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Au milieu, l'OM cherche encore
Alors que la concurrence est forte au milieu de terrain, André Villas-Boas, l'entraîneur de l'OM, creuse toujours pour trouver la meilleure formule.
Là où la hiérarchie était claire chez les milieux de l'OM la saison dernière, elle l'est beaucoup moins aujourd'hui et c'est dû autant au mercato qu'à certaines défaillances individuelles. Avec les arrivées de Pape Gueye et Michael Cuisance, pour un seul départ, celui de Maxime Lopez (prêté à Sassuolo), Marseille dispose de six joueurs pour trois places dans ce secteur, si l'on ajoute Kevin Strootman, Boubacar Kamara, Valentin Rongier et Morgan Sanson. André Villas-Boas se posait moins de questions la saison dernière : les trois derniers cités faisaient partie des meubles.
C'est un peu différent aujourd'hui, alors qu'en dix rencontres, AVB n'a titularisé le trio Rongier-Kamara-Sanson ensemble que cinq fois, soit la moitié du temps. Le Portugais, en raison des méformes, des suspensions, des blessures ou du Covid-19, a essayé d'autres associations au milieu, dans différents systèmes (4-3-3, 4-2-3-1, 4-4-2 ou 5-3-2) avec plus ou moins de réussite.
Devant la défense, Kamara (9 titularisations) n'a pas vraiment de concurrents. Suspendu contre l'Olympiakos en C1 (0-1), Gueye, titularisé deux fois comme relayeur gauche à Paris (1-0) et Lorient (1-0), l'a plutôt bien remplacé à ce poste, mais de manière ponctuelle. « Si on cherche la meilleure association, Kamara est déjà indispensable, assure l'ancien milieu marseillais Jean-Philippe Durand. C'est le plus efficace à la récupération, le plus intelligent dans son placement et il est bon dans l'utilisation du ballon ».
Thomas Fernandez, l'ancien responsable du centre de formation olympien aujourd'hui au TFC, apporte un bémol sur ce dernier point : « Ce n'est pas un milieu défensif pour moi. Il protège excessivement sa charnière centrale et c'est un peu comme si l'OM évoluait avec trois centraux. C'est sûrement ce que lui demande son coach mais je trouve que c'est un peu du gâchis. Il est dans un rôle minimaliste. Aujourd'hui, un numéro 6 doit être capable d'organiser le jeu. Kamara le fait-il à l'OM ? C'est la vraie question ».
Un manque de projection
Dans ce registre, Villas-Boas compte sur d'autres pour faire le lien avec ses attaquants. Contre City mardi (0-3), Rongier et Cuisance n'ont pas très bien réussi cette mission. Pour l'ancien Marseillais Manuel Amoros, ces deux-là offrent pourtant, avec Kamara, la complémentarité « la plus intéressante au milieu », malgré leur manque de projection face aux Citizens. « Ils ont beaucoup plus défendu car c'était un choix de Villas-Boas, explique Amoros, pour qui le problème est plutôt devant. Quand tu n'as pas d'attaquants qui prennent la profondeur ou qui te permettent de faire remonter le bloc, tu es obligé de garder le ballon ou d'abuser des passes latérales ».
Gueye encore un peu tendre
Sans être « catégorique », Durand garderait aussi Cuisance dans le onze : « Il vient d'arriver mais j'aime bien sa qualité de passe et il apporte quelque chose de différent car il est gaucher ». Mais l'ancien Olympien verrait plutôt Sanson, « un vrai numéro 8 complet », à la place de Rongier pour compléter le trio. « Il a un gros volume de jeu, explique Durand. Il sait défendre et peut apporter offensivement avec des passes ou des buts. Comparativement, Rongier est en dessous ».
Dans « l'embouteillage » au milieu, selon Thomas Fernandez, Gueye est « un joueur en devenir, prometteur, mais encore derrière les autres » pour Durand. Seul international dans ce secteur, Strootman, lui, ne récolte pourtant aucun suffrage. « C'est le plus lent de tous, trouve Durand. C'est un poids plus qu'autre chose ». Comme AVB, qui ne l'a titularisé qu'une fois lors de la 1re journée, Amoros le condamne : « Strootman, c'est du passé ».
