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Une charnière enfin huilée
La défense centrale de l'OM a sérieusement grincé cette saison. Mais depuis quatre matches, la jeune paire Kamara-Caleta-Car a pris ses aises. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE (avec V. G.) MARSEILLE – Depuis l’été dernier, l’arrière-garde olympienne a filé des frissons à ses supporters, ceux qui précèdent l’effroi et non l’excitation. Sur les vingt-deux premières journées de L 1, l’OM a encaissé 33 buts. Sur les quatre dernières, il a été moins poreux, avec seulement deux réalisations concédées. Ce regain coïncide avec l’installation de la paire Kamara - Caleta-Car en charnière, deux garçons qui n’étaient encore que les quatrième et cinquième choix à ce poste il y a deux mois.
Pressenti pour la réception de Saint-Étienne, dimanche, les jeunots (19 ans pour le Marseillais, 22 pour le Croate) devront s’affirmer sur la durée et être testés face à des cadors, mais ils insufflent déjà un « vent de fraîcheur », selon l’expression de l’ancien combattant Jocelyn Angloma.
Enfin de la stabilité…
Quinze. Ce chiffre correspond au nombre de défenses centrales composées par Rudi Garcia sur les 34 rencontres disputées par l’OM, dans une quête vertigineuse d’équilibre. À deux axiaux, le plus souvent, ou à trois, dans 18 % des cas. La paire Kamara-Rami reste encore la plus usitée, elle a été alignée à six reprises, contre cinq pour Kamara - Caleta-Car (à Limassol, à Dijon, à Rennes, contre Bordeaux et Amiens). « L’OM changeait beaucoup trop souvent de défense centrale, il n’y avait pas assez de stabilité, on voyait que Rudi cherchait, cherchait mais je ne comprenais pas… confie Angloma. La priorité pour un entraîneur, c’est de trouver une assise défensive dans l’axe, là, quinze charnières différentes, c’est énorme ! Même si elle perd, il faut laisser ta paire de centraux au match suivant, pour qu’elle s’enracine. Sans enchaîner, les joueurs relancés au compte-gouttes n’ont pas la vitesse qu’il faut, les repères qu’il faut. Le coach a pris une décision forte il y a trois semaines, une certaine clarté se dégage, les autres (Rami, Rolando) devront se battre pour retrouver une place. »
Ce duo Kamara - Caleta-Car est toujours invaincu, le tout dans un 4-4-2 offensif, où les milieux partent parfois à l’abordage et les laissent se débrouiller. « Contre Amiens (2-0), il y a eu des situations où nos deux centraux se sont retrouvés à deux contre deux, explique Maxime Lopez. Heureusement que Bouba et Duje ont bien géré. »
Kamara prend du plaisir
Les petits comme les grands ont bien noté que sa vraie position se trouvait dans l’axe, et non sur un côté, où Garcia a parfois tenu à l’aligner (Reims-OM, encore, le 2 février dernier, 2-1). La saison dernière, l’entraîneur lui prédisait plutôt une carrière au milieu, mais le joueur s’épanouit vraiment au poste auquel il a été formé. « Je ne veux pas abuser sur les termes mais c’est un monstre, dit son ami Lopez. Pour jouer à Marseille, il faut du caractère et de la personnalité. Il en a. Sa sérénité est impressionnante. J’adore les défenseurs comme ça qui relancent court, qui prennent des risques. À son âge, c’est impressionnant. Techniquement, il est à l’aise, il le sait. Il faudra qu’il bosse encore mais il n’a que dix-neuf ans. J’ai vécu ces périodes où on est sur le banc. C’est normal que je lui dise de ne pas lâcher. On a eu notre chance, on l’a saisie. »
S’il a manqué d’être sacrifié sur l’autel de la polyvalence et était souvent l’une des victimes des grands remaniements de Garcia, Kamara n’a guère laissé filtrer ses émotions. À propos de sa prolongation (il est lié jusqu'en 2020), il confiait récemment à ses coéquipiers qu’elle était en bonne voie et qu’il voulait s’inscrire dans la durée à l’OM. Le club ne disait pas autre chose en décembre dernier, mais les positions salariales étaient alors très éloignées. Suivi par de belles écuries européennes, le minot sait ce qu’il vaut.
Caleta-Car enfin dégrossi
Garcia reste intransigeant avec les deux compères. « Je n’ai pas trop aimé la charnière en première période, a-t-il expliqué dimanche à Rennes (1-1). J’ai trouvé Bouba en grosse difficulté pendant 45 minutes. Mais il a eu le talent et le caractère pour se ressaisir en seconde. Duje a été plus constant sur ce match. Valère (Germain) et lui sont les deux plus grosses satisfactions. » Coup de cœur de l’entraîneur lors du dernier mercato estival, le Croate est arrivé hors de forme en août, avec bien des kilos en trop. Lancé rapidement, il a semblé lent, emprunté, a enchaîné les « bévues » (Angloma) et les défaites, et beaucoup ne donnaient pas cher de sa peau après l’avoir vu perdre un duel aérien et physique avec Marco Parolo à Rome, le 8 novembre, sur l’ouverture du score de la Lazio (1-2). Le géant a vacillé. Plus frais, il a retrouvé de l’agressivité et le goût des longues relances, signes d’une confiance ascendante.