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L’OM sous haute tension
Murs de la Commanderie tagués, déploiement de forces de l’ordre… En attendant la réception de Monaco, dimanche, l’atmosphère autour du club devient crispante. L'OM sous haute tension
Murs de la Commanderie tagués, déploiement de forces de l’ordre… En attendant la réception de Monaco, dimanche, l’atmosphère autour du club devient crispante. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Il est près de 15 heures, hier après-midi, les abords de la Commanderie sont balayés par un mistral glaçant. André Fournel, speaker du Vélodrome depuis plus de trente ans et régisseur du club, sort du centre d’entraînement avec son bidon de peinture blanche et son rouleau. Sur les murs, il efface un graffiti de la nuit passée, « Garcia dégage ». Une douzaine de tags ont fleuri, peu avant l’aube, demandant avec véhémence le départ de l’entraîneur, pour la grande majorité d’entre eux.
D’autres messages sont adressés au président de l’OM, dont un « Eyraud NTM » d’autant plus cruel que JHE a toujours mis en avant son goût pour les locaux d’IAM et sa proximité avec leur leader, Akhenaton. Fournel s’active, rouleau à la main, alors qu’une grosse trentaine de supporters se rassemble. Pas de heurts, pas de mots déplacés, on retrouve même quelques habitués des sorties d’entraînement.
Il y a des policiers partout. Cinq voitures, un van sont déployés sur le périmètre, mais aussi deux équipages de la BAC dans des véhicules banalisés. Mine renfrognée, Alexandre Neyton, l’ancien de la DGSE chargé de la sécurité du groupe pro, passe et repasse dans sa voiture de fonction. Vers 15 h 30, les grilles de la Commanderie sont fermées par les employés de la société de sécurité Prosegur. Louis Vassallucci, le coordinateur sportif, est bloqué à l’entrée, il est invité à passer par l’accès secondaire, traverse des Caillols, où sept autres policiers discutent. Vers 16 heures, un véhicule est carrément placé derrière les grilles, du côté du centre d’entraînement, au cas où se présenterait un véhicule bélier digne d’un film de braqueurs comme Heat, voire un transpalette comme celui ayant forcé la porte d’un ministère parisien samedi dernier. Les supporters de l’OM en colère ne se prennent ni pour Robert de Niro ni pour des gilets jaunes, surtout quand ils n’ont aucun effet de surprise pour marquer le coup.
“Nous appelons le peuple de Marseille à venir au stade en virage pour exprimer une colère profonde et pour chanter seulement pour nos couleurs
Le groupe de supporters du MTP, dans un communiqué
Juste avant 17 heures, ils arrivent devant l’entrée du centre d’entraînement, après deux longues heures à attendre à cinq cents mètres de là. Ils essaient de rentrer sur le parking, les grilles sont refermées devant eux, ils poussent un peu, des stadiers craignent une bousculade, mais ils refluent vite, sans violence. Accompagnée des slogans « Garcia démission » et « Eyraud démission », la manifestation stagne au milieu des voitures qui défilent, avant de vite se désagréger. La véritable démonstration de force devrait avoir lieu sur leurs terres, dimanche au Vélodrome, en marge d’un OM-Monaco s’annonçant incandescent.
Après avoir refusé en début de semaine les avances de l’OM, qui voulait une nouvelle réunion hier, la plupart des groupes ont déjà promis un accueil à la hauteur des récentes contre-performances de l’équipe, malmenée par une formation de National 2 dimanche en Coupe de France (0-2 contre Andrézieux). « En deux ans, vous allez tout connaître : vous allez passer d’une liesse populaire à une révolte du peuple marseillais, préviennent les MTP du virage nord. Le coach tue le club, la direction tue le club, mais personne ne tuera notre passion, car l’OM, c’est nous, c’est une ferveur […] Nous appelons le peuple de Marseille à venir au stade en virage (vu le prix de la place ailleurs) pour exprimer une colère profonde et pour chanter seulement pour nos couleurs. » Les Dodgers voisins sont à l’unisson : « Montrons à ces pseudo-joueurs, cet entraîneur désemparé et cette direction inerte que la force du peuple olympien est toujours présente. » Les ultras du virage sud, en rupture totale avec le club depuis les sanctions de l’automne pour usages de nombreux fumigènes contre le PSG, préparent fumigènes et banderoles.
Et les Winners ? Leur fondateur Rachid Zeroual a été l’allié de circonstance de JHE lors de l’éviction des Yankees, au printemps dernier. Son groupe a été le grand bénéficiaire des dernières recompositions des tribunes, passant de 5 000 abonnements en 2016 à 7 200 en 2018. Cette fois, leur détestation de Garcia est trop profonde pour penser à un compromis. « Cela fait un moment qu’on essaie d’avoir un échange avec la direction, avec Rudi Garcia, pour discuter avec lui, pour apaiser la tension parce qu’on savait que ça allait éclater, a confié Zeroual à France Bleu Provence. Et ils nous ont proposé de faire une vidéo qu’ils diffuseraient ensuite aux joueurs. Un truc de malades ! » La vraie réponse aura lieu en direct live, dimanche.
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