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Le guide s'est perdu
Auteur d’un improbable but contre son camp à Francfort, le Brésilien, égérie d’un OM enthousiasmant la saison dernière, s’avère à la peine depuis l’été. MARSEILLE – Quelques minutes après un Francfort-OM (4-0) à sens unique, il a marché droit vers la presse, pas question de se défiler. « Le deuxième but (c.s.c.) est difficile, a raconté Luiz Gustavo, le capitaine de la (sale) soirée. J'ai essayé de la donner à Pelé, mais c'est de ma faute. Le ballon était dans mes pieds, c'est moi, ma responsabilité. » Son fidèle acolyte Bouna Sarr, qui s’inspire de lui au quotidien, fera de même et livrera son mea culpa pour le troisième but.
La saison dernière, le rugueux Luiz Gustavo ne faisait rire personne, et surtout pas ses adversaires dans l’entrejeu, étouffés par son engagement sans faille. Malgré son incroyable but contre son camp en Allemagne, il n’y a pas plus de plaisanterie ce matin, mais pour d’autres raisons : voir le guide marseillais réaliser un début de saison aussi terne fait presque mal au cœur. Le Brésilien en est le premier conscient mais il ne s’apitoie pas sur son sort et sa décadence. Moins tranchant après un exercice 2017-2018 à 53 matches (et 5 buts en L 1), il se réfugie dans son éthique de travail et respecte son code : absent des zones mixtes du temps de ses grandes heures à l’OM et des avalanches de flatteries extérieures, il se pointe à chaque naufrage cette saison, pour assumer ses errements et ceux de son équipe.
« Maintenant, il faut essayer de garder confiance en l'équipe. Le coach, nous tous, parce qu'on a besoin de rester ensemble, a-t-il rappelé jeudi au micro de RMC Sport. Si on fait ça, on va faire un tout autre match dimanche en L 1. Cette saison, on n'a pas le niveau sur la scène européenne, c'est la vérité. En L 1, on peut gagner des matches, mais en Europe c'est difficile, on l'avait senti. C'est passé. Maintenant, on va se concentrer sur la L 1 et les Coupes qu'il nous reste. On doit montrer qu'on est une vraie équipe. J'attends de mes coéquipiers une réaction. On va progresser, semaine après semaine. Pour moi, je peux toujours trouver des excuses. Mon poste est au milieu, tout le monde le sais, mais je suis ici pour aider l'équipe. »
“Défenseur, ton corps ne ressent pas la fatigue, mais dans la tête, tu es rincé
Luiz Gustavo
Il est la première victime de tous les chambardements tactiques de Rudi Garcia. En L 1, il a débuté cinq matches seulement au milieu, et sept en défense centrale, parfois dans un système à trois axiaux comme face à Dijon, le 11 novembre (2-0). Dans le récent 5-3-2 du coach, qui met les autres cadres (Rami, Strootman, Payet, Thauvin) dans une position préférentielle, il est un peu le « nécessaire sacrifié ». « Au milieu, je fais de nombreux déplacements, je “trouve” (sic) les duels, le rôle est plus fatigant mais me stimule, nous expliquait-il mi-octobre, quand il croyait enfin avoir retrouvé son poste de prédilection. Défenseur, ton corps ne ressent pas la fatigue, mais dans la tête, tu es rincé. Le milieu est naturel pour moi, je peux dépasser mes limites car je les connais. »
Toujours aussi pro et discipliné au quotidien, il avoue parfois son scepticisme sur le niveau de l’équipe. À trente et un ans, il n’est pas du genre à faire des esclandres en cours de saison et fera le point l’été prochain. Lors du dernier mercato, les dirigeants de l’OM craignaient plus que tout des offres pour l’âme de leur vestiaire, qui réchauffait le groupe avec son énergie. La lueur vacille, mais la flamme n’est pas éteinte.
M. Gr. (avec V. G.)
L'Equipe