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Marseille est à eux
Florian Thauvin, auteur d’un doublé , et Dimitri Payet, qui a offert au Vélodrome le chef-d’œuvre de la soirée, ont sorti l’OM d’un mauvais pas. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
RéGIS TESTELIN MARSEILLE – Hier soir, comme souvent dans cette équipe, il n’y avait qu’eux deux et personne d’autre. Florian Thauvin et Dimitri Payet, le temps d’une seconde période de haut vol, qu’ils ont quittée avant la fin pour profiter d’une ovation bien méritée, ont donné à la victoire de l’OM l’éclat que sa prestation collective ne méritait pas. Pendant quasiment une heure, Marseille-Guingamp a été l’un des matches les plus tristes et les plus ennuyeux de ce début de saison. L’un et l’autre, l’un après l’autre, lui ont donné quelque chose de magique et d’irrationnel. Passer une soirée à bâiller pour la finir avec la banane, c’était donc possible. Ce matin, il reste plein d’images de ce qui fut, pendant trop longtemps, un match sans intérêt, sans relief ni changement de rythme et c’est à eux seuls qu’on le doit.
Le plus déterminant des deux lascars ? Probablement Thauvin, dont le mérite fut d’ouvrir le score d’une tête agressive et bien placée, dans le petit filet de Johnsson, à un moment où l’OM était plus pressant sans être convaincant. Il fallait ce but, à l’issue d’une longue touche de Sakai, pour libérer l’OM et lui faire espérer que Guingamp se découvre, de plus en plus. Mais le deuxième but marseillais ne doit rien à une quelconque défaillance des Bretons, dans le repli défensif ou le marquage, il doit tout au talent d’un homme, dont l’année 2018 est décidément un drôle de feuilleton.
Après son doublé contre Toulouse, en ouverture du Championnat, le soir où la Coupe du monde était soulevée par Rami, Thauvin et Mandanda, devant le public du Vélodrome et sous son regard envieux et mélancolique, Payet a inscrit hier soir son troisième but de la saison. Le plus beau ? Absolument. Au moment où Sorbon, d’une relance de la tête à vingt-cinq mètres des buts de Johnsson, lui a offert le ballon dont tout amoureux de la reprise de volée rêve de voir retomber un jour, ils auraient été quelques-uns à frapper du cou de pied ou de l’extérieur. Payet, lui, probablement pour gagner en contrôle et en précision, a mis l’intérieur du pied. Pour la maîtrise, c’est plus facile, mais à cette distance, pour la puissance, il faut des bons quadriceps. Le ballon est parti tout droit, directement sur Johnsson, très fort, trop apparemment. Une faute de main ? Sans doute un peu, mais cela allait si vite.
Avec 5 buts, Thauvin est le meilleur buteur de la L 1
En quinze minutes, ces deux buts avaient suffi à sauver le match, mais ce n’était pas fini. Quand Payet marque des beaux buts, Thauvin se dit que ce serait bien d’en faire autant. Au début, ils se tiraient la bourre en se regardant de travers, aujourd’hui, c’est bon esprit et c’est plus utile. Il y a tout dans le deuxième but du gaucher marseillais – qui lui permet ce matin d’être meilleur buteur de la L 1 –, son fameux retour à l’intérieur et sa frappe petit filet, mais avant cela, il y eut ce contrôle en extension, symbole d’assurance et de confiance technique, car il faut la monter la jambe. 3-0 grâce à Thauvin, puis bientôt 4-0, histoire de faire marquer l’avant-centre et de lui faire passer une bonne nuit.
Qui d’autre que Payet, lancé par Sanson, pour faire marquer Mitroglou, d’une passe subtile en première intention, et grossir une feuille de statistiques qui dit tout de leur influence ? À eux deux, ce matin, cela fait désormais huit buts et trois passes décisives. Il paraît que personne n’est indispensable, mais pas dans cette équipe et pas en ce moment…
L'Equipe