al-Khelaïfi d'une luxueuse villa en Sardaigne (valeur estimée entre 1,5 et 2,4 millions d'euros) et sa mise à disposition au profit de Valcke mais le MPC, après trois ans d'enquête, n'a pas retenu les faits de corruption mais seulement « l'incitation à la gestion déloyale », contrairement au souhait du parquet fédéral qui a dû y renoncer après l'accord amiable signé entre Al-Khelaïfi et la FIFA.