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Le pied de la discorde
La rechute de la blessure de Neymar, en janvier, a crispé les relations entre son clan et le staff médical du PSG. ARNAUD HERMANT
À Paris ou ailleurs, le sujet accompagnera Neymar Junior dans les prochains mois ou années. Sa cheville droite sera-t-elle assez solide pour le laisser enfin tranquille et lui permettre de réaliser une saison pleine, à l’inverse de ses deux années parisiennes ? L’enchaînement de ses blessures au pied droit, en février 2018, puis janvier et juin 2019, laisse planer un doute. Ce doute constitue d’ailleurs l’un des éléments ayant conduit au divorce entre le Paris-SG et le Brésilien, dont la volonté farouche est de quitter la capitale cet été.
Depuis l’hiver 2018 et sa fissure du cinquième métatarsien subie face à l’OM (3-0, le 25 février, en L 1), le club et le clan Neymar expriment des intérêts divergents sur le sujet. Il y a un an et demi, le PSG avait laissé le staff médical de la sélection brésilienne gérer le dossier et son docteur, Rodrigo Lasmar, opérer sa star, Coupe du monde 2018 oblige.
Sa rechute, le 23 janvier dernier, contre Strasbourg (2-0), une pseudarthrose du cinquième métatarsien (un manque de consolidation de sa première blessure), comme révélé dans notre édition du 29 janvier, a provoqué de nouveaux remous entre les deux parties. En raison de la Copa America cette fois (à laquelle Neymar n’a finalement pas pu participer à cause d’une entorse de la cheville contractée le 6 juin en amical contre le Qatar), le clan du joueur a insisté pour éviter l’opération, alors que le staff médical parisien, c’est-à-dire le docteur Éric Rolland, médecin de l’équipe professionnelle, parti depuis du PSG, et le professeur Gérard Saillant, directeur médical du club, militaient pour.
Un échange tendu entre le professeur Saillant et Neymar Senior
Après des examens effectués dans les jours suivant sa blessure contre Strasbourg, les deux médecins français avaient estimé que leur attaquant avait été mal opéré un an avant et que la vis prévue pour consolider son pied était finalement trop petite…
Pour eux, à la lumière de ces examens, il devait se faire opérer de nouveau. Après quelques jours de négociations, et sous la pression brésilienne, l’opération était cependant écartée au profit d’injections de plasma riche en plaquettes (PRP), notamment.
Dans un communiqué, le PSG justifiait cette orientation en précisant que la décision avait été prise d’un commun accord. « La vérité, c’est qu’en optant pour ce protocole de soins, le facteur de rechute demeure, confie un spécialiste. Pour le gommer, il fallait opérer, enlever la vis et regreffer, mais là, c’est près de six mois d’absence. »
Ce n’est pourtant pas le dernier épisode de ce différend médical. Lors d’une réunion qui s’est déroulée avant le retour du Brésilien sur les terrains (Neymar a repris la compétition le 21 avril contre Monaco, 3-1), en présence de Gérard Saillant, de représentants de l’hôpital américain de Neuilly et de son père, les débats se sont envenimés. Très vite, le ton est même monté entre le Pr Saillant et Neymar Senior. Le célèbre chirurgien, réputé pour être direct, a alors répété que c’était une erreur, selon lui, de ne pas avoir opéré l’attaquant et qu’il y avait un risque de rechute. Mais cet échange n’a pas été du goût du paternel de la star, qui l’a clos d’un « Game is over » (*). C’étaient peut-être aussi les prémices de la fin de son aventure au PSG.
L'Equipe