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André Villas-Boas (OM), les coulisses d'une conférence de presse fracassante
Après être revenu sur les incidents de samedi à la Commanderie, l'entraîneur de l'OM a annoncé qu'il avait présenté sa démission à sa direction suite à l'arrivée du milieu Olivier Ntcham.
Ce mardi, à 13h06, André Villas-Boas se présente face à la presse dans l'auditorium de la Commanderie. Un cyprès brûlé jusqu'à la moelle à droite du bâtiment rappelle la folie du samedi précédent, aucun cadre du vestiaire, d'ailleurs, n'a souhaité venir s'exprimer en conférence d'avant-match, le service communication a eu la décence de ne pas lancer un jeune ou un joueur étranger sur l'estrade. AVB sera le seul à parler au nom de l'OM cet après-midi, et ses déclarations vont pétrifier l'assistance.
Le technicien portugais s'exprime d'abord sur les incidents du samedi : « Cela a été un choc, cela va rester dans ma tête pendant longtemps. C'est dur, difficile à vivre, il y a des actes de violence graves. On a été très chanceux. À un moment, sur le pont (du bâtiment sportif), je fais face à trente, quarante personnes, qui finalement ne rentrent pas, au contraire d'une dizaine d'éléments. Il y a eu une bonne intervention des mecs de la sécurité, et une prise de conscience des personnes présentes. J'avais vécu devant ma télévision l'invasion de l'académie sportive du Sporting (en mai 2018), qui avait mal fini, avec beaucoup d'agressions de joueurs. Dans ma tête, je me suis dit que ça allait se passer de la même façon et je suis sorti immédiatement pour apaiser les incidents. On n'était pas en condition pour jouer le match face à Rennes. »
Après une question anodine sur le déplacement à Lens et une autre sur le rapport dégradé entre Jacques-Henri Eyraud et les supporters, qu'il évite, AVB est interrogé sur bilan du marché des transferts marseillais cet hiver. « Le mercato s'est terminé avec l'arrivée d'un nouveau joueur (le milieu Olivier Ntcham, en prêt, depuis le Celtic Glasgow). Je n'ai rien à voir avec cette décision, je l'ai apprise par la presse le matin. C'est précisément un joueur sur lequel j'ai dit non. Il n'a jamais été sur notre liste. Il a fini par venir, je n'étais pas au courant. »
Il poursuit, après une longue respiration : « À cause de cela, j'ai présenté ma démission à la direction de l'OM. Sans rien voler à l'OM sur mon contrat. Je ne suis pas d'accord avec la politique sportive, cette prise de décisions par rapport aux besoins de l'équipe. Ne pas être au courant alors qu'on avait un gentlemen's agreement à propos des arrivées... J'ai considéré qu'il était cassé. Maintenant, par rapport à la quantité de matches qu'il reste, ils ne m'ont pas fait de retour. Je ne veux rien de l'OM, rien de l'argent de l'OM et de Frank (McCourt). Je veux simplement partir suite à une différence sur la politique sportive. C'est dommage qu'on en arrive à ce point-là. J'ai essayé de trouver la meilleure solution pour le remplacement de Sanson (parti à Aston Villa), mais je ne peux accepter cela en tant que professionnel, comme personne qui donne tout, à chaque heure ».
« Ce club a déjà vécu deux-trois ans de n'importe quoi sur l'aspect des transferts (il ne précise pas la période exacte, ndlr), je ne veux pas entrer dans ce discours-là. J'attends une réponse, je sais que c'est un mauvais moment. » À ses côtés, la cheffe de presse, déjà présente au moment de la démission en direct de Marcelo Bielsa, le 8 août 2015, tente de faire bonne figure. Elle a souvent été surprise par les digressions d'AVB, ses sorties tonitruantes contre un adversaire, un consultant, un journaliste ou un arbitre. Cette fois, l'étonnement est plus grand encore, forcément.
Seul Mandanda était au courant
Après une ou deux minutes sur les forces lensoises, surréalistes, l'entraîneur portugais est relancé sur le sujet brûlant : « La direction a demandé un peu de temps, ce n'est pas un problème, je veux les aider sur ça. J'ai bien étudié Lens pour trouver les bonnes réponses, malgré les absences. J'ai beaucoup de respect pour Frank, mais il y a eu un principe de cassé. Ce n'est pas la première fois qu'un joueur non désiré par un entraîneur débarque dans un club, mais ce n'est pas ma façon de travailler. Si la réponse est non, on continue. Je veux bien préciser : je ne veux rien de l'OM, il n'est pas question d'indemnité de départ, de mois de contrat à régler. On m'a dit que Frank avait accepté cet humble geste. J'aime l'OM, mais je suis d'abord un professionnel du foot. Quand tu veux me vendre un mec qui n'a rien à voir avec les caractéristiques de celui qui est parti, je n'en peux plus. On avait une ligne droite, que j'ai toujours défendue : équilibre des salaires, qualité des joueurs, poste précis, bonne cellule de recrutement. Je ne veux pas être viré, je veux juste partir, par divergence sportive et personnelle. »
Avant de s'éclipser, il précise qu'il avait averti Steve Mandanda de sa décision, mais pas le reste de son vestiaire. Qui l'a donc apprise en direct, à partir de 13h10 ce mardi. L'entraînement a débuté une heure plus tard. Des jeunes du centre sont rentrés en premier sur la pelouse, puis le staff, et enfin les joueurs. Pendant que son groupe s'échauffait puis s'adonnait à un toro, Villas-Boas a longuement échangé avec son capitaine Mandanda. La journée est loin d'être terminée, à la Commanderie.