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Bientôt, il sera trop tard
L’OM a l’occasion de se donner un peu d’air à Saint-Étienne. Tout le reste semble secondaire pour une équipe en souffrance qui n’a plus gagné depuis le 25 novembre, à Amiens.
MARSEILLE – Pourquoi se faire du mauvais sang pour l’OM ? Hier après-midi, à la veille d’un déplacement périlleux à Saint-Étienne, le latéral gauche Jordan Amavi a livré un diagnostic rassurant : « En ce moment, on est dans une mauvaise passe, mais ne vous inquiétez pas, ça va aller, on est en train de bien bosser à l’entraînement. Le match de dimanche (contre Monaco, 1-1) n’était pas dégueulasse. Je ne me fais pas de soucis pour l’équipe, ça va revenir. » Sur ses performances individuelles, mitigées, idem, pas question de s’arracher les cheveux : «Je suis en train de faire le nécessaire pour revenir à mon meilleur niveau, ne vous inquiétez pas pour moi ».
Après ces mots d’Amavi, les fans de l’OM ont enfin trouvé le sommeil, apaisés, soulagés de savoir leur équipe sur la bonne voie après huit matches sans victoire, toutes compétitions confondues.
Tenu en échec par Monaco dans un Vélodrome hostile, l’OM se trouve dans une situation assez simple. Pour reverdir, il ne peut pas actionner les leviers traditionnels dont dispose un club malade. Le mercato ? Sa marge de manœuvre est restreinte cet hiver. L’éviction de son entraîneur ? Rudi Garcia, prolongé le 28 octobre avant le Classique (perdu 0-2) jusqu’en juin 2021, ne risque rien, son limogeage coûterait une fortune, l’OM n’a aucune solution d’intérim en interne et le président Jacques-Henri Eyraud veut rompre avec l’instabilité du milieu du foot, qu’il juge irrationnelle. Des compositions d’équipe révolutionnaires ? Après un mercato estival 2018 raté, l’OM n’a aucune profondeur dans son effectif, et la concurrence a disparu. Sauf celle qui existe entre n°s 9 pour squatter la meilleure place sur le banc, mais c’est une autre histoire (voir par ailleurs). Un changement de capitaine ? Quand un confrère l’a évoqué hier, Garcia a sorti les griffes pour défendre Dimitri Payet.
Alors, pendant cette crise sportive lancinante, qui rôde depuis des semaines et un dernier succès à Amiens, le 25 novembre (3-1), on s’acharne à défricher de nouvelles méthodes à la Commanderie, des mises au vert avec le téléphone en mode avion, une double rasade d’entraînements, des réunions pour « vider son sac » en attendant une prochaine rencontre avec les groupes de supporters. Pour Garcia, les échanges à vif post-Andrézieux (élimination à Geoffroy-Guichard lors des 32 es de finale de la Coupe de France, 0-2, contre le club de N2) ont été fructueux : « Oui, si je me réfère à l’implication des joueurs contre Monaco, à leur investissement, en voyant leur rage de gagner pendant le match et leur déception à la fin. La semaine a été difficile émotionnellement, psychologiquement. Mais tout ce qu’on a fait a permis de voir une équipe qui a fait ce que j’attendais d’elle. À nouveau, il faut trouver le juste équilibre. Les garder sous tension trop longtemps, trop souvent, peut aussi avoir l’effet inverse. »
Un gros coup à Geoffroy-Guichard, où l’OM n’a plus perdu contre une L 1 depuis mai 2013, lui permettrait d’arriver à mi-Championnat avec 31 points (contre 38 la saison dernière), au sein d’un peloton de poursuivants plutôt flemmards. Elle lui permettrait surtout de chasser, un peu, une atmosphère oppressante, symbolisée par de récentes consignes du staff : en sortant du centre d’entraînement, il ne faut surtout pas que le joueur engage son véhicule à gauche, où la traverse de la Martine s’affine tel un sentier de montagne exigu, histoire d’éviter d’éventuels guets-apens… Une précaution de westerns urbains sans doute exagérée, et puis, comme dirait Amavi, il ne s’agirait pas de s’inquiéter