Information
OM : les dessous de la rupture entre Villas-Boas et Eyraud
Le départ d'André Villas-Boas de l'OM, de plus en plus probable, vient sanctionner une relation devenue intenable avec Jacques-Henri Eyraud, son président.
Rentré au Portugal retrouver sa famille chez lui près de Porto depuis jeudi soir, après deux jours à Marseille, André Villas-Boas remettra-t-il les pieds à la Commanderie ? Ce n'est pas la tendance et même les plus optimistes des amoureux de l'OM commencent à se faire une raison. La saison fut réussie au-delà de leurs espérances, mais ils envisagent déjà la suivante avec inquiétude et très peu de certitudes, surtout, sinon celle d'une qualification pour la prochaine Ligue des champions. Celle-ci aurait dû étirer l'euphorie jusqu'au bout de l'été et elle aurait pu, sans doute, garantir à AVB des perspectives nouvelles, un effectif renforcé, des cadres prolongés. Mais, au contraire, les derniers jours ont dessiné une rupture qui semble irréparable.
Petit flashback. Confiné au Portugal depuis près de deux mois, Villas-Boas (42 ans) s'envole pour Marseille en début de semaine pour évoquer la saison prochaine avec son président. Mais, dès mardi, l'horizon s'obscurcit lourdement. Ce jour-là, le Portugais apprend qu'Andoni Zubizarreta va quitter le club. Le Basque a vu Eyraud en fin de semaine dernière, et le dirigeant lui a expliqué qu'il projetait toujours de recruter un « directeur général en charge du football » qui, de fait, ferait occuper l'actuel directeur sportif un poste assez vide de sens. Zubi répond que, dans ces conditions, il s'en va, et Eyraud l'accepte.
Pour AVB, ce n'est pas vraiment un détail : l'ancien gardien a été le moteur de sa venue au club. Il a signé à l'OM pour travailler avec Zubi, en qui il a confiance et qui partage sa vision du football. Et quand, dès la fin septembre, la tête de l'Espagnol vacille, après un mercato où Frank McCourt avait espéré vendre davantage, AVB monte au créneau et se montre très clair : si Zubi part, il part avec lui. Alors, mercredi, quand il s'installe en face de son président, le Portugais le lui répète : il ne continuera pas sans Zubizarreta. Il indique, aussi, que l'argent ne sera pas un problème et qu'il est prêt à trouver un terrain d'entente pour un départ à l'amiable.
Le lendemain matin, JHE convoque les deux hommes dans son bureau et évoque la saison prochaine avec l'entraîneur. Qui l'arrête assez vite : puisque Zubi est sur le départ, inutile de faire semblant, autant chercher un accord. JHE accepte et indique à AVB qu'il va appeler son agent, Carlos Gonçalves, pour discuter d'une résiliation. Le technicien rejoint l'aéroport et prend l'avion pour Porto.
Dans l'après-midi, Eyraud appelle son agent, mais le discours a changé : il n'est plus question de résilier. Le président explique que Villas-Boas est l'entraîneur et qu'il veut le garder. La ficelle est un peu grosse : Eyraud ne veut pas être celui qui assume le départ d'AVB, adulé par les supporters marseillais et unanimement apprécié dans son vestiaire. Pourtant, dans la soirée, le départ de Zubizarreta est officialisé par un communiqué du club. Eyraud, qui a tenu à s'exprimer vendredi soir sur RMC, tient ses positions : « André Villas-Boas est le coach de l'OM et j'espère qu'il le restera pour de nombreuses années. Je l'ai entendu évoquer un fort doute sur sa capacité à vouloir continuer sans Andoni. Ce sera sa décision, sa responsabilité. »
Mis devant le fait accompli, et face à une situation intenable pour lui, Villas-Boas n'apprécie pas vraiment la tournure des événements, d'après ses proches. « Le projet n'a plus rien à voir avec celui pour lequel il s'est engagé à son arrivée, qui était un projet ambitieux, avec Andoni à ses côtés, explique-t-on dans son entourage. Et si l'OM voulait vraiment le garder, pourquoi avoir acté le départ d'Andoni Zubizarreta ? »
Une volte-face qui a agacé
En écartant le Basque, alors que son entraîneur lui avait dit clairement qu'il ne resterait pas sans lui, Eyraud a déjà tranché. Et le discours résiste difficilement aux faits. Jeudi soir, d'ailleurs, une source interne à l'OM assurait que le Portugais s'était vu offrir une prolongation. Hier, sur RMC, Eyraud rétropédalait : « Je veux qu'il reste sur la durée pendant plusieurs années, mais il n'y a pas eu d'offre. »
Et maintenant ? Dans le camp du Portugais, on attend des nouvelles de l'OM, mais la volte-face d'Eyraud a passablement agacé. Les prochains jours s'annoncent décisifs dans ce qui se profile comme une séparation inéluctable. Quand il a fallu remercier Rudi Garcia, prolongé en octobre et écarté en mai, Eyraud avait été généreux, lui offrant un peu plus de la moitié des vingt-quatre mois de contrat qu'il lui restait. Fera-t-il le même geste envers le Portugais ? AVB, lui, avait montré son attachement au club, juste avant le confinement. À la veille du match face à Montpellier, finalement annulé à cause du coronavirus, il avait proposé à son président d'abandonner deux mois de son salaire, pour aider l'OM face à la crise sanitaire qui se profilait. Aujourd'hui, il n'est pas sûr qu'il soit dans d'aussi bonnes dispositions.