Information
OM: COMMENT LA HIÉRARCHIE S'EST INVERSÉE DANS LE VESTIAIRE (AVEC QUELQUES CRISPATIONS)
Après plusieurs semaines houleuses, l'OM a retrouvé des couleurs et enchaîné contre Saint-Etienne dimanche (2-0) une quatrième victoire sur ses cinq derniers matchs. Rudi Garcia a laissé plusieurs cadres sur le banc et les jeunes ont saisi leur chance. Ce qui crée quand même quelques crispations dans le vestiaire.
Série d’invincibilité, victoire face à "un gros" de Ligue 1 dimanche soir contre Saint-Etienne (2-0) en clôture de la 27e journée, reconquête du public... Qui aurait pu imaginer que cet OM retrouverait la santé, "sa" quatrième place et quelques rêves audacieux de podium… en laissant ses leaders expérimentés sur le côté?
Rami, Rolando, Luiz Gustavo, Payet et Strootman: aucun n’a débuté le match contre les Verts. Pour l'anecdote, le banc de l'OM était probablement dimanche soir le plus cher de l'histoire du club... De tous ces habituels leaders, Strootman est le seul à avoir débuté un match (à Dijon) depuis que l’OM a pris 13 points sur 15 possibles (en cinq rencontres).
Garcia a su remobiliser ses troupes
On ne saura jamais si certains cadres auraient été aussi facilement mis de côté s’ils n’avaient pas été blessés ou malades, comme Rami (cuisse), Payet (genou), Strootman (adducteurs) ou Gustavo. Même contraint par la force des choses de relancer certains joueurs en manque de confiance et de temps de jeu, le point fort de Rudi Garcia aura été de ne pas perdre totalement son groupe. "Celui qui pense que des joueurs ont lâché se trompe à 100%!", promettait en privé Rudi Garcia, au cœur de la période de crise. La série actuelle donne raison au coach phocéen. Le vestiaire marseillais avait encore de la ressource et Garcia a su remobiliser des troupes au moral en berne.
La moitié des titulaires contre les Verts en voulait (un peu) à Garcia
Dimanche, au moins une moitié des titulaires alignés face aux Verts nourrissait, au moment de la crise de résultats et même bien avant, une certaine rancœur envers Rudi Garcia. Lopez et Sanson avaient parfois le sentiment de jouer leur vie à chaque rencontre. Et que la moindre contre-performance les enverrait sur le banc pendant que d’autres avaient un peu plus de jokers.
Valère Germain, conscient de pouvoir mieux faire en attaque, regrettait tout de même de ne jamais pouvoir évoluer dans un système de jeu plus à même de mettre en valeur ses qualités. L’arrivée de Mario Balotelli et le passage en 4-4-2 ont changé la donne.
Boubacar Kamara ne ressentait pas une immense confiance de la part de son coach et avait eu l’impression de payer pour tout le monde la claque reçue à Montpellier (3-0), après laquelle Rudi Garcia avait promis "du changement". Duje Caleta-Car traînait, lui, des débuts difficiles, de son premier match raté à Nîmes en passant par sa prestation délicate à Nicosie, en Ligue Europa.
Garcia, séduit par Kamara, reconnait avoir lancé Caleta Car trop tôt
Tous auraient pu lâcher. Ils apportent aujourd'hui un vent de fraîcheur à l'OM, dans le sillage de l’insouciant et fantasque Balotelli… Garcia a aimé la force de caractère de Lopez, aussi bien sur le terrain et en dehors, où les jambes du minot n’ont pas tremblé. Le coach de l'OM a fini par être convaincu des qualités de défenseur central de Kamara. Au sujet de Caleta-Car, il a reconnu, vendredi, s'être trompé en le lançant trop tôt après la Coupe du monde, endossant une part de responsabilité dans les débuts laborieux du Croate sous le maillot de l'OM.
La gestion du cas de Morgan Sanson est également symptomatique. Un peu moins en vue du côté de Rennes le week-end précédent, Sanson était en balance avec Luiz Gustavo pour une place de titulaire face à Saint-Etienne. Satisfait de la semaine d’entrainement du Français, Garcia a aussi estimé qu’il n’y avait pas de raison de modifier une équipe invaincue depuis quatre rencontres, quitte à laisser une nouvelle fois le Brésilien sur le banc.
Plus de statut à l’OM, cela se ressent dans les choix de Garcia. L'émergence de ces joueurs, qui se sentaient parfois un peu à la marge, a totalement relancé la concurrence au sein du club olympien.
Germain: "S’ils le vivent mal, ils le cachent bien"
Rudi Garcia a d’ailleurs lancé à ses cadres un message, en conférence de presse d’après-match dimanche, pour qu’ils gardent le moral. "Ils n’ont pas perdu 1% de leur importance dans le groupe, insistait-il dimanche soir. Ce n’est pas parce qu’ils jouent moins, que je ne les sollicite pas, qu’ils ne sont pas important, qu’ils n’ont pas la légitimité pour intervenir sur le groupe. J’attends ça d’eux, de tous, de Dimitri, de Luiz, de Rolando, d’Adil, de Kevin, ils sont tous très importants. S’il y a aussi de bons résultats, c’est parce qu’ils continuent à encourager, à pousser, à aider, à conseiller et à élever le niveau de l’entraînement. Les autres sont en train d’élever le niveau en compétition donc c’est intéressant."
Et Valère Germain a promis que l’ambiance restait au beau fixe. "Je pense qu’ils espèrent jouer et c’est normal. S’ils le vivent mal, ils le cachent bien. Ils sont toujours là avant les matches, à la pause, pour encourager tout le monde, donner des conseils. C’est à ceux qui sont sur le terrain de continuer à être performant pour continuer à jouer. La concurrence est bonne et saine. J’espère que la concurrence va continuer à nous pousser et nous faire gagner le plus de matches possible."
Rolando, 19e homme, n’a pas voulu s’échauffer avant OM-ASSE
Cette situation provoque pourtant quelques frustrations ou crispations chez les cadres du vestiaire. Rami et Payet prennent leur mal en patience, mais "sont en train de bouillir à l’intérieur", reconnait un de leurs collègues du vestiaire.
De son côté, Rolando n’a pas voulu aller s’échauffer avant le match contre les Verts. A l’OM, le 19e homme participe généralement à l’échauffement d’avant match, si jamais l’un des 18 joueurs inscrits sur la feuille connaît un pépin physique de dernière minute. Vexé, agacé par le choix de son entraîneur de le laisser en tribunes, l’international portugais a préféré, dimanche, passer son chemin.