CUISANCE LE ROOKIE
Venu du Bayern, en prêt avec option d'achat de 18 M€, cible principale d'AVB pour son milieu lors du mercato estival, il suscite beaucoup d'attente. Et la déception, au sortir de sa première titularisation avec l'OM en C1 face à City (0-3), fut grande, logiquement. Au diapason des siens sur le travail défensif, il a essayé de se glisser dans l'angle mort de Gündogan sur les phases offensives, mais il a gaspillé quelques rares contre-attaques. Il a manqué d'intensité dans son pressing et ses interventions et a terminé la rencontre avec moins de sprints au compteur qu'un De Bruyne pourtant de retour de blessure. On a sans doute oublié que ce joueur prometteur n'a commencé que quatre petits matches de Bundesliga sur les exercices 2018-2019 (avec Mönchengladbach) et 2019-2020 (avec le Bayern) et qu'il doit trouver rythme et régularité. M. Gr.
KAMARA L'INCONTOURNABLE
Avec Sakai et Thauvin, Boubacar Kamara est l'un des trois joueurs de champ à avoir commencé les huit premières journées de L1 de l'OM. Dans le système de Villas-Boas, que ce soit dans son 4-3-3 fétiche, en 4-4-2 avec un milieu disposé en losange, ou même lors du 5-3-2 défait par City mercredi dernier (0-3), il est la clef de voûte, la sentinelle silencieuse qui gère la circulation dans l'axe défensif marseillais et protège sa charnière centrale. À l'aise pour casser la dynamique adverse, il peine beaucoup plus dans la relance et la création, des secteurs où il apparaissait un peu plus en verve la saison dernière. Physiquement, il ne semble pas encore au maximum et, après deux bons premiers matches à Brest (3-2, le 30 août) et à Paris (1-0, le 13 septembre), il s'est révélé beaucoup plus quelconque dans ses prestations suivantes, comme l'atteste sa note moyenne dans L'Équipe (5, 13). M. Gr.
Rongier l'irrégulier
Sa passe en retrait mal assurée contre Manchester City (0-3) a couté cher en début de match et symbolise aussi la prestation ratée de l'ancien Nantais (25 ans). Trop prudent, il a ralenti le jeu et ne s'est pas assez projeté vers l'avant. Son début de campagne de C1 est faible pour l'instant, alors qu'il est novice à ce niveau. D'une manière générale, sa saison est irrégulière et se résume à quelques matches plutôt réussis (Paris, 1-0, Bordeaux, 3-1, mais surtout Lyon, 1-1) et d'autres franchement insuffisants (Saint-Étienne, 0-2, Metz, 0-1, City). Il peut apporter un certain équilibre dans l'entrejeu mais il manque cruellement de stats avec l'OM (zéro but marqué depuis son arrivée en 2019). Avec neuf titularisations (toutes compétitions confondues), comme Kamara, il reste le milieu le plus utilisé par AVB. Jusqu'à quand ? V. G.
Sanson le déclassé
Remplaçant lors des deux derniers matches contre Lorient (1-0) et City (0-3), c'est le perdant du moment. Il a fini par payer des performances trop fades depuis le début de saison. Physiquement, il pioche, c'est certain. Moralement, le milieu (26 ans) a peut-être été touché de ne pas avoir d'offres cet été, alors qu'il pensait pouvoir plaire à un club anglais du haut de tableau. Son entrée insignifiante contre les Citizens n'a pas plaidé sa cause. Mais il reste capable, même moins bien, d'apporter offensivement, comme contre Metz, où il a égalisé dans les dernières secondes (1-1). Il donne l'impression de plafonner à l'OM mais, quand il aura retrouvé du peps, son volume de jeu et son apport offensif pourraient servir.