Information
C'EST QUOI, LE STYLE VILLAS-BOAS? ON A ÉPLUCHÉ SA CARRIÈRE
Le jeu: l'idéaliste est devenu plus pragmatique
Si l’on se penche sur les différentes équipes dirigées par Villas-Boas depuis le début de sa carrière, du moins avant son départ en Chine, une ligne conductrice se dégage: celui que l’on a un jour surnommé le "Special Two" a très souvent joué avec quatre défenseurs, deux ailiers et un attaquant de pointe. Bien sûr, en fonction des joueurs à disposition et de l’opposition, son schéma a pu évoluer, notamment au milieu, où il a parfois aligné un duo à la récupération, et parfois privilégié un récupérateur associé à deux relayeurs. Mais généralement, c’était du 4-3-3, donc, sans marquage individuel, et avec des défenseurs positionnés assez haut, ce qui lui a notamment posé des problèmes en Premier League...
Dans la mentalité, dans l’esprit, les observateurs, notamment outre-Manche, ont noté un véritable tournant dans la carrière de Villas-Boas à l’hiver 2011-2012. Avant cela, et à la grande différence de Mourinho (avec lequel il n’a finalement pas grand-chose à voir), le technicien était plutôt du genre idéaliste. Lui-même se présentait comme un apôtre du beau jeu, au style offensif, et insistait sur l’importance de la possession. Son Porto 2010-2011, avec Hulk, Falcao, ou le jeune James Rodriguez, était une incroyable machine. Outre la victoire en C3, l’équipe avait remporté cette saison-là le championnat sans la moindre défaite, avec 73 buts inscrits, soit plus de 2,4 par match.
C’est pour cela que Roman Abramovitch avait cassé sa tirelire en l’attirant à Chelsea l'été suivant. "Ma philosophie est de pratiquer un beau football pour les fans, un beau football pour gagner des matchs, déclarait Villas-Boas dans une interview au Telegraph, après une première partie de saison en dents de scie. Les joueurs ne perdront jamais la foi à cause de cette philosophie, ce n’est pas un cancer, ce n’est pas la raison pour laquelle nous perdons des matchs." Le fond avant le résultat? C’était un peu ça. Pendant un temps.
Sentant la menace d’un licenciement arriver (il ne l’empêchera pas), AVB a revu ses plans, n’a pas hésité à renier ses idées. Le premier échec de sa carrière l’a rendu plus pragmatique, et dès lors, on a vu ses équipes pratiquer un jeu beaucoup plus direct, plus "ancienne école". C’était le cas à Tottenham, même si la première saison a été satisfaisante d’un point de vue comptable, mais cela a été plus flagrant encore au Zenith. A l’issue de sa première saison en Russie, pourtant conclue par un titre de champion, le Portugais s’était fait allumer par Boris Chukhlov, grand nom du club. "Le Zenith pratique un football ennuyeux, soupirait ce dernier en 2015. Il y a plein de vedettes dans l’équipe, et pourtant la tactique est très frileuse. C’est de l’anti-football, qui consiste principalement à donner le ballon le plus rapidement possible à Hulk ou Danny."
La gestion humaine: un coach trop gentil ?
Là encore, Villas-Boas n’est pas un Mourinho bis. Fils de bonne famille, polyglotte et cultivé, l’entraîneur de 41 ans aujourd’hui est plus du genre à charmer son interlocuteur qu’à chercher le conflit, façon Special One. Le coach essayait d’entretenir les meilleures relations possibles avec ses hommes, même ceux qu’il ne faisait pas jouer. "C’est une personne agréable, honnête, qui a déjà gagné des titres en en gagnera d’autres. Je lui souhaite le meilleur", disait de lui Florent Malouda en 2012, après son licenciement de Chelsea.
Plutôt que de la gentillesse, d'autres anciens joueurs ont vu chez AVB un certain manque de caractère. C’est le cas de William Gallas. "Quand il est arrivé à Tottenham, les joueurs n’adhéraient pas trop à ses séances, racontait l’an passé l’ex-défenseur. Ils ne faisaient pas les efforts. On sentait que l’entraîneur était un peu perdu. Moi, j’étais capitaine et j’avais eu une réunion avec lui. Je lui avais dit: ‘Coach, vous devez vous imposer. Vous êtes l’entraîneur, vous avez gagné des titres, alors que la plupart des joueurs ici n’ont rien gagné. En vous imposant, les joueurs vous suivront.’"
Benoît Assou-Ekotto, passé chez les Spurs entre 2006 et 2015, n’était visiblement pas de ceux-là. "En quelques mots, je dirais que c’est un coach trop sûr de lui, et très con, lâchait le défenseur franco-camerounais en septembre dernier, sur le plateau du Vestiaire. Le mec va à Chelsea, il pense avoir inventé l’eau chaude, mais ça ne prend pas. Il vient ensuite à Tottenham et je le trouve très hypocrite. Beaucoup dans le texto, du genre: ‘Salut comment tu vas? J’aime les voitures, toi aussi, blablabla…’. […] Je lui avais dit: ‘Personne ne comprend tes entraînements, que tu fasses un match avec trois buts, ok, mais explique nous le pourquoi du comment. Personne n’aime tes séances’. […] Je lui avais ensuite dit: ‘Ecoute moi, le groupe va te lâcher’. Je suis parti le 1er septembre à QPR et lui était viré trois mois après…"
Pour ensuite aller en Russie, donc, puis en Chine où cette fois, il s’était illustré pour sa solidarité envers Oscar. Alors que le joueur brésilien avait écopé d’une lourde suspension à la suite d’une bagarre générale, Villas-Boas l’avait publiquement soutenu face aux instances et avait lui-même été suspendu pour cela. Peut-être pas si lisse, donc